Hyacinthe Agarra (1839-1907)
Hyacinthe-Etienne-Emmanuel Agarra naît à La Seyne-sur-Mer le 26 juillet 1839 au foyer de Louis Agarra, capitaine au long cours, et de Marie Paul. Sa tante Honorine Paul (1798-1859) a épousé le capitaine de corvette Hyacinthe Aube (1789-1852), l'oncle du futur ministre de la Marine et des Colonies, le vice-amiral Hyacinthe-Laurent-Théophile Aube dont l'abbé célèbrera un jour les funérailles à Toulon en 1890. A sa naissance, le curé de La Seyne est le célèbre chanoine Deblieu, ancien compagnon de saint Eugène de Mazenod, qui remarque l’enfant et dirige ses premiers pas vers le sacerdoce (Hyacinthe aura seize ans à sa mort) non sans le marquer profondément : bien plus tard on retrouvera dans la foi ardente et la parole éloquente du chanoine Agarra les marques du maître. L’adolescent subit également l’ascendant d’un père Mariste, supérieur du collège de La Seyne entre 1851 et 1855, saint Pierre-Julien Eymard qui lui transmet sa dévotion pour l’eucharistie. Et c’est dans cette nouvelle institution Sainte-Marie, dont il est un des premiers élèves, qu’il achève ses études classiques. Il est ordonné sous-diacre le 23 juin 1861 et prêtre le 30 mai 1863, par Mgr Jordany. Il est envoyé le 1er juillet 1863 comme desservant au Briançonnet, puis est nommé successivement vicaire à Reynier (1er juillet 1864), au Beausset (20 juillet 1867), aux paroisses toulonnaises de Saint-Cyprien (1er décembre 1869), Saint-François-de-Paule (1er mars 1874) et Saint-Louis (4 décembre 1875). On lui confie le 27 octobre 1882 la paroisse de Saint-Cyprien avec le titre de pro-curé, avant qu’il ne soit chargé, comme curé cette fois, de Saint-Joseph du Pont-du-Las, le 16 juin 1890. Le fichier du gouvernement signale alors que "cet orateur a de l'ambition mais qu'elle est justifiée par un réel mérite". L'abbé Agarra est d'abord agrégé au chapitre cathédral comme chanoine honoraire, dont il reçoit les insignes le samedi 26 septembre 1891 à l'office capitulaire du soir avant que Monseigneur Mignot ne l’appelle auprès de lui comme vicaire général quelques semaines plus tard (le 27 octobre), le faisant passer au rang de chanoine titulaire. Pendant six ans il assistera avec compétence son évêque mais le 7 mai 1896, Monseigneur Mignot signale aux autorités "la conduite de cet ecclésiastique qui serait le chef inconscient d'une coterie hostile à l'évêque". On ne s'étonne pas de le voir alors retourner "selon ses vœux" au ministère paroissial, en devenant le 16 octobre 1897 curé-doyen d’Hyères, réduit désormais au rang de chanoine honoraire. Il meurt presque subitement à Hyères le 9 mars 1907 et est inhumé dans sa ville natale.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.

Victor-Maur-Médard Roussenq est né le 8 juin 1841 à Barjols, fils de Nicolas Roussenq et de Claire Blanc. La famille Roussenq où le prénom de Victor se transmet de génération en génération, originaire de Tavernes, s’est établie à Bagnols où son père et son grand-père sont boulangers. Au sein de cette pieuse famille, l’enfant manifeste très tôt ses dispositions religieuses. C’est pourquoi, à l’âge de dix ans, il fut confié par sa famille à l’abbé Pierre-Joseph Mistre (1823-1893), alors vicaire à Hyères, qui mourra chanoine archiprêtre de Grasse et vicaire général de Nice, et qui est le cousin germain de son père. Ses leçons et ses exemples hâteront le développement des dispositions de Victor. Il entre au Petit-Séminaire de Brignoles puis au Grand-Séminaire de Fréjus. Il est ordonné sous-diacre le 20 décembre 1862 et prêtre le 3 septembre 1865 des mains de Mgr Jordany dans la basilique de Saint-Maximin. Après sept ans consacrés à l’enseignement au Petit-Séminaire de Brignoles et quelques mois de vicariat à Tourves à partir du 31 octobre 1872, il fut nommé le 1er octobre 1873 vicaire à Hyères. Son affabilité, sa bonté le rendirent sympathique et son ministère y fut fructueux. Le 16 juin 1890, Mgr Oury l’appela à la cure importante de Saint-Raphaël où le chanoine Bernard venait de construire la nouvelle église. Lui revenait le soin d’achever l’œuvre et de l’équiper : il fit construire les clochers, la sacristie, fonda l’école paroissiale de garçons, etc. Insensible à tous les sacrifices et à toutes les fatigues, il se dépensa sans compter au milieu des œuvres diverses de la paroisse. Il en fut récompensé par sa promotion comme chanoine honoraire le 25 novembre 1891. En 1899, des raisons familiales le déterminèrent à solliciter la cure de Cotignac devenue vacante par la mort du chanoine Laure, il y est nommé le 1er novembre de cette année. Après s’y être donné de la même façon, il se retira le 1er novembre 1907 au sein de sa famille, à sa campagne de Fox-Amphoux. C’est là qu’il meurt le 24 novembre 1911, après s’être soigneusement préparé à la rencontre avec son Seigneur.
Louis Bernard naît à Saint-Tropez le 5 juin 1834, fils d’André, capitaine marin, et de Jeronima Morello (originaire de Finale Marina). Sa vocation sacerdotale s’impose très tôt à lui : il entre au petit séminaire de Brignoles et poursuit ses études au grand séminaire de Fréjus. Les ayant achevées encore jeune, il est d’abord sollicité pour enseigner au petit séminaire puis, ordonné prêtre, est envoyé à Callas puis à Antibes comme vicaire et enfin à Hyères, où il passera dix-huit années durant lesquelles il pourra développer un ministère fécond de guide spirituel, et sera reconnu comme un orateur de bon aloi. En 1882, il est nommé curé de Saint-Raphaël. Voyant que la vieille église San Rafeu ne pouvait plus accueillir les habitants du village dont le nombre s’était considérablement augmenté, il confia la construction d’un nouveau lieu de culte à l’architecte lyonnais Pierre Aublé. Construite en majeure partie avec du grès rose de l’Estérel, la nouvelle église dédiée à Notre-Dame des Victoires, dont la première pierre fut posée le 11 décembre 1883 par Mgr Forcade, archevêque d’Aix, en présence de Mgr Terris, fut bénite le 14 avril 1888 par Mgr Oury. L’abbé Bernard qui n’avait profité tant pour l’édification que pour l’ornementation de l’église d’aucun financement ni de l’état ni de la ville réussit à réunir les fonds nécessaires. Il reçut la mozette de chanoine honoraire de Fréjus deux jours avant la bénédiction de la nouvelle église, le 12 avril 1888 : "ayant été à la peine, il convient que vous soyez à l'honneur" lui écrit ce jour Mgr Oury. En 1890, il est nommé curé de Hyères et s’engage avec enthousiasme dans cette paroisse qu’il retrouvait avec plaisir : il y restaure l’église et en refait le pavage, répare aussi le sanctuaire Notre-Dame de Consolation, invite des prédicateurs de renom et fait donner une mission. Ce labeur est rapidement interrompu par des soucis de santé qui le contraindront à une inactivité qui lui sera extrêmement douloureuse. Au printemps 1897, il offre de se démettre, ce que l’évêque n’agrée pas, mais obtient d’aller se reposer dans son pays natal. Le 25 août, il y accueille encore deux de ses vicaires venus lui transmettre les vœux des Hyérois, il reçoit les derniers sacrements le 27 et s’éteint le lendemain, 28 août 1897, à Saint-Tropez.