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Dans l’entourage des princes

Accompagnant la construction de la Provence médiévale, aragonaise puis angevine, les évêques structurent le diocèse et les paroisses dans le cadre de la Réforme grégorienne.

 

  • Bérenger (1091 - 5 juillet 1131)


    Bérenger appartenait à une grande famille notoirement connue.
    Son grand-père, Bérenger, vicomte de Sisteron avait donné sept fils à son épouse Gilberge : Rostaing, qui deviendra évêque d’Avignon, Bérenger, Raimond, Guillaume, Laugier, un autre Rostan et Bertrand ; ce sixième fils, Rostan Bérenger, vicomte d’Avignon, époux d’Hermessende, eut cinq fils : le vicomte Geoffroi, Bertrand, Raimond, Pierre et notre Bérenger.
    Bérenger qui appartenait peut-être à la communauté monastique de Saint-André d’Avignon puisqu’elle inscrivit son nom dans son martyrologe, monta sur le siège de Fréjus peu après la mort de son prédécesseur qui eut lieu le 23 février 1091 ; en effet, un document du 22 août de la même année fait état de sa consécration encore récente.
    image001On notera de lui sa grande libéralité à l’égard des moines de Lérins auxquels il donna l’église de Roquebrune (ce qui fut avec Montmajour qui prétendait l’avoir reçue de son prédécesseur, l’objet d’un litige interminable où les papes durent faire entendre leur voix...), rendit celle de Saint-Raphaël dont la donation n’avait pas été effective, confirma celle de Saint-Michel d’Ampus, et concéda encore Miramas, qui fut le denier acte que l’on connaît de lui, le 19 mai 1131.
    De la même façon, il accorda en 1099 à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille les possessions qu’ils réclamaient dans nombre de paroisses (dont Pignans qu'il avait soustrait quelques années auparavant aux prétentions de Montmajour) et régla vingt ans plus tard les droits et devoirs réciproques dans une convention explicite.
    Il participa au concile de Plaisance convoqué par Urbain II en mai 1095 dans la perspective de la croisade. En 1103 il assista à la consécration de la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix.
    Le mariage de Douce d’Arles avec Raimond Béranger Ier, le 3 février 1112, inaugure la période catalano-aragonaise de la Provence. On verra alors à plusieurs reprises notre évêque aux côtés du comte qui l’avait admis parmi ses conseillers et qui l’emmena avec lui lors de son pèlerinage à Rome en 1116.
    En 1120 il se rend à Vienne pour féliciter Calixte II nouvellement élu.
    Vers 1124, Bérenger écrivit à l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable au sujet d’un legs concédé par ses ancêtres à l’abbaye bourguignonne.
    On voit Bérenger tenir plusieurs synodes dans sa cathédrale, par exemple au mois de mai 1095 ou le 11 juillet 1124, usage qui devait être régulier comme l’atteste une charte portant obligation aux desservants « de venir au synode et de donner l’hospitalité » à l’évêque lors de ses visites.
    Il rendit son âme à Dieu le 5 juillet 1131 après un épiscopat de quarante ans.

  • Bertrand II (1131-1145 ?)


    Bertrand était depuis le début du siècle archidiacre de la cathédrale de Fréjus quand il fut élevé au rang de prévôt et enfin à celui d’évêque, après la mort de Bérenger le 5 juillet 1131.
    C’est sous épiscopat, le 14 avril 1136 qu’un groupe de moines cisterciens quittant l’abbaye de Mazan, en Vivarais, vint s’établir sur les terres de Tourtour en créant le monastère de Notre-Dame de Florièges qui se déplacera une quinzaine d’années plus tard à quelques kilomètres de là pour fonder le monastère du Thoronet. A ce propos voici ce qu'écrit Raoul Bérenguier dans sa présentation de l'abbaye : "Comme, à ce moment, Bertrand II de Castellane occupait l'évêché de Fréjus, il est permis de penser que les puissants seigneurs de Castellane, qui eurent par la suite leurs tombeaux dans l'abbaye de Châteauvieux, fille du Thoronet, et qui, au cours des siècles, furent les bienfaiteurs de ce monastère, intervinrent en faveur de cette création et certainement l'évêque de Fréjus n'y fut pas étranger." En effet, sans certitude, certains historiens en font le fils de Laugier, lui-même fils de Boniface Ier de Castellane ; il serait alors le neveu d’Aldebert, oblat de Lérins avant de devenir évêque de Senez à l’époque où Bertrand accède à l’épiscopat.

    Deux bulles sont adressées à l'évêque Bertrand, d’Innocent II (vers 1140) et d’Eugène III (27 octobre 1145), faisant justice aux requêtes des moines de Lérins puis à celles des chanoines de Barjols.
    On ne sait pas s’il faut prolonger au-delà son épiscopat, sur lequel nous ne possédons pas d’autres informations.
    Il mourut un 15 novembre.

  • Pierre de Montlaur (au moins 1154 - après 1157)

    image002Blason : d’or au lion de vair couronné d’azur

     

    Pierre appartenait à une famille du Languedoc, issue du diocèse de Maguelone, citée dès le XI° siècle. Il est fils de Bernard II de Montlaur, croisé de la première croisade, frère de Jean de Montlaur, évêque de Maguelone (1158-1190) et d’Hugues de Montlaur, prévôt de Pignans en 1150/1160, devenu archevêque d’Aix (1165-1174). Son neveu, Pierre de Montlaur, sera évêque de Marseille de 1217 à 1229 et son petit-neveu Jean, évêque de Maguelone de 1232 à 1247. La famille compte encore un Guy de Montlaur évêque de Valence de 1272 à 1274 et un Guillaume de Montlaur évêque de Bazas de 1371 à 1375...
    Pierre de Montlaur semble avoir été prévôt d'Uzès, attesté en 1144 et 1148 et pressenti pour l'épiscopat à partir de 1150. Le premier acte où il apparaît avec le titre d’évêque de Fréjus est daté du 22 février 1154 mais nous ne savons pas depuis quand il en était pourvu.
    Nombre d’actes nous le montrent aux côtés du comte de Provence, Raymond Bérenger II, dont il fut un des principaux conseillers, ce qui le conduisit à être fréquemment à sa cour. Probablement juriste de formation, il est sollicité pour des questions qui touchent au droit féodal : le 23 octobre 1155 lors de la confirmation à l'archevêque d'Embrun des châteaux de Bréziers et Beaufort, en 1156 lors de la soumission à Arles d'Etiennette de Baux, en 1157 à Estoublon, lors d'un plaid devant le comte Raimond Bérenger. Le dernier document précisément daté le mentionnant est du 13 juillet 1157, sans pour autant borner son épiscopat.

  • Frédol d'Anduze o.s.b. (1165/6 - 12 septembre 1197)

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    Blason : de gueules à trois étoiles d'or.

     Membre d’une des plus anciennes familles du Languedoc, Frédol (ou Frédolon) d’Anduze, évêque de Fréjus compte au moins six parents qui coiffèrent la mitre : il est le frère de Bermond d’Anduze, évêque de Sisteron (1174-1214), le neveu à la mode de Bretagne de Pierre d’Anduze, archevêque de Narbonne (1149/50-1155/56), le lointain neveu de Géraud d’Anduze, évêque de Nîmes (1016-1026) et de son frère Frédol d’Anduze, évêque du Puy (1016-1031), tous deux, demi-frères de son quinquisaïeul et petits-neveux de Bernard d’Anduze, évêque de Nîmes (947-986), et le grand oncle de Bermond d’Anduze, évêque de Viviers (1222-1242).
    Il est le fils de Bertrand d’Anduze et d’Adélaïde de Roquefeuil, ses frères et sœurs sont :
    * Bermond, chanoine de Maguelone, évêque de Sisteron. En mars 1179, Bermond se rend à Rome pour prendre part au concile de Latran. Le 20 juin 1209, il participe au concile de Saint-Gilles au cours duquel Raimond VI se réconcilie avec l’Eglise. Il meurt le 12 juin 1214.
    * Vierne femme de Raymond de Pierre.
    * Bernard VI époux d’Eustorge.
    * Raymond époux de Guillemette de Montpellier. Il hérite des terres de sa mère et engendre la seconde maison de Roquefeuil.
    Frédol, né vers 1123, entra très jeune au monastère de Saint-Victor de Marseille et en fut élu abbé à 40Frédol ans, il devint évêque de Fréjus probablement à la fin de l’année 1165. L’année suivante il est à Aix, où le roi Alphonse prend possession du comté comme successeur de son cousin Bérenger II. En 1169, il donne l’église de la Roquette aux religieuses de la Celle.

    En 1170, de concert avec Pierre Isnard, évêque de Toulon, il fonde la chartreuse de la Verne, auquel il abandonne toutes ses dîmes, ce qui lui vaut d’être choisi comme évêque par la communauté dont la frontière entre les deux diocèses traversait longitudinalement la chapelle.
    En 1178, il accompagne Raimond-Bérenger III, comte de Provence, à Grasse et souscrit à un diplôme donné à l’Eglise d’Antibes. Le 30 juillet de la même année, il assiste au couronnement de Frédéric Barberousse comme roi de Bourgogne, à Saint-Trophime d'Arles. En 1190, il s’accorde avec Astorge, abbé de Saint-Victor, au sujet des dîmes de Callas.
    Il meurt le 12 septembre 1197.

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  • Guillaume de Pontis (1197-1202)


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    Blason : de gueules, à un pont de deux arches d’argent, sur une rivière du même.
    Devise de la famille : In Domino facit virtutem


    Guillaume appartenait probablement à la famille naguère illustrée par Fouquet de Pontis (un des soutiens de Raimond Bérenger lors des guerres baussenques), de la seigneurie éponyme au diocèse d’Embrun. Archidiacre d’Agde, il fut choisi pour succéder à Frédol d’Anduze. Une lettre du début de son épiscopat confirme la donation de son prédécesseur aux chartreux de la Verne. Les difficultés avec le chapitre cathédral eurent raison de son zèle et il présenta bientôt sa démission au pape qui décida d’une enquête au terme de laquelle l’archevêque d’Aix conclut à la nécessité d’accéder à une requête aussi grave, en raison « des peines de cœur et de corps dont il souffrait ». Innocent III prescrit à l’archevêque, par une bulle datée du 30 octobre 1198, de recevoir la démission de Guillaume et de présider à l’élection de son successeur. L’affaire traîna en longueur, puisque l’évêque était encore en place lors d’une transaction en juillet 1202.

  • Raymond de Capella (1203 - 7 mars 1206)


    Raymond, sous-diacre de l’Eglise Romaine, fit sa carrière à Rome au service diplomatique de la Cour pontificale. Il apparaît en 1180, à Aix, aux côtés du cardinal Henri de Marsiac qui avait quitté Rome à l’automne 1180 pour une légation en terre française qui devait se poursuivre jusqu’aux premiers jours de septembre 1182.
    Avant 1184, le pape nomme Raimond de Capella prévôt de Marseille, sans que cela l’empêche de rester aux affaires de la légation.
    On le voit même porter le titre de légat aux côtés de Pierre de Castelnau en 1190.
    Il est employé dans différentes missions de confiance dans le Midi de la France et y gagne la reconnaissance du pape Innocent III qui, dans une lettre datée de 1198, le recommande en ces termes : « Dilectum filium R. subdiaconum nostrum, Massiliensem prepositum, virum litteratum, providum et honestum, nobis et fratribus nostris acceptum... ».
    image006Encore cité comme prévôt de Marseille dans une bulle du 4 décembre 1202, il est élu évêque de Fréjus probablement l’année suivante, et le 20 novembre 1203 il obtient d’Alphonse II, comte de Provence, la totalité des droits seigneuriaux et de justice sur la ville de Fréjus, résultat d’une longue carrière diplomatique et de l’estime qu’il avait su y gagner.
    Son épiscopat fut de courte durée puisqu’il mourut le 7 mars 1206 à Marseille où il fut enterré dans l’église de la Major.

  • Bermond Cornut (1206-1212)


    image007Blason : d'azur à trois cornets de chasse d'or


    Bermond appartenait à une noble famille de Provence originaire de Forcalquier. En 1185 on le trouve déjà chanoine d’Aix, il en devient le prévôt du chapitre en 1202. On le voit accompagner son archevêque à la chartreuse de la Verne où il cosigne un acte de donation.
    Il est élu au siège de Fréjus (où il avait occupé la stalle d'archidiacre avant de prendre celle de prévôt d'Aix) à la fin de l’année 1206 (le 23 septembre 1206, il est encore qualifié de prévôt d’Aix). On repère ses signatures au bas d’actes passés à Barjols (janvier 1207), Manosque (février 1207), Puymoisson (décembre 1207), Grasse (mars 1209), Saint-Gilles (juin 1209), Manosque (février 1211). En novembre 1208, le comte Alphonse lui octroie le rare privilège de pouvoir acquérir pour son Eglise des biens dans toute la Provence sans lui demander son consentement. La même année il avait obtenu la soumission des chanoines de Barjols qui voulaient se soustraire à saimage008 juridiction pour ne dépendre que du Saint-Siège. On le voit encore arbitrer un conflit à Embrun entre l’archevêque et son chapitre.
    L’archevêque d’Aix, Guy de Fos, mourut le 12 mars 1212, et c’est Bermond Cornut qui fut élu pour lui succéder sur le siège métropolitain.
    Après avoir gouverné cette Eglise pendant onze ans, il mourut à Aix le 7 avril 1223.

  • Raimond de Puyricard (1212 ? – avant 1220)image009


    Le sceau de l’évêque Raymond authentifie une convention passée début novembre 1215 à Vidauban. Ce Raymond, identifié à Raymond de Puyricard dont un nécrologe de Fréjus conserve le nom par ailleurs semble avoir été le même qui occupa la charge de prévôt du chapitre d’Aix jusqu’en 1212.
    Il apparaît encore lors d’un synode à Fréjus le 10 mai 1216.
    Il mourut un 30 mars, on en ignore l’année.

  • Olivier o.cart. (ca 1220)


    C’est entre Raymond de Puyricard et Bertrand de Favas que peut être situé, sans pouvoir apporter de dates précises, l’épiscopat du cinquième prieur de la chartreuse de la Verne, Olivier, dont nous sommes sûrs qu’il fut tiré pour occuper le siège vacant de Fréjus.
    Les historiens de la Chartreuse situent sa mort en 1240 (il mourut un 23 juillet), ce qui n’est possible que s’il s’était démis de sa charge pour venir finir sa vie à la Verne, puisque le siège était alors occupé par Raymond Bérenger.
    On vente sa bonté et sa patience toute divine.

    image010

  • Bertrand de Favas (1223 - 7 décembre 1234)


    image011Blason : d’azur au chef cousu d’argent, au chêne de sinople, accosté de deux lévriers affrontés et lampassés d’or.


    Le chanoine Espitalier cite le bref d’Honorius III, du 27 juillet 1223, qui délègue aux évêques de Senez et de Fréjus le soin de régler un différend entre Boniface de Castellane et les habitants de Villecroze, comme lui étant adressé, ce qui ferait commencer son épiscopat au moins à cette année. Bertrand apparaît en tout cas comme évêque de Fréjus en 1224, année où il obtient de Raimond Bérenger, comte de Provence, en août puis en octobre, la confirmation des diplômes accordés à l’Eglise de Fréjus par ses prédécesseurs.
    En mars 1225, le même comte partage avec lui le profit de la gabelle entre Saint-Tropez et Antibes. On trouve encore la trace de Bertrand dans plusieurs diplômes des années suivantes, dont un, daté de 1227 où il est question de son frère, Raimond de Favas, ce qui nous donne son nom. C’est encore lui, probablement qui est cité en 1233.
    Il meurt le 7 décembre, selon toute vraisemblance de l’année 1234.

  • Raymond Bérenger (1235 - 15 février 1248)


    image012Raymond Bérenger avait été Prévôt du chapitre de Fréjus, au moins entre le 20 mai 1223 où il teste aux Arcs avec ce titre et le 28 juillet 1234 où il est cité toujours de la même façon dans un acte passé à Aix.
    C’est probablement au tout début de l’année 1235 qu’il accède au siège de Fréjus, il paraît en tout cas comme évêque dans nombre d’actes à partir du 19 août de cette année.
    Il commença par une réforme du service de la cathédrale pour laquelle il obtint l’intervention de l’archevêque de Vienne comme délégué pontifical : le 24 septembre 1235, les statuts qui en résultèrent limitèrent le nombre des chanoines et des bénéficiers et régla leur fonctionnement.
    Toujours en 1235, le comte de Provence Raymond Béranger IV, dont il était l’ami et le conseiller et dont il sera encore l'exécuteur testamentaire, accorde les Statuts comtaux du bailliage de Fréjus dont l'évêque est nommé "seigneur majeur". Ces règlements mûrement élaborés, qui précisent le fonctionnement de la justice et délimitent les droits respectifs, serviront de norme ensuite dans presque toute la Provence.
    On voit l’évêque accompagner le comte à Grasse le 29 août, à Aix le 12 septembre, à Sisteron le 17 septembre, à Draguignan le 7 octobre.
    Il fait son hommage à son souverain à Aix le 21 février 1239.
    Le 12 septembre 1246, après y avoir travaillé, il assiste au mariage de Charles d'Anjou, frère de saint Louis, et de la princesse Béatrice de Provence ; il reçoit même la visite des nouveaux époux à Fréjus, ce qui donne lieu à la confirmation des privilèges de l’évêque.
    Mais il tombe bientôt malade : en 1246, il cherche à se démettre. Le pape écrit de Lyon le 6 octobre 1246 à Raymond Bérenger en l’invitant à pourvoir auparavant à son remplacement et charge l’évêque de Grasse de lui trouver un coadjuteur. Le prieur des Dominicains de Marseille, Pons, pressenti, refuse. L’évêque de Grasse se sentant probablement quitte de sa mission, Othon Fornari, prévôt du chapitre et cousin d’Innocent IV, avertit le pape qui donne alors commission à l’évêque de Riez de pourvoir aux besoins de Fréjus en donnant un coadjuteur au vieil évêque. La situation finit par se dénouer avec la démission de Raymond Bérenger le 15 février 1248 et l’ordre donné au chapitre par Innocent IV d’élire un successeur sous la vigilance d’Henri de Suse, évêque de Sisteron.
    Raymond meurt finalement le 16 décembre, probablement de la même année, 1248.

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  • Bertrand de Saint-Martin o.s.b. (1248 - transféré le 5 mars 1264 à Avignon)

    image014Blason : d’azur semé de fleurs de lys d’or à trois pals de même

     

    Né à Arles, Bertrand de Saint-Martin était moine, puis doyen de l’abbaye Saint-André de Villeneuve quand il fut élu évêque de Fréjus par le chapitre sommé par Innocent IV le 15 février 1248 de trouver un remplaçant au vieil évêque Raimond Bérenger.
    Dès le 9 août 1248 on le voit assister à Sisteron à la fondation du couvent des Dominicains de la Baume, puis à une multitude d’actes, dont le concile de Valence en 1248. Il apparaît le 20 février 1250 avec le titre de coimage015adjuteur de l’archevêque d’Aix.
    En 1251, un différend qui l’opposait aux chanoines de Pignans fut arbitré par l’abbé de Saint-Afrodise de Béziers, commis par le pape.
    Le 21 avril 1253 il cosigna avec le métropolitain une charte régulant les revenus du chapitre et garantissant les prébendes en adossant chacune aux revenus d’une cure différente.
    Il est appelé à arbitrer bien des conflits, même hors de son diocèse, à la demande de l’archevêque, du comte Charles d’Anjou ou même du pape ; il est désigné par Alexandre II pour consacrer le nouveau métropolitain, Vicedominus, le 22 juillet 1257.
    Le 25 mars 1260, il signe avec l’évêque de Gap l’acte de cession du monastère de la Celle-Roubaud par les bénédictines aux Chartreuses, trois ans avant la naissance de Roseline dont la famille avait assuré la restauration du bâtiment.

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    image017Le 5 mars 1264, Urbain IV le transfère à Avignon où il ne resta que deux ans et demi puisqu’il est promu archevêque d’Arles le 11 octobre 1266, puis créé cardinal-évêque de Sabine le 3 juin 1273 par le Bx Grégoire X (des quatre autres cardinaux créés avec lui, l’un sera canonisé : saint Bonaventure et les trois autres furent élus papes : Pierre de Tarentaise (Innocent V, de janvier à juin 1276), son ancien métropolitain Vicedominus (ou Visconti) mort quelques heures après son élection en septembre 1276 (et qui, pour cela, n’est pas compté dans la liste officielle des papes) et Joaõ Pedro Juliaõ (Jean XXI, de septembre 1276 à mai 1277). Cette promotion est probalement due à l'équilibre politique que le pape est contraint de respecter dans ses rapports délicats avec le nouveau roi de Naples, Charles d'Anjou, comte de Provence, duquel Bertrand semble être proche.

    Il participera aux premières sessions du concile de Lyon II puis aux trois conclaves de 1276.
    Il meurt à Lyon le 29 mars (ou 28 mars) 1277.
    Chaque année la cathédrale de Fréjus célébrait un service anniversaire le 14 avril pour le défunt cardinal.

  • Pierre de Camaret (1264-25 décembre 1266)

    image018Blason : de gueules à un chevron d'or, accompagné de trois croissants du même, 2 en chef et 1 en pointe.

     

    Chanoine de Fréjus pendant 40 ans, on le voit assister son prévôt auprès du comte de Provence pour la signature d’un acte à Aix en 1227 ; en 1248, c’est son évêque qu’il accompagne à Sisteron pour la fondation du couvent des Dominicains de la Baume. En 1251 il est un des quatre exécuteurs testamentaires de Romée de Villeneuve, baron de Vence.
    Au transfert de Bertrand de Saint-Martin sur le siège d’Avignon, Pierre est choisi pour lui succéder, mais il mourra le 25 décembre 1266. Tout au plus conserve-t-on de lui quelques aménagements aux statuts canoniaux.

  • Guillaume de Lafont (1267-19 mars 1280)


    D’une famille originaire de Pelleautier (près de Gap) identifiée à partir du XIIème siècle, il est fils de Rodolphe de Lafont, chevalier, marié vers 1220, qui apparaît comme témoin dans une charte de la chartreuse de Bertaud en 1243. Guillaume entre au monastère : le titre de « Frater » qui apparaît dans certains documents le désigne en effet comme religieux. Les liens familiaux avec les chartreuses de Durbon (4ème maison de l’ordre) et de Bertaud ainsi que son attention pour la Verne, une fois devenu évêque de Fréjus, pourrait laisser penser qu’il était fils de saint Bruno.
    Guillaume, alors quadragénaire selon toute vraisemblance, fut pourvu de l’Eglise de Fréjus probablement au début de l’année 1267.
    C’est à partir de 1269 seulement qu’on le rencontre dans les archives aujourd’hui conservées. Le 28 septembre 1271 il recommande à ses diocésains les Chartreux de la Verne, victimes d’un incendie ; la même année, le 22 novembre, l’archevêque d’Aix, Vicedominus (ou Visconti), vint arbitrer à Fréjus un différend entre l’évêque et son chapitre au sujet de la juridiction temporelle.
    On voit encore Guillaume de Lafont tenir un synode le 20 octobre 1276.
    Il meurt un 19 mars, de l’année 1280, pense-t-on.

  • Bertrand de Commarque o.s.b. (1280- 19 décembre 1299)


    image019Blason : d’azur à l’arche d’alliance d’argent surmontée de deux étoiles d’or
    Devise : Cum Arca

     

    Originaire d’une des plus vieilles familles du Périgord. Au XIe siècle, elle occupait, dans l’entourage des Beynac, une imposante forteresse du Sarladais, au-dessus du vallon encaissé de la Beune, près des Eyzies.
    image020On y compte des abbés de Sarlat : Garin ou Guérin (1169-1181) et Randulphe ou Raoul (1195-1201), un abbé de Tourtoirac, Hélie, au milieu du XIIème siècle ou encore un abbé de Valsaintes, au diocèse de Gap : Hugues, cité en 1309, un autre Bertrand de Commarque, chanoine de Saint-Astier en 1320. En 1250, partant à la croisade, un Géraud de Commarque fit don de ses biens à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
    Bertrand, moine de l’abbaye Saint-André de Villeneuve, près d’Avignon et prieur du Revest, est élu évêque de Fréjus probablement dès 1280. Il a vraisemblablement bénificié de l'appui du cardinal Bertrand de Saint-Martin, ancien doyen du même monastère de Saint-André et précédemment évêque de Fréjus (1248-1264), puis d'Avignon (1264-1266), archevêque d'Arles (1266-1273) et cardinal depuis 1277.
    On le voit présider le 25 mai 1281 à Saint-Maximin le transfert des reliques de sainte Marie Madeleine récemment découvertes, participer au concile provincial de Riez le 14 février 1286, vendre des biens au profit de la Croisade en Terre-Sainte avec l’accord de Nicolas IV le 6 janvier 1290, siéger encore à un concile provincial à Aix en 1296 qui autorise le métropolitain à faire la visite de ses diocèses suffragants, obtenir de Charles II le 28 octobre 1296 une confirmation solennelle des privilèges de son Eglise.
    Il meurt le 19 décembre 1299.

  • Jacques Duèze (4 février 1300 – transféré le 18 mars 1310 à Avignon, pape Jean XXII de 1316 à 1334)


    image021Blason : Écartelé au 1 et 4 d'or au lion d'azur accompagné de douze besants de gueules disposés en orle et au 2 et 3 de gueules aux deux fasces d'or

     


    image022On situe traditionnellement sa naissance entre 1244 et 1249 à Cahors dans une famille bourgeoise aisée. Il étudie peut-être à Montpellier et à Paris, certainement à Orléans où il obtient le doctorat in utroque iure. Elève du célèbre juriste Pierre de La Chapelle Taillefer, il est le condisciple du futur Clément VI.
    Official de Carcassonne en juillet 1293, il enseigne probablement à Toulouse à partir de 1297. En relation avec l’évêque Louis d’Anjou (qu’il canonisera en 1317) et sa famille, il entre parmi les familiers de Charles II dont il devient conseiller royal en octobre 1297. Il mène une double carrière administrative et ecclésiastique : premier rational de Provence puis lieutenant du chancelier en 1298, il est chanoine de Périgueux avant avril 1298 et d’Albi, archiprêtre de Sarlat, détenteur d’une église près de Carcassonne et d’une rente de l’abbaye de Cluny, on sait qu’il est ordonné prêtre avant janvier 1300, date à laquelle il reçoit le décanat de la cathédrale du Puy (31 janvier 1300).
    Cet homme d’une vive intelligence, rompu aux affaires, au caractère véhément mais aux mœurs irréprochables et à la piété sincère, est désigné évêque de Fréjus par le chapitre après une élection mouvementée, le 4 février 1300 : il fallut l’appui du roi et de quelques relais sur place pour vaincre la réticence du prévôt Bertrand de Morzellis et de ses confrères devant ce candidat « étranger ». Quoi qu'il en soit, « peuple, clercs, chanoines de cette ville acclamèrent l'élu, chantèrent le Te Deum avec une grande joie, tous rendant grâces à Dieu et à sa glorieuse mère pour une pareille nomination, avantageuse et agréable ». Il y vint rapidement prendre possession.
    image023On le voit près de Sisteron en septembre 1300 où il doit juger une affaire relative à l’évêché de Gap. Le 30 décembre 1301, il obtient de Charles II un diplôme pour la gabelle du sel à Fréjus dont il partage avec lui les profits. A partir de 1303 et jusqu’en 1306, on le voit intervenir régulièrement pour arbitrer les conflits locaux et gérer les affaires en bon administrateur de son diocèse. Il participe à une assemblée d’évêques à Aix le 26 mai 1302, il y est encore le 23 janvier 1303 ou le 28 janvier où il fait son hommage entre les mains du sénéchal. Il réunit son chapitre le 2 janvier 1304, dans lequel il a fait rentrer ses neveux Arnaud de Via comme archidiacre (il est aussi prévôt de Barjols en 1316) et Jacques de Via comme chantre, qui finiront tous deux cardinaux, illustrant sa tendance au népotisme qui se vérifiera par la suite. Mais bien au-delà du cercle familial, à travers le chapitre et l’administration épiscopale, il sut tisser un réseau de fidélités qui fera de FréjuSceau de Jacques Duezes un des viviers de l’Eglise provençale sous son pontificat, selon l’historien Thierry Pécout. Il mena une visite pastorale de son diocèse (particulièrement les paroisses de l’ouest et du nord) entre le 23 octobre et le 13 décembre 1306. Outre de nouvelles cloches qu’il fit fondre pour la cathédrale, il laissa à son diocèse un Directoire de l’Eglise de Fréjus, réglant les offices et les usages de la cathédrale (ordonnance du 2 mai 1308). Il présida à l’installation de sainte Roseline comme prieure de la Celle-Roubaud , monastère pour lequel il conserva une réelle affection après son élévation au siège de Pierre. Le 10 février 1309 un diplôme royal signé de Naples étend encore le temporel de l’évêque au Revest et à Villepey, la protection du roi lui obtient encore un pouvoir de nomination qui excède largement son diocèse pour certains bénéfices mineurs.
    De plus en plus sollicité sur le plan diplomatique, il reçoit de Charles II, le 23 avril 1308, la charge de chancelier et accompagne son souverain à Naples la même année, après avoir échappé à un complot contre lui. S’il est de retour cinq mois plus tard, c’est pour ne plus quitter le fils et successeur du roi, Robert le Sage qu’il accompagne à Marseille le 18 juillet 1309, Aix le 26 novembre 1309, Avignon le 20 février 1310, Aix de nouveau le 17 mars 1310.
    Le lendemain, 18 mars 1310, il est transféré sur le siège d’Avignon qu’il occupera jusqu’à sa promotion au cardinalat. Il participe au concile de Vienne en 1311. Créé cardinal au titre de Saint-Vital le 23 décembre 1312, il est fait cardinal-évêque de Porto et Sainte-Rufine le 22 mai 1313. Il est sous-doyen du Sacré Collège, régent de la Chancellerie apostolique.
    image024Il est élu pape à Lyon le 7 août 1316 et prend le nom de Jean XXII. L’histoire de son pontificat dépasse cette étude, elle est connue par ailleurs.

    image025Il meurt au matin du 4 décembre 1334 à Avignon.
    Son corps est inhumé dans son ancienne cathédrale Notre-Dame des Doms.
    Sa tombe sera profanée par les révolutionnaires et son corps jeté dans le Rhône en 1793, mais son crâne, pieusement recueilli par un médecin avignonnais, est encore conservé à la sacristie de la « métropole ».

  • Bertrand Aimini (18 mars 1310-1318)


    image026Blason : échiqueté de sable et d'or de douze points, chaque point de sable chargé d'un besant d'argent

     

    On croit que Bertrand est né à Tarascon. Il était fils de Pierre Aymini, chevalier et citoyen d’Avignon, qui vers 1269 épousa Raymondette Bérenger, de Tarascon. De cette union naquirent deux fils :
    - François-Bertrand, qui devint général des troupes du roi Robert le Sage, et
    - Bertrand, qui avait été sacriste d'Avignon en 1291, en devient prévôt en 1295, avant d’être nommé à l’évêché d’Avignon en 1300, peu après le mois de mai. C’est sous son administration que Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, élu souverain pontife sous le nom de Clément V le 5 janvier 1305, vint résider dans le Comtat Venaissin, après s’être fait couronner a Lyon. A Pâques 1305, Bertrand Aimini subit une tentative d'assassinat par empoisonnement perpétrée par un groupe de chanoines, qui sera suivie d'une procédure rigoureuse et implacable.
    Le 18 mars 1310 Jacques Duèze, évêque de Fréjus, dont Clément V voulait profiter de la proximité, fut transféré à Avignon et l’évêque de cette ville, Bertrand, permuta le même jour, promu au siège de Fréjus, plus important alors que celui d’Avignon.
    Il l’occupa près de huit ans. Si son nom apparaît dans quelques actes concernant le diocèse, il fut le plus souvent employé à différentes missions à la cour papale.
    Il participa au concile œcuménique de Vienne (1311-1312) et mourut à Avignon à la fin de l’année 1317 ou aux premiers jours de 1318.