Logo2 v5

Sede vacante

Image1La mort du pape François ce lundi de Pâques inaugure le temps de la vacance du siège de Pierre (en latin sede vacante), rituellement rythmé par les célébrations codifiées plus récemment par le pape saint Jean-Paul II (constitution apostolique Universi Dominici gregis du 22 février 1996) et adaptées par le pape François en 2024. Ce temps est d’abord celui de la prière instante de toute l’Eglise pour que le choix qui sera fait du successeur serve « le salut des âmes qui doit toujours être la loi suprême dans l’Eglise ».

Le décès du pape est constaté par le camerlingue de la sainte Eglise romaine, le cardinal irlando américain Kevin Farrell dans la chapelle où son corps est immédiatement déposé dans un cercueil de chêne zingué (l’usage des trois cercueils de cyprès, de plomb et de chêne ayant été aboli par les récentes dispositions du pape François).

Le même prélat, chargé d’organiser le conclave et d’assurer en quelque sorte l’intérim avec le doyen du Sacré collège scelle alors le bureau et la chambre du pape défunt après avoir annulé en le rayant l’Anneau du pêcheur et le sceau de plomb qui servaient à authentifier les documents pontificaux.

Le cardinal camerlingue informe de la vacance le cardinal vicaire de Rome ainsi que le corps diplomatique et invite tous les cardinaux à se rendre dans la Ville éternelle. C’est à eux, en effet qu’est confié le gouvernement de l’Eglise, qui n’ont cependant aucune autorité pour accomplir les actes réservés au souverain pontife, se contentant d’expédier les affaires courantes ou plus urgentes.

La porte de bronze qui donne accès au Palais apostolique ferme l’un de ses deux vantaux en signe de deuil, les armoiries pontificales font place notamment sur les monnaies et les timbres émis à ce moment à l’ombrellino surmontant les deux clefs, symbole de la vacance papale.

La dépouille du pape défunt est transportée dans la basilique Saint-Pierre où elle est exposée à la vénération des fidèles dans le cercueil ouvert (et non plus sur un catafalque comme pour ses prédécesseurs) qui sera fermé la veille de l’inhumation qui doit avoir lieu entre le quatrième et le sixième jour après sa mort.

Lire la suite

 

Les dernières promotions

sacramentaire du chapitre de Fréjus r

2022

Le mercredi 27 avril 2022, en la solennité de la dédicace de la cathédrale de Toulon, Mgr Rey a installé le chanoine Michaël Nachez à la cathédrale Notre-Dame de la Seds.

Lire la suite

2018

Le mercredi 3 octobre 2018, en la fête de saint Cyprien, Mgr Rey a installé le chanoine Charles Mallard à la cathédrale Notre-Dame de la Seds.

Lire la suite

2017

Le mercredi 26 avril 2017, Mgr Rey a installé deux nouveaux chanoines honoraires qui ont reçu à cette occasion les insignes de leur nouvelle fonction dans la cathédrale Notre-Dame de la Seds.        

Lire la suite

2016

Le 19 mars 2016, Mgr Rey a nommé cinq nouveaux chanoines, trois chanoines titulaires et deux honoraires, qui furent installés le 23 juin suivant dans la cathédrale Notre-Dame de la Seds.            

Lire la suite

Les publications

sacramentaire du chapitre de Fréjus r2d

 

Morale, histoire, théologie, spiritualité, les chanoines continuent d’apporter leur contribution à la vie du diocèse également par leur recherche et leurs travaux intellectuels.

On trouvera dans cette rubrique quelques références aux publications qui ont vu le jour ces dernières années, même si la liste n’est pas exhaustive.

 

Voir la liste

Fleury Lavallée (1870-1961)

Mgr Fleury LavalléeMarguerite (sic) Fleury Lavallée nait à Néronde, petit village du Roannais qui avait vu naître Pierre Coton (1564-1626), le futur confesseur jésuite d'Henri IV et directeur de conscience du jeune Louis XIII, le 26 septembre 1870. Fleury est le fils d'Auguste Lavallée, maître d’hôtel, et de Catherine Patissier. Il perd son père alors qu'il n'a pas cinq ans. Jusqu’à treize ans, il fréquente, dans son village l’école des Frères Maristes. Il y trouve de quoi alimenter sa curiosité, structurer son intelligence et certainement aussi nourrir sa foi. Voici ce qu’il en écrira : «L'instruction telle qu'ils nous la donnaient était poussée assez loin... Quand je pense à l'activité de nos études, en ce pays, aux explorations qu'on faisait pousser dans tous les sens, je suis vraiment étonné du parti qu'on savait tirer de notre curiosité d'enfants et de l'étendue des connaissances élémentaires qui nous étaient données... Et notez qu'il n'y avait dans cette instruction, ni psittacisme, ni verbiage, ni culte prépondérant de la mémoire... ». Parmi ses maîtres, il trouva notamment un homme à la fois religieux, à forte trempe, et éducateur éminent : le Frère Marie-Abraham, décédé en janvier 1942 et qui a laissé dans sa Province la réputation d’un saint. Un des frères de Fleury entrera d’ailleurs chez les Frères Maristes et mourra dans leur maison de l’Hermitage sous le nom de frère Alphonsis, en février 1940. Fleury poursuit ensuite ses Humanités au petit séminaire de Montbrison de 1884 à 1888 puis sa philosophie et sa théologie aux grands séminaires de Lyon. Il est ordonné prêtre pour le diocèse de Lyon le 19 mai 1894, il poursuit ses études et obtient une licence ès Lettres en 1895. Il assure deux ans de préceptorat dans une famille, un an d'enseignement au petit séminaire de Montbrison, puis, s'étant préparé à l'Institut catholique de Paris et à la Sorbonne, il est reçu à l'agrégation de Lettres en 1899, probablement l'un des derniers ecclésiastiques admis à ce diplôme. L’année suivante, il est professeur de latin aux Facultés catholiques de Lyon. On lui confie la responsabilité de l’Institution Leidrade, ancien petit-séminaire de la primatiale Saint-Jean et des trois autres petits séminaires du diocèse. Vicaire général en 1906, il est à la direction de l’enseignement secondaire. « Prêtre humaniste » au jugement de Jules Monchanin qui fait sa connaissance en 1911, il visitait régulièrement tous les établissements d’enseignement secondaire du diocèse, connaissait tous les élèves par leur nom et présidait avec une certaine sévérité aux examens de fin d’année. En 1910 il est choisi pour devenir le quatrième recteur des Facultés catholiques de Lyon, il le restera jusqu’en 1945. La même année 1910, il est fait Prélat de Sa Sainteté. Il présidera à l'extension de l'institution, avec l'ouverture de l'institut de chimie industrielle en 1919 et celle des facultés de droit canon et de philosophie en 1935. Orateur écouté ("il excellait dans l'homélie", au dire du Père Henri de Lubac), il défend avec fougue le catholicisme et ses institutions, l’enseignement chrétien en particulier. Parfois pessimiste sur l’avenir de la foi en France : « Demain, catholiques, nous serons ramenés au régime dont Tertullien a buriné la définition… Exules in patria, nous serons cela, oui, par toute notre âme des exilés au pays de France. » (discours du 8 novembre 1911). Il est convaincu que les écoles et les universités catholiques, par un travail acharné et une vie intellectuelle exigeante, peuvent encore rendre à la raison confiance en elle-même et faire croire à nouveau « au milieu du rlavallelativisme mouvant », que « l’absolu existe ». En 1930, il est fait chanoine d’honneur de Fréjus. Il se démet de son poste de recteur à soixante-quinze ans en 1945. Très marqué dans sa jeunesse par la crise moderniste et l'anticléricalisme, il laissa une "réputation de traditionnalisme extrême", cela ajouté à sa prudence doctrinale l'avait fait suspecter de quelque sympathie pour l'Action française et pour le régime de Vichy. Il mourut pieusement à Lyon (2°), à quatre-vingt-onze ans, le 16 novembre 1961. C'était un fin humaniste qui disparaissait laissant une oeuvre abondante qui compte plusieurs centaines de titres, mais surtout un prêtre selon le cœur de Dieu. « Il voulait être, comme il disait, prêtre et rien de plus ». Son ami, Mgr Cristiani, qui laissera un beau témoignage à son égard dans un ouvrage intitulé Monseigneur Lavallée, un grand recteur, (Paris, éd. France-Empire), écrit de lui : « Il est des natures d'élite qu'on a envie de remercier non seulement de ce qu'elles font pour nous être agréables, mais pour leur manière d'être ce qu'elles sont. Il se dégage d'elles un tel parfum d'humanité supérieure qu'elles font aimer l'homme... Humanité supérieure ? Est-ce bien toute ma pensée à son sujet ? Je crois bien qu'il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour me faire dire : C'était un saint». Un passage de son testament spirituel montre sa grandeur d'âme et son esprit surnaturel : «Je désire reposer au cimetière de Néronde parmi les miens, sous le regard de Notre-Dame de Néronde ; on écrira sur notre pierre tombale, ces mots : Fleury Lavallée, prêtre... sans y ajouter aucun titre d'honneur, ni de fonctions, car fonctions professionnelles ni honneur n'existeront plus alors, mais je serai, par la miséricorde de Dieu, toujours prêtre ». Le Père Henri de Lubac en témoigne en écrivant que celui qu'on aura appelé "le premier prêtre de France" était "un modèle de vie sacerdotale", un prêtre exemplaire à la "simplicité à la fois grave et souriante."

Lavallee

Clément Guiol (1824-1893)

Clément-Gaspard Guiol, né à Marseille le 17 septembre 1824 de parents varois : Jean-Baptiste-Hippolyte Guiol, professeur interprète natif  de Toulon (1798) et Marie-Anne-Julie Gor (dont le père est décédé à Draguignan). Ordonné prêtre pour le diocèse de Marseille où réside sa famille, il est distingué par Mgr Place et nommé en octobre 1866 curé de Saint-Joseph pour achever l’œuvre de fondation de la paroisse confiée auparavant à l’abbé Abat. Il la développe avec beaucoup de succès, obtenant notamment la création de l’oratoire Saint-Léon (actuel lycée Don Bosco) : la formation des jeunes était un sujet de préoccupation dans cette métropole de 300 000 habitants, l’abbé Guiol pour réaliser le projet qui lui tenait à cœur de recueillir des garçons abandonnés n’hésita pas à solliciter directement don Bosco à Turin dès 1876 jusqu’à ce qu’il en obtienne une réponse positive ; après saint-Cyr et Toulon, saint Jean Bosco acceptait de fonder à Marseille ; ses religieux arrivèrent le 2 juillet 1878 : à la fin de l’année 30 apprentis menuisiers, cordonniers et tailleurs ainsi que 40 petits écoliers étaient déjà pris en charge, ils seraient 195 l’année suivante ; la chapelle fut bénite en 1880. Le chanoine Guiol continua de diriger sa paroisse jusqu’à sa mort à Marseille le 22 octobre 1893. Au delà du diocèse de Marseille, l'abbé Guiol contribua encore à l'établissement de la maison des Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul à Sanary dont sa propre soeur assuma la charge de supérieure ; c'est lors de sa visite à cette maison en novembre 1876, que Mgr Terris qui le tenait pour un ami depuis plus de trente ans, décida de lui conférer le titre de chanoine honoraire. Il avait été fait aussi chanoine honoraire de Marseille par Mgr Robert. Voici comment le décrit la revue La Vedette, qui salue en même temps ses qualités d’administrateur et reconnaît en lui un des prêtres les plus actifs du diocèse de Marseille à la veille de la célébration de ses 25 ans de présence dans la paroisse St-Joseph (en octobre 1891) : « allure martiale, visage sévère et découpé, regard profond, air jovial, voix forte et vibrante, de taille moyenne et la carrure ouverte, tel apparaît M. le curé Guiol à ses paroissiens avec une auréole de cheveux noirs bien faite pour tromper les ans ». Il était le frère de Mgr Louis Guiol (1818-1884), Prélat de la Maison de Sa Sainteté, orateur solide et écrivain distingué qui fut pendant dix ans vicaire général de Marseille,  puis curé de l’importante paroisse de Saint-Lazare dans la même ville, avant d’être appelé en 1877 par les évêques de la région à la charge de recteur des Facultés Catholiques de Lyon, où il épuisa ses forces.

Jean-Baptiste de Montblanc (1758-1834)

Jean Baptiste de MontblancJean-Baptiste « Demonblanc » naît à Sausses (dans le diocèse de Glandèves) le 7 janvier 1758 et reçoit le baptême le lendemain dans l’église paroissiale. Son parrain est seigneur du village : Jean-Baptiste Durand, avocat en la cour. Du mariage de ses parents, Louis-Joseph de Montblanc (1726- ) et Marguerite André (1730-1799), mariés en 1748, naquit une très nombreuse progéniture dont Jean-Baptiste est au moins le quatrième. Après deux filles et un garçon naîtra encore en 1767 Augustin-Louis, qui deviendra un jour archevêque de Tours et pair de France. A sa mort le panégyriste pourra louer la discrétion du prélat sur la noblesse de ses origines, lui qui était né « de parents dont l’illustration remonte au temps des Croisades.» Sans aller jusque-là, cette branche familiale (Louis-Joseph est fils de Jean-Joseph (1691-1761) et de Marguerite Fournier (1699-1776) ; Jean-Joseph est fils d’Augustin (1661-1740) et de Marie Fabre († 1728) ; Augustin est fils d’Annibal marié en 1650 avec Baptistine de Montblanc ; Annibal est fils de Jean et de Jeannette Jausselet) doit se rattacher à cette ancienne famille des seigneurs de Sausses, dont on trouve des traces depuis le XVème siècle, qui s’était alliée avec les Blacas, Flotte, Glandevès, Castellane, Martin et autres maisons de la noblesse provençale. Jean-Baptiste bénéficia d’une éducation familiale baignée des vertus chrétiennes. L’archevêque de Tours témoignait combien la phrase de Blanche de Castille qu’aimait à redire leur mère : « Mon fils je préfèrerais mourir que d’apprendre que vous avez commis un seul péché mortel », avait imprégné sa conscience d’enfant. Un oncle est déjà prêtre : Pierre de Montblanc (1720-1800), que la Révolution trouvera curé de Braux. Jean-Baptiste entre au séminaire probablement à Aix, comme le fit après lui Augustin-Louis et reçut la consécration sacerdotale. Au début de l’année 1791, il est vicaire à Saint-Martin d’Entrevaux, quand il est exigé de tous les ecclésiastiques en fonction qu’ils prêtent serment d’allégeance à la Constitution Civile du clergé : alors qu’à Entrevaux, les curés de Notre-Dame et de Saint-Martin, les vicaires et les régents des petites écoles prêtent serment, Jean-Baptiste de Montblanc demande un délai de quinze jours à la municipalité, qui doit en référer aux administrateurs du département. Il va tout tenter pour gagner du temps, jusqu’au moment où sa sécurité sera menacée : le 13 mars, il annonce au prône que le dimanche suivant il prêtera ledit serment ; mais, quand, huit jours plus tard, les officiers municipaux se présentent pour le recevoir, ils entendent l’intrépide vicaire déclarer du haut de la chaire qu’il ne s’exécuterait pas tant que le Souverain Pontife n’aurait pas fait entendre sa voix. Tollé dans l’église : les uns applaudissent, manifestent bruyamment leur joie alors que d’autres vocifèrent et menacent du poing ! Floués, les officiers municipaux en sont quittes pour dresser procès-verbal et s’adresser aux administrateurs du district : « Indiquez-nous la route à suivre pour réprimer pareil abus, et les démarches que la municipalité doit faire. »

Finalement, au milieu d’une défection quasi générale du clergé (91% du clergé prête serment dans le département des Basses-Alpes), parce que le bref Quod aliquantum signé le 10 mars ne lui était probablement pas encore parvenu, l’abbé cède le 10 avril, en essayant de prouver que le serment ne touche ni au dogme ni à la foi… Trois jours plus tard, le 13 avril, le pape Pie VI signait le second bref condamnant la Constitution Civile du clergé… L’abbé Jean-Baptiste de Montblanc se rétracta alors très vite. Son oncle, Pierre avait eu lui aussi la faiblesse de jurer mais ne reviendra pas sur son serment et se retirera en 1794 avec une maigre pension à Sausses, son village natal où il mourra, « ministre du culte catholique, profession de prêtre », le 12 novembre 1800. Mais Jean-Baptiste, ayant rejoint Sausses après sa courageuse rétractation, devra partir sur les routes de l’exil (liste des émigrés du 19 août). On sait que son frère Augustin-Louis gagnera l’Italie, séjournera à Rome, avant de devoir rejoindre l’Angleterre. A la fin de la tourmente, Jean-Baptiste réintègre le clergé de son diocèse et devient chanoine titulaire de la cathédrale de Digne en 1821. Les diocèses voisins qui bénéficièrent peut-être de son ministère voulurent à la Restauration honorer sa fidélité, c’est ainsi qu’il devint chanoine honoraire d’Aix et chanoine honoraire de Fréjus le 13 septembre 1826, avec le titre de Vicaire général. Son frère, Augustin-Louis, après avoir été nommé évêque de Saint-Dié dans la tentative avortée de recomposition de la carte ecclésiastique de 1817, fut appelé comme coadjuteur de Mgr du Chilleau à Tours et lui succéda comme archevêque en 1824. Ce fut l’occasion pour Jean-Baptiste de recevoir d’autres marques de reconnaissance : un canonicat et un vicariat général de Tours et, en 1829, un canonicat honoraire au chapitre royal de Saint-Denis. Il mourut chez un de ses frères, au château de Sausses, le 30 avril 1834.

Jules Béguin (1834-1912)

Auguste-Marius-Jules-François (ou Jules-Marie) Béguin nait le 16 janvier 1834 dans le village de Mirabeau (Vaucluse), il est baptisé le 19 juin suivant.

Son père, Marius-Augustin Béguin, appartient à une famille de cultivateurs de Cuers (né lui-même à Cuers en 1800, il est fils de Pierre et de Marie Elisabeth Couadou) mais entre dans la gendarmerie à cheval. En 1831 il épouse une jeune Jules Béguinfille issue d’une famille d’agriculteurs de Courthézon, dans le Vaucluse, de neuf ans plus jeune que lui : Marguerite Mourier. En 1834, c’est donc à Mirabeau que naîtra leur fils Auguste-Marius-Jules-François. On sait qu’au moins un autre garçon leur naîtra en 1841, Désiré, qui sera menuisier. Quoi qu’il en soit, la mobilité du gendarme ne permet pas à la famille de s’enraciner. En 1854, qui est aussi l’année du choléra, Marius-Augustin se distingue dans la compagnie du Var (16ème légion de gendarmerie) et reçoit la médaille militaire, précisément le 9 août 1854. Malheureusement un incident dont on ne connaît pas la teneur va projeter une ombre infâmante sur la famille : Marius-Augustin, alors âgé de 70 ans, est condamné le 25 février 1870 à trois mois de prison et seize francs d’amende « pour outrages publics à la pudeur » et un décret impérial porté le 10 juin suivant le suspend de ses droits et prérogatives attachés à sa décoration pour une durée d’un an et trois mois. Les critères de la pudeur au milieu du XIXème siècle étant bien éloignés de ceux de notre époque, on peut imaginer au vu de la sanction - somme toute minime - que le délit le fût aussi. Le gendarme à la retraite vint mourir à Cuers le 21 octobre 1878. Son épouse rejoindra l’abbé, son fils, pour mourir à Brignoles le 12 janvier 1880.

En effet, entre temps Jules était entré dans les ordres : il avait reçu l'onction sacerdotale le 6 juin 1857. L'abbé Béguin était reconnu très original, mais sa charité faisait largement oublier cette imperfection, et la fantaisie qui était la sienne n’était probablement pas sans rapports avec ses divers talents : peintre, écrivain savant et distingué, il rendit beaucoup de services au diocèse et fit entendre sa parole chaude et persuasive dans de nombreuses chaires où il allait volontiers seconder ses confrères. Mais sa vie sacerdotale fut essentiellement consacrée d'abord au petit séminaire de Brignoles où pendant vingt ans il se révéla un professeur habile et compétent, puis à partir de 1875 à l’hospice de Brignoles dont il fut l’aumônier pendant près de cinquante ans : chaque jour et plusieurs fois par jour, il s’en allait à sa « chère maison de la souffrance ». Mgr Arnaud le nomma chanoine honoraire le 22 juillet 1902 dans la grotte même de la Sainte-Baume : délicatesse à l'égard de celui qui consacra un magnifique poème à la sainte pénitente intitulé Santo Madaleno : douze chants en pure langue provençale (avec traduction française en regard) illustrés par ses soins et qu'il avait mis en souscription en 1892. Quand l’évêque mourra lors d’un séjour au petit séminaire, ce sera le chanoine Béguin qui ira déclarer le décès du prélat, le 17 juin 1905 en mairie de Brignoles. Après la laïcisation de l’hospice, il s’était retiré dans sa maison de campagne où sa porte restait largement ouverte. Le lendemain de Noël 1912, il fut atteint d’une maladie qui s’avéra très vite fatale et mourut à Brignoles le 28 décembre de la même année.

L'entomologiste

On doit à Monsieur Jean-René Catrix une monographie très intéressante sur une autre activité insolite de notre chanoine : de 1896 à 1902, le premier, il réalisa notamment de nombreux croisements entre des espèces de cactus et figure parmi les pionniers des hybridations inter-génériques, méritant non seulement de figurer en très honorable place parmi les scientifiques de cette catégorie mais aussi de donner son nom à un certain nombre de plantes obtenues par ses soins ingénieux. On consultera avec intérêt cet article dans le n°17 de la revue Succulentopia 2020 : https://www.cactuspro.com/succulentopia/Succulentopia-N17-2020-05.pdf.

Le peintre

detail 1rOn ne sait rien de sa formation artistique. Peut-être pourrait-on déceler chez lui une filiation avec les frères Patritti, présents sur les Alpes de Haute-Provence et le Var, Brignoles en particulier ?

Sa production couvrira une bonne partie de son existence : l’œuvre existante la plus ancienne date de 1857, la plus récente, de 1902.

Son style est académique, léché, parfois raide notamment dans ses compositions, mais il sait donner du mouvement à ses personnages (remarquable Saint Roch ou Saint Barnabé) et les agrémenter de petites scènes secondaires pittoresques. detail 2rOn le voit nettement évoluer au cours de ses créations ; la chose est flagrante quand on considère les dix années qui séparent les deux Mort de saint Joseph, celle de Soleilhas et celle de Correns et la maîtrise acquise entre ces deux dates : la composition est rigoureusement identique et cependant le traitement des visages, le paysage presque raphaélique qui apparaît à la fenêtre, les anges qui ne sont plus des figures plaquées mais qui animent et structurent l’espace, tout en témoigne. Mais c’est dans les portraits que le chanoine Béguin donne toute sa mesure, avec un réel talent pour exprimer avec justesse la personnalité du sujet représenté. En 1885, il opéra une restauration (sans repeint) de la Descente de Croix de Louis Parrocel conservée en l'église paroissiale de Brignoles.

 

 

Classification géographique de son œuvre :

ALPES DE HAUTE-PROVENCE :

- La Garde (église) : Notre-Dame du Sacré-Cœur (1882).

- Soleilhas (église) : La Vierge remettant le rosaire à saint Dominique (1872),  Apothéose de saint Barnabé (1874), Mort de saint Joseph (1874),  Les âmes du Purgatoire (1875).

VAR :

- Barjols (collégiale) : Niche de la Vierge, dans la chapelle des Demoiselles (1872)

- Correns (église) : Apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie (1881), Saint Pierre d’Alexandrie (1887), Mort de saint Joseph (1884)

- Cuers (église) : Quatre saints Louis (1880), Vierge à l’Enfant entre saint Désiré et sainte Félicité (1880), Les âmes du Purgatoire

- Esparron (église) : Immaculée Conception (1857)

- Forcalqueiret (église) : Saint Jean-Baptiste (1870)

- La Crau (séminaire de la castille) : Portrait de Mgr Jordany (1876), Portrait de Mgr Arnaud (1902)detail 3r

- La Martre (église) : Assomption (1873)

- Puget-sur-Argens (église) : Saint Roch (1872), Saint Joseph entouré des saints Pons et Valère (1872)

- Puget-Ville : Portrait d’ecclésiastique (1896)

- Sainte-Maxime (église) : Sainte Maxime (1878)

- Saint-Julien (chapelle des Rouvières) : Sainte Philomène (1870)

- Saint-Raphaël (sacristie de la chapelle du Dramont) : Assomption

- Toulon (évêché) : Portrait de Mgr Terris (1878)

 

 

 

 IMG 6390 rc Mgr Arnaud  IMG 6385 rc 
 IMG 6400 rc  IMG 6406 rc  IMG 6369 rc
IMG 6361 rc IMG 6377 rc Mgr Terris rc  Mgr Jordany  IMG 6377 rc2 
     IMG 6360 rc  

Nicolas Brancaccio (ca 1335-1412)Blason Nicolas Brancaccio

Nicolas Brancaccio

 

Niccolò Brancaccio (alias Nicolas de Brancas) nait à Naples vers 1335. Il est le troisième fils d’un noble napolitain, Marino Brancaccio (lui-même fils de Francesco et de Roberta Brancaccio Embriaco) et de son épouse Giacoma d’Aversa. Il est reçu docteur in utroque iure et commence une carrière ecclésiastique. D’abord chanoine de la cathédrale de sa ville natale, et abbé séculier de Santa Maria di Piedigrotta, il devient chapelain pontifical honoraire et auditeur de Rote. Après avoir effectué quelques nonciatures au service d’Urbain V, il est nommé le 12 avril 1367 archevêque de Bari puis de Cosenza le 13 janvier 1377. Conseiller de la reine Jeanne de Naples, il effectue pour elle plusieurs missions, et finalement auprès du nouveau pape Urbain VI pour trancher la question de son couronnement. Bartolomeo Prignano, de son nom de baptême, ami et parent de Niccolò, lui devait de lui avoir succédé sur le siège de Bari avant d’accéder au trône pontifical. Mais lié à la reine Jeanne, Niccolò rejoint très vite avec elle le parti  de Clément VII, pape désigné par le Sacré Collège en opposition à Urbain VI dont l’élection est prétendue entachée de nullité. Dans cette obédience il reçoit la fonction de Régent de la Chancellerie apostolique. Il avait été par ailleurs excommunié et dégradé par Urbain VI le 9 novembre 1378. De son côté, l’antipape Clément VII le crée cardinal prêtre (aujourd’hui considéré comme « pseudo-cardinal ») au consistoire du 18 décembre 1378 ; il reçoit le chapeau le 24 février 1379 avec le titre de Sainte-Marie-au-Trastevere. En 1379, il devient chanoine de la primatiale de Lyon et s’installe à la cour d’Avignon. En avril 1388 il est promu au rang de cardinal évêque d’Albano puis remplit les fonctions de Vice-chancelier de la Sainte Eglise Romaine à partir de 1391. Il participe au conclave qui suit la mort de Clément VII et lui donne comme successeur l’antipape Benoît XIII. Celui qu’on appelle en France Nicolas de Brancas reçoit la fonction de maréchal le jour même de l’élection pontificale, 28 septembre 1394. Après avoir travaillé avec sincérité à la réduction du schisme au service de Benoît XIII, mais déçu de son refus obstiné de trouver une autre solution que son seul maintien, Nicolas de Brancas abandonna un temps l’obédience avignonnaise en août 1398 pour la rejoindre de nouveau peu de temps après, et la quittera définitivement en 1408, ce qui lui vaudra d’être déposé de ses titres par le pape avignonnais le 21 octobre de la même année. Il assiste en 1409 au concile de Pise qui tente de trouver un compromis entre les deux obédiences et finit par en engendrer une troisième. Désormais partisan de l’obédience pisane, qui lui reconnaît sa dignité cardinalice, Nicolas de Brancas participe à l’élection de l’antipape Alexandre V puis de son successeur Jean XXIII, qui l’enverra comme légat à Naples. Nicolas BrancaccioPrivé de ses revenus antérieurs, il doit se constituer de nouvelles prébendes : archidiacre de Narbonne, chanoine d’Aix, il obtient de Gilles Lejeune qui s’est fait confirmer son titre d’évêque de Fréjus au concile de Pise, la prévôté de Barjols et une stalle au chapitre de la cathédrale de Fréjus. Au retour de sa légation de Naples, il meurt à Florence le 29 juin 1412. On l’enterre dans le chœur de l’église florentine de Santa Maria Novella et non pas dans le somptueux monument qu’il s’était fait construire dans l’église Saint-André d’Avignon.

Sa famille avait compté et comptera encore d’autres (vrais) cardinaux : Landolfo Brancaccio en 1294, Rinaldo Brancaccio en 1384, Ludovico Bonito en 1408, Tommaso Brancaccio en 1411 (pseudo-cardinal de Jean XXIII), Francesco-Maria Brancaccio en 1633 et Stefano Brancaccio en 1681.