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Sede vacante

Image1La mort du pape François ce lundi de Pâques inaugure le temps de la vacance du siège de Pierre (en latin sede vacante), rituellement rythmé par les célébrations codifiées plus récemment par le pape saint Jean-Paul II (constitution apostolique Universi Dominici gregis du 22 février 1996) et adaptées par le pape François en 2024. Ce temps est d’abord celui de la prière instante de toute l’Eglise pour que le choix qui sera fait du successeur serve « le salut des âmes qui doit toujours être la loi suprême dans l’Eglise ».

Le décès du pape est constaté par le camerlingue de la sainte Eglise romaine, le cardinal irlando américain Kevin Farrell dans la chapelle où son corps est immédiatement déposé dans un cercueil de chêne zingué (l’usage des trois cercueils de cyprès, de plomb et de chêne ayant été aboli par les récentes dispositions du pape François).

Le même prélat, chargé d’organiser le conclave et d’assurer en quelque sorte l’intérim avec le doyen du Sacré collège scelle alors le bureau et la chambre du pape défunt après avoir annulé en le rayant l’Anneau du pêcheur et le sceau de plomb qui servaient à authentifier les documents pontificaux.

Le cardinal camerlingue informe de la vacance le cardinal vicaire de Rome ainsi que le corps diplomatique et invite tous les cardinaux à se rendre dans la Ville éternelle. C’est à eux, en effet qu’est confié le gouvernement de l’Eglise, qui n’ont cependant aucune autorité pour accomplir les actes réservés au souverain pontife, se contentant d’expédier les affaires courantes ou plus urgentes.

La porte de bronze qui donne accès au Palais apostolique ferme l’un de ses deux vantaux en signe de deuil, les armoiries pontificales font place notamment sur les monnaies et les timbres émis à ce moment à l’ombrellino surmontant les deux clefs, symbole de la vacance papale.

La dépouille du pape défunt est transportée dans la basilique Saint-Pierre où elle est exposée à la vénération des fidèles dans le cercueil ouvert (et non plus sur un catafalque comme pour ses prédécesseurs) qui sera fermé la veille de l’inhumation qui doit avoir lieu entre le quatrième et le sixième jour après sa mort.

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Les dernières promotions

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2022

Le mercredi 27 avril 2022, en la solennité de la dédicace de la cathédrale de Toulon, Mgr Rey a installé le chanoine Michaël Nachez à la cathédrale Notre-Dame de la Seds.

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2018

Le mercredi 3 octobre 2018, en la fête de saint Cyprien, Mgr Rey a installé le chanoine Charles Mallard à la cathédrale Notre-Dame de la Seds.

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2017

Le mercredi 26 avril 2017, Mgr Rey a installé deux nouveaux chanoines honoraires qui ont reçu à cette occasion les insignes de leur nouvelle fonction dans la cathédrale Notre-Dame de la Seds.        

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2016

Le 19 mars 2016, Mgr Rey a nommé cinq nouveaux chanoines, trois chanoines titulaires et deux honoraires, qui furent installés le 23 juin suivant dans la cathédrale Notre-Dame de la Seds.            

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Les publications

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Morale, histoire, théologie, spiritualité, les chanoines continuent d’apporter leur contribution à la vie du diocèse également par leur recherche et leurs travaux intellectuels.

On trouvera dans cette rubrique quelques références aux publications qui ont vu le jour ces dernières années, même si la liste n’est pas exhaustive.

 

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Famille Olivier

La famille Olivier est implantée depuis des temps immémoriaux au Broc, au nord de Nice, village qui relève jusqu’en 1886 de l’évêché de Fréjus. Au XVIIème siècle, un Jean Antoine Olivier épouse Marguerite Briquet, de qui naîtra Jean-André Olivier (1688-1757) dont l’épouse, Marie-Catherine Mari, donne naissance à Jean-Antoine Olivier, qui sera l’ancêtre commun de nos deux chanoines. Jean Antoine nait au Broc le 9 novembre 1719, épouse en 1757 Marguerite Fouques et s’établit comme « maître maçon ». Il est encore qualifié de « propriétaire ». Il est probablement membre de la confrérie locale des Pénitents, qui l’accompagnent à sa mort, le 16 mars 1785. Parmi ses nombreux enfants, on en retiendra deux :

- Joseph Olivier (né le 8 janvier 1765, mort le 6 juillet 1834) est aubergiste, qui épousera Marguerite Gauthier et sera le grand-père du chanoine Lucien Olivier (1844-1912)

- Charles Olivier (né le 21 septembre 1771, mort le 19 mars 1846). Il épouse Françoise Masseille et exerce le métier d’officier de santé ou de médecin. Il est le père du chanoine Félicien Olivier (1807-1861).

Félicien-Antoine Olivier, né au Broc le 9 juin 1807, il entre au petit séminaire de Vence placé sous la houlette du chanoine Blacas, où il est déjà admis à porter la soutane, puis au grand séminaire de Fréjus où il passa quatre ans. L'un des professeurs du grand séminaire, l'abbé Charrier, ayant été chargé en 1830 de la direction du petit séminaire de Grasse pour le relever alors qu'il déclinait, choisit immédiatementcomme comme professeur de rhétorique le brillant abbé Olivier qui venait de terminer sa théologie. Ordonné prêtre en 1831, il fut d'abord vicaire à Grasse puis, en 1836, à la paroisse Saint-Louis, à Toulon. Là, il jeta les bases des conférences de St-Vincent-de-Paul, dont la première réunion eut lieu dans son appartement le 2 février 1843. En 1846, le nouvel évêque, Mgr Wicart l'appelle à diriger le petit séminaire de Brignoles qu'il développa et dont il dirigea la reconstruction : la première pierre en fut bénite par Mgr Wicart en mai 1852 et le bâtiment inauguré par Mgr Jordany le lundi de Pentecôte 1856. L'abbé Olivier avait déjà été récompensé de son zèle par son installation comme chanoine honoraire en 1851. Ayant mené sa tâche à bon terme, il exprima le désir de se consacrer de nouveau au ministère paroissial, ce qui lui fut accordé avec son transfert en 1856 à la paroisse Saint-Louis de Toulon, qu'il retrouvait cette fois comme curé (il y est installé le 8 décembre). Outre les nombreux fruits spirituels de son activité pastorale quotidienne, il y laissera de nouvelles orgues, la grille devant la façade et un monument en l'honneur de la Sainte Vierge dans la même cour ; il y fonda le catéchisme de persévérance et l'association des Mères chrétiennes. Après une courte maladie, il meurt à cinquante-quatre ans seulement, le 17 décembre 1861.

Jean-André-Lucien Olivier est son neveu à la mode de Bretagne. Son père, Augustin-Séraphin Olivier, était né le 18 octobre 1807 ; on imagine la complicité qui devait l’unir à son cousin pas encore chanoine à l’époque, puisqu’ils avaient le Oliviermême âge, et comme celui-ci était déjà loin du Broc à la mort de son père, c’est Augustin-Séraphin qui ira déclarer en mairie le décès de l’oncle médecin. De son épouse, Thérèse Marie-Claire Vial, nait Jean-André-Lucien le 27 février 1844, alors que le recteur de la paroisse est encore de la famille : son propre oncle, l’abbé Charles Olivier (1804-1848). Celui qu’on appelle par son dernier prénom, Lucien, entre au Petit Séminaire de Grasse pour être formé à l’école des figures du diocèse : les abbés Blacas, Sauvaire, Goaty, bientôt transféré à Brignoles où il est placé sous l’autorité des abbés Michel et Laugier. Il est ordonné prêtre le 21 septembre 1867. Auparavant, n’étant que diacre, il avait été nommé professeur au Petit Séminaire de Grasse, où il restera huit ans (de 1866 à 1874). Il devient ensuite vicaire de Vence (de 1874 à 1878), vicaire de Hyères (de 1878 à 1891). Il est alors loin de son pays natal qui passe sous la juridiction de l’évêché de Nice et ne semble pas désirer le rejoindre. De 1891 à 1892, il assure la charge d’aumônier de l’Espérance toujours à Hyères, puis devient curé : à Saint-François-de-Paule, de Toulon (de 1892 à 1906) où, dans cette période d’affrontement avec la République, il eut à affronter des manifestations d’hostilité dans sa propre église, qu’il géra si honnêtement que Mgr Arnaud crut devoir le récompenser en le nommant chanoine honoraire, en 1903. Dans cette paroisse modeste qu’il avait tenu à conserver en dépit de la proposition de Mgr Mignot de le transférer à celle du Mourillon, le chanoine Lucien Olivier donna la mesure de sa générosité et de sa bonté. Il est cependant transféré à  Draguignan, dont il devient le curé-archiprêtre en avril 1906. Les écoles religieuses ayant été fermées la même année, il fonda l’institution libre Jeanne d’Arc avec pensionnat, externat, école primaire, salle d’asile. Il eut encore à subir quelques procès pour « délit de messe » et « non-déclaration de culte », dont il se tira pour deux francs d’amende ! A bout de forces, il présenta sa démission en 1911, avant que la maladie ne l’affaiblisse totalement. Il meurt à Draguignan le 15 mars 1912, regretté de tous. Ses funérailles, le lundi 18 mars, revêtirent la forme d’un deuil public.

Famille Albin

Jean Charles Albin était le petit-neveu de Joseph et Charles Léoncealbin2 Octavien Antelmy. C'est probablement lui qui est baptisé à Fayence le 10 mars 1707 sous le nom de Jean Albin (il faut bien le distinguer de son frère Jean Jacques, né deux avant lui). Son père Jacques Albin (1683-1750) porte le titre de seigneur de Cananille, il est lui-même le fils de Jean, bourgeois, dont le père, Boniface avait été viguier de Fayence dans les années 1660. La mère de Jean Charles, Jeanne-Thérèse d'Augier (par ailleurs arrière arrière petite-nièce de l'évêque Barthélémy Camelin), est fille de Jean et d'Agnès Antelmy, la soeur des deux chanoines déjà cités. Avec cette protection, Jean Charles obtient le prieuré de Saint-Vincent, à Trans, en 1727 et, l'année suivante alors qu'il n'est encore qu'acolyte, un canonicat. Il conquiert le titre de docteur en théologie, puis, en 1732, est gratifié de la prévôté que lui abandonne son grand-oncle, l’évêque de Grasse, Charles Léonce Octavien Antelmy, qui avait obtenu de Rome de la garder jusque-là, six ans après son élévation à l’épiscopat. Jean Charles Albin, pourvu de la stalle de prévôt, résigne alors son canonicat à son cousin Honoré Antelmy. De 1741 à 1752, Jean Charles est vicaire général de Mgr du Bellay et mis en responsabilité par l’abbaye de Saint-Victor de Marseille de nommer à tous les bénéfices du diocèse qui dépendent d’elle, en 1748. Sur la base des notes recueillies par son grand-oncle, il publia en 1732 la vie de Mgr de Piquet, évêque de Babylone et prieur de Grimaud. C'est lui qui est naturellement désigné pour procéder à la bénédiction de la nouvelle église paroissiale de son village natal de Fayence en 1750 : "L'an 1750 et le 25 janvier, Messire Jean Charles Albin, prévôt, vicaire général et official du diocèse de Fréjus, assisté de nous curé et autres prêtres soussignés en présence de messieurs les magistrats et d’un grand nombre de paroissiens a fait la bénédiction de la nouvelle église paroissiale avec toute la solennité que demande une telle cérémonie", relatent les archives du lieu. La même année meurt son père Jacques, à Fréjus où il s'était établi. Le prévôt, lui s'éteint dans la cité épiscopale le 1er mai 1764.

Marc-Antoine Albin, son frère, naît à Fréjus le 4 marc antoineavril 1726. Livre dheures des chanoines AntelmiIl obtient un canonicat en 1752. Il est aussi prieur de Saint-Vincent à Trans de 1741 à 1767 (prébende reçue de son frère) et recteur de Saint-Louis à Saint-Raphaël et prieur d'Espérel. Il brigue la stalle de chanoine sacristain dans un conflit qui l'oppose au neveu de l’évêque, Ferdinand de Bausset qui finira par se désister, et à Jean-Baptiste Quinel qui l'avait obtenue de l'évêque ; après un accord signé avec ce dernier le 12 décembre 1789, il obtiendra un jugement en sa faveur ... un mois après que l’Assemblée nationale ait mis les biens du clergé à la disposition de la nation, ce qui ne lui épargne pas, à la toute fin de l'année 1789, d'avoir affaire à une réclamation des habitants de Puget pour que le nouveau sacristain pourvoie aux réparations nécessaires à la maison curiale et leur apporte les secours dont ils ont besoin ! Il prête malheureusement le serment d'adhésion à la Constitution civile du clergé, le 7 mars 1790, peu avant midi à la mairie de Fréjus, et obtient même un "certificat de civisme" le 19 nivôse an II (8 janvier albin chne1794). Il meurt à Fréjus le 21 mai 1809 avec la mention "ex prêtre chanoine"...

Il avait hérité d’un de ses grands oncles Antelmy un magnifique livre d’heures du XVème siècle, qu'il donnera au séminaire de Fréjus et qui est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque intercommunale de Draguignan (ms 5).

Pierre Blacas (1766-1845)

Pierre Blacas naît à Vence le 13 mai 1766. Il est porté le jour même sur les fonts baptismaux par son père François, trésorier de la ville. Par permission spéciale du Grand vicaire, son parrain est un prêtre : l’abbé Pierre Malivet.

Il reçoit lui-même le sacerdoce le 7 juin 1790, il est aussitôt nommé vicaire à La Gaude. Contrairement à son curé, et conformément aux indications de l’évêque de Vence, Mgr Pisani, il refuse de prêter le serment constitutionnel en novembre 1791 et se retire dans sa famille, non sans être dénoncé à plusieurs reprises comme contre-révolutionnaire par le club jacobin. Sa mère, Anne Carbonnel, fervente catholique qui conseillait de ne pas s'adresser aux prêtres assermentés, n’avait pas craint d’affirmer au sujet de son fils : "S'il est mis à mort par le bourreau, j'irai teindre mon mouchoir dans son sang et j'aurai l'honneur d'être la mère d'un martyr", ce  qui lui valut quelque temps de détention dans les prisons de Draguignan…

Le danger se fit bientôt plus menaçant : le 29 décembre 1791 une dénonciation accusa l’abbé Blacas "d'avoir enseigné à des écoliers des commandements qui prêchaient l'intolérance et le fanatisme". Le 10 août 1792, il émigra donc à Nice, de là passa en Italie et se rendit à Rome auprès de Mgr Pisani, son évêque, qui s'y trouvait depuis le début de l’année. II fut ensuite envoyé à Bologne où il vécut trois ans.

Dès que les temps le permirent, l'abbé Blacas fut délégué par Mgr Pisani pour y accomplir en secret un ministère de réconciliation auprès des repentis et pour y maintenir la foi dans toute la région. C’était durant l'été 1795. Muni par Mgr Pisani des lettres officielles de vicaire général et de longues recommandations pour réconcilier prêtres et fidèles ainsi que pour administrer les sacrements, l’abbé Blacas devait aussi se mettre en rapport avec tous les insermentés qui accomplissaient dans le ci-devant diocèse de Vence un ministère clandestin. En voici le début : « L'ignorance où je suis des dispositions personnelles et locales de mes diocésains, m'oblige à ne donner au digne M. Pierre Blacas, prêtre de Vence, qui va se consacrer au salut de leurs âmes, que des règles générales sur les points les plus critiques qui pourraient embarrasser l'exercice de son ministère, et sur l'administration des sacrements sous le régime d'une domination peut-être plus vexatoire que tolérante. Ses lumières et sa sagesse en feront une application utile. » Suivaient des conseils pratiques : « Nous recommandons au digne abbé Blacas de se pourvoir avant d'entrer en France, d'huiles saintes, d'une pierre sacrée, d'une petite boite en argent pour y placer la sainte Eucharistie, d'un calice facile à se démonter en plusieurs pièces, d'un rituel, d'un bréviaire, et d'autres petits meubles ou nécessaires ou utiles pour le service divin. On doit savoir qu'en cas d'insuffisance d'huiles saintes, on peut, avant qu'elles soient épuisées, les nourrir d'huile bonne non bénite, toujours en petite quantité, et ainsi successivement tant que le besoin l'exige... »

Muni de tous les pouvoirs et guidé par ces directives, l'abbé Blacas exerça son ministère à Vence et dans la région sous un déguisement, comme le firent presque tous ses confrères des autres diocèses ayant dans la clandestinité les mêmes responsabilités. Dans la saison d'hiver et au moment de la trituration des olives, il allait la nuit visiter les malades en portant sur son épaule une outre pleine d'huile, comme s'il sortait du moulin. Sa présence ne passa pourtant pas inaperçue, et le 19 décembre 1796 (29 frimaire an V…), le ministre de la police écrivait au commissaire du département :

« II résulte, citoyen, de la déclaration faite le 1er frimaire par le commissaire Muraire de la commune de Paul du Var au commissaire de ce canton, et dont vous avez eu connaissance, que la commune de Vence est entièrement livrée au fanatisme et à l'intolérance religieuse ; l'abbé Blacas, émigré rentré, est l'un des principaux moteurs de ce foyer contre-révolutionnaire. Les faits plus circonstanciés de cette déclaration méritent donc, citoyen, la plus grande surveillance de votre part. Je vous charge, en conséquence, de prendre de suite toutes les mesures possibles pour faire arrêter cet émigré, le livrer aux tribunaux, et ne négliger en même temps aucun des moyens qui peuvent tendre à détruire les fausses impressions que ces hypocrites peuvent avoir répandues dans le peuple, rétablir aussi l'ordre dans cette commune, y assurer l'exécution des lois et notamment de celles des 7 et 10 vendémiaire sur la police des communes et du culte. Vous m'informerez avec exactitude du succès de vos démarches. Salut et fraternité. Signé : Cochon" (sic…).

Malheureusement, les conditions de son ministère pendant ces sombres années jusqu'au concordat, n’ont pas permis de nous en abandonner beaucoup de traces. On sait cependant qu’il exerça une grosse influence dans le secteur dont il avait la charge. Très soutenu par un grand nombre de fidèles, il put organiser chez les bons paroissiens des célébrations multiples et fut le chef incontesté d'un réseau de prêtres clandestins. L'instruction religieuse ne cessa d'être donnée à la jeunesse et les sacrements administrés à tous : en font foi les registres de catholicité tenus clandestinement pendant cette période. Il put recevoir la rétractation de quatre confrères et les relever des censures encourues.

A la signature du concordat, il sortit de la clandestinité et s’adressa au cardinal Caprara pour éclaircir sa situation dans un diocèse qui n’existait plus et dont l’évêque n’avait pas été encore réintégré. Le Légat pontifical auprès du gouvernement français lui renouvela toute sa confiance et l’engagea alors à poursuivre son ministère dans l’attente d’une situation définitive. C’est de La Colle où il s’était établi qu’il écrivit à son nouvel évêque, Monseigneur Champion de Cicé, archevêque d’Aix et des anciens territoires des diocèses provençaux supprimés, dès son arrivée en mai 1802 : « Chargé depuis sept ans du gouvernement de ce diocèse par M. de la Gaude qui m'éclairait de ses conseils par des lettres fréquentes et m'aidait à porter un fardeau qui aurait été au-dessus de mes forces, je croyais en être déchargé par sa démission, mais Son Eminence, Mgr Caprara, m'enjoignit de le gouverner jusqu'au nouvel ordre des choses. Le voilà arrivé : je viens donc vous prier de me décharger du soin de ce diocèse ; si vous en disposez autrement, je recevrai vos ordres avec respect et je les exécuterai ponctuellement. »

A la même date, son ancien évêque, lors d’une audience auprès du pape lui demande une relique et un chapelet, comme il l’écrit au cardinal Consalvi,  « pour le sieur Blacas, prêtre, mon préposé à Vence, qui depuis sept années y a exercé personnellement sous moi l'administration de mon diocèse, avec le plus grand zèle, la plus ferme constance, exposé nuit et jour aux périls de tout genre ; qui y a maintenu la foi avec tant de succès que dans ma ville il n'y avait que cinquante schismatiques et un seul prêtre de ce mauvais parti. Je ne puis reconnaître, attendu mon impuissance, des services si héroïques ; mais, en lui envoyant ce présent du Saint Père, j'acquitterai ma dette, et ce prêtre aura quelque témoignage d'approbation de sa conduite si honorable et si utile pour l'Eglise... »

Blacas rencontra son nouvel archevêque à Antibes peu de temps après et dut se justifier face aux critiques de ceux qui voulaient rentrer en cour en dépit de leurs mérites. Son prestige était pourtant immense auprès de la population. Il tint à poursuivre humblement un ministère itinérant de prédication auprès des familles et dut accepter en 1807 le poste de premier vicaire de Vence. C’est à ce titre qu’il fonda le petit séminaire de la ville et en fut le premier supérieur.

Après le rétablissement du diocèse de Fréjus, Vence lui fut incorporé et l’abbé Blacas devint chanoine honoraire dès la première promotion de 1823. Après l’avoir décliné, il accepta la fonction de curé de Vence le 27 avril 1825. Il eut l'occasion de bénir les nouveaux bustes de saint Lambert et de saint Véran, respectivement le 10 septembre 1825 et le 26 mai 1826.

A la mort du chanoine Saurin en décembre 1826, Mgr de Richery appela aurès de lui le chanoine Blacas, fin février 1827, et lui confia les fonctions de vicaire général du diocèse de Fréjus, l'obligeant à quitter sa chère ville de Vence. Il accepta cette charge par devoir, et la mena à bien jusqu'au décès de Mgr Michel qui l’avait maintenu auprès de lui durant tout son épiscopat et l’avait promu chanoine titulaire en 1843. Quand il mourut, le 22 février 1845, le chanoine Blacas, fatigué et malade (il avait 79 ans), retourna dans sa patrie. Il ne profita pas longtemps de sa retraite puisqu’il mourut à Vence quelques semaines plus tard, le 28 avril 1845.

Sa mémoire fut en vénération pendant des décennies, et c'est à juste titre qu'on put écrire qu'il fut "une gloire du diocèse" et le qualifier de "confesseur de la foi".

Famille Antelmy

Blason de la famille Antelmi

 

La famille Antelmy est originiare de Trigance. Le chanoine Espitalier, au terme d'une savante dissertation sur les diverses formes du patronyme (Antelme, Antelmi, sans oublier les inévitables d'Antelmy ou Dantelmy) opte pour cette orthographe qu'il juge plus conforme et plus communément usitée par les membres de cette lignée qui donnera pas moins de neuf chanoines à l'Eglise de Fréjus, dont sept porteront le même nom, mais non pas tous de même aloi :

Le premier, Nicolas Antelmy, nait à Trigance en 1567, il est le fils d’un marchand du lieu, Jacques, et de son épouse Jeanne Cartier. Il reçoit la tonsure et les ordres mineurs le 19 septembre 1587 des mains de l'évêque de Riez, puis le sous-diaconat le 10 mai 1591. Il est ordonné diacre à Gap le 19 décembre 1592 et prêtre à Sisteron le 12 juin 1593. Il obtient ensuite la licence en droit à l'université d'Aix et s'installe à Fréjus où, d'abord maître d'école, il est admis au nombre des chantres-musiciens de la cathédrale. Il n'est encore que "dominus Nicolas Antelmy, de Trigance" quand il porte sur les fonts baptismaux de la cathédrale son filleul Nicolas Lieutaud, le 24 décembre 1595. Ayant aidé l'évêque nommé par le roi, Barthélémy Camelin, à recouvrer les rentes que l'évêché ne percevait plus suite aux guerres civiles et religieuses, il est gratifié, le 27 novembre 1596 d'un poste de bénéficier de la cathédrale. En 1597, il reçoit le prieuré du Revest (qu'il résignera en 1612 à Pierre Camelin), ce qui le conduisit dans une méchante affaire avec un compétiteur sans scrupules. C'est lui qui est désigné par Barthélémy Camelin pour prendre possession en son nom du siège épiscopal, en 1599. Le 3 octobre de cette année, il est parrain de Nicolas Camelin, le neveu de l'évêque et frère de son successeur. Le bénéficier Nicolas Antelmy est promu chanoine le 5 janvier 1600, par la résignation du chanoine Jean Clément, mais le frère de celui-ci fit annuler sa prise de possession en sa faveur, il dut patienter jusqu'à l'année suivante pour prendre place au chapitre dans la stalle de Guillaume Augery (même si c'est bien avec le titre de chanoine qu'il apparait comme parrain le 9 juillet 1600) ; des années plus tard il dut encore défendre âprement ce bénéfice contre des prétendants abusifs.  Il cumulera encore ceux des prieurés de Sainte-Thècle de la Roquette, au diocèse de Riez, de Saint-Martin de Châteaudouble, de Saint-Cassien du Muy, de Saint-Blaise et de Sainte-Madeleine de Roquebrune. Dès la première année de son épiscopat, Barthélémy Camelin lui avait donné des lettres de vicaire général. C'est à ce titre qu'il accompagne l'évêque dans sa première tournée pastorale et signe l'acte de reconnaissance des reliques de saint Ausile à Callas. Nicolas Antelmy fit restituer à l'évêché les titres et les documents dont ses archives avaient été dépouillées, en les recherchant de tous côtés (Aix, Arles, Avignon, Paris), à grands frais. Il les réunit en deux gros volumes. Les multiples services rendus à l'évêque lui valurent une lettre de reconnaissance et d'être nommé vicaire général et official à vie. Pendant quarante ans il exerça encore les fonctions de syndic-général du clergé et fut longtemps administrateur du chapitre. Parmi les voyages qu'il effectua à Paris pour le service de l'évêque, il faut citer sa participation à l’assemblée générale du clergé tenue en 1605-1606 pour laquelle il avait été élu délégué de la province; de même en 1624, il est délégué par son évêque pour une nouvelle assemblée du clergé réunie dans la capitale. Son ascendant sur l'évêque et le pouvoir sans contrôle qu'il semblait exercer sur le diocèse indisposèrent plus d'un, à commencer par le neveu et coadjuteur de l'évêque, Pierre Camelin, qui, une fois en possession du siège, tentera de le dépouiller de ses diverses fonctions administratives, malgré l'inamovibilité prononcée par son oncle, déclenchant contre lui l'hostilité du chapitre et un appel de la part de Nicolas qui finit par faire valoir ses droits. Ses recherches l'avaient ouvert à la connaissance des antiquités de la ville et alimentèrent une correspondance avec le savant Nicolas-Claude Peiresc avec lequel se noua une étroite amitié. C'est ainsi qu'il fut le premier à dresser le catalogue de nos évêques, qui fut utilisé par les rédacteurs de la Gallia christiana. Tombé malade au début du mois de mars 1637, il résigna le même mois sa stalle de chanoine à son neveu Pierre. Cependant, une amélioration survenant, il lui demanda de surseoir à sa prise de possession, ce qu'il ne fit que le 25 avril, l'état de santé du malade ayant empiré. Mais il restait encore neuf ans de vie à Nicolas... Le vieux chanoine rétabli, prétendit récupérer son bien, l'affaire traîna en longueur et dut se conclure devant la sénéchaussée de Draguignan en faveur de Pierre. Nicolas mourut finalement le 2 mars 1646 et fut inhumé le lendemain dans le tombeau des chanoines, dans le choeur de la cathédrale.

Le frère aîné de Nicolas, Jean-Barthélémy, avait eu de son épouse, Antoinette Doussoulin, un enfant, Pierre Antelmy, qui héritera de la passion de son oncle pour l’histoire et lui succèdera dans ses fonctions. Pierre nait à Trigance en 1598 et vient très jeune auprès de son oncle pour commencer sa formation cléricale. Le 15 mai 1609, il reçoit la tonsure des mains de Monseigneur Barthélémy Camelin. Il suit alors les cours de philosophie chez les Jésuites d'Avignon, puis il étudie à Paris la théologie et la jurisprudence et y est reçu docteur dans ces deux facultés, le 1er juin 1627 pour la théologie, le 4 juillet pour les deux droits. Son oncle le gratifia alors du prieuré de Saint-Louis, à la cathédrale de Fréjus. Il y reçoit les ordres mineurs le 18 septembre 1627 et le sous-diaconat, le 18 mars 1628. Il est ordonné diacre le 20 avril suivant à Riez, par l'évêque de cette ville et prêtre le 17 juin suivant, à Aix, par Mgr Barthélémy Camelin qui s'y trouvait alors. On le voit prendre le relai de son oncle et s’attacher avec ardeur à la recherche des monuments de l’histoire de Fréjus. Il consacre tous ses loisirs à la poursuite des études archéologiques commencées par Nicolas et accumule une riche collection d'épigraphie grecque et latine, de statues, de monnaies, de médailles. Nombre de ces objets seront donnés à son ami, le célèbre historien et "antiquaire" Nicolas-Claude Fabri de Peiresc. Il restitue la vérité dans les leçons de la liturgie fréjusienne au sujet de saint Léonce, que la tradition avait particulièrement encombrée d’éléments légendaires. Vers 1630, il délaisse l’histoire au profit de la théologie. En 1667, il résigna le canonicat qu'il avait ainsi obtenu de son oncle trente ans auparavant à son neveu Joseph et le prieuré de Saint-Louis à son neveu Nicolas, fils d'Etienne. Il avait été aussi Vicaire général et official de Giuseppe Zongo Ondedei. Il rédige son testament le 25 novembre 1668, deux jours avant sa mort, survenue le 27 novembre 1668 à Fréjus, dans la cathédrale de laquelle il rejoindra son oncle.

La succession est assurée par le neveu que l'histoire a retenu : Joseph Antelmy, fils de l'avocat Jacques Antelmy (1614-1674), et de Marie Antiboul (1631-1697). Joseph naît à Fréjus le 25 juillet 1648. Il reçoit la tonsure des mains de Giuseppe Zongo Ondedei le 12 avril 1569 et suit le même parcours que son oncle à Avignon, mais fait sa théologie à Lyon avant d'obtenir son doctorat en théologie à Paris en 1668. Son oncle Pierre ayant résigné en sa faveur plusieurs de ses prébendes, dès la fin de ses études, dont son canonicat, Joseph est installé le 3 décembre 1668. Zongo Ondedei l'ordonna sous-diacre à Bargemon le 21 septembre 1669. Il fut ordonné prêtre le 27 mars 1673 par l'évêque de Bethléem, François Batailler, dans la chapelle de l'archevêché de Paris où il se trouvait pour défendre la possession de sa stalle... A la mort de l'évêque, en juillet 1674, il fut élu official pour la durée de la vacance, par le chapitre qui s'en repentit à cause de son manque de zèle. Cela n'empêcha pas le nouvel évêque, Mgr de Clermont-Tonnerre, de l'associer de très près à son gouvernement et de le charger entre autres choses de préparer la publication du Propre du diocèse, en 1678. Dans sa jeunesse, il avait composé un traité De periculis canonicorum, que son frère Charles trouvera sous forme manuscrite et corrigera. En 1680, il donne une dissertation latine sur la fondation de l’Eglise de Fréjus, destinée à  précéder une ample Histoire complète de la ville et de l’Eglise de Fréjus. En 1682, il reçoit de son oncle Joseph Antiboul, curé de Saint-Tropez, fief de sa famille maternelle, les prieurés de Saint-Tropez (avec charge d'âmes) et de Saint-André à Ramatuelle et, quelques mois plus tard, le 17 octobre, transmet son canonicat à son très jeune frère Charles Léonce Octavien, ce qui ne l'empêche pas d'exercer encore les fonctions d'administrateur du chapitre. Il reçoit, en 1689, le prieuré de Grimaud. C'est à cette époque qu'il restitue à saint Prosper d'Aquitaine la paternité de certaines oeuvres jusque-là attribuées à saint Léon, contre le fameux père Quesnel, de l'Oratoire, de la même façon il démontre que le Symbole d'Athanase est de la plume de saint Vincent de Lérins. Il éclaircit certains éléments de la chronologie de la vie de saint Martin et disserte avec autorité sur l'hagiographie du diocèse, notamment en ce qui concerne les figures de sainte Maxime, saint Auxile, saint Eucher ou sainte Consorce, il écrit encore à propos du concile de Riez de 1285. En 1694, sur la recommandation du Père La Chaise sous la direction duquel il avait fait sa théologie à Lyon, il obtient des lettres de grand-vicaire et d’official auprès de Mgr de Verthamon, évêque de Pamiers auquel il facilitera l'installation dans un diocèse bouleversé par la querelle de la Régale : en son nom il prend possession du siège le 10 mars 1694 et se donne tout entier à la pacification de ce diocèse. C'est épuisé et malade qu'il le quitte au début de l'année 1697 pour revenir se soigner dans sa patrie. Mais ce sera pour y mourir d'une affection pulmonaire le 21 juin 1697 à Fréjus, âgé seulement de 49 ans, laissant un matériau historique considérable (dont le De initiis Ecclesiae Forojuliensis, publié en 1680 et la Descriptio dioecesis Forojuliensis, qui ne le sera qu'en 1872 ) qui sera exploité en partie par son frère Charles, évêque de Grasse. Il est inhumé dans le tombeau des chanoines. En apprenant sa mort, le Père La Chaise, devenu confesseur de Louis XIV, écrivit : "J'estimais et honorais sa vertu, sa capacité et son zèle pour l'Eglise, qui perd en lui un défenseur courageux et éclairé. Sa mémoire me sera toujours très chère". Fidèle aux traditions familiales, il avait résigné, avant de mourir, tous ses bénéfices à son frère et au beau-frère de sa soeur Agnès, Honoré Augier.

Cette fois, c’est le frère qui prend la suite : Charles-Léonce-Octavien Antelmy était né à Fréjus le 3 février 1668. Si une menace pèse sur lui puisqu'il est ondoyé le même jour « à cause du danger prochain de la mort », de bonnes fées se penchent sur son berceau. Son parrain est en effet le frère de l’évêque, Octavien Ondedei, comte de Vézelay, représenté par son fils, Jules Ondedei, dont la sœur Maria Bernarda (1661-1751) épousera un certain Orazio Albani (1652-1712), le propre frère du pape Clément XI, et sera la mère du cardinal Annibale Albani (1682-1751). Mais il lui faudra attendre quatre ans les compléments du baptême : le 30 mars 1672 il reçoit en effet "le saint chrême et autres cérémonies de l'Eglise, ayant reçu auparavant l'eau depuis sa naissance", avec un nouveau parrain, "Messire l'abbé Louis Ondedei, de Pesaro" ! Il est tonsuré à Nice, le 28 février 1681, par l'évêque du lieu. L'année suivante, il reçoit le canonicat résigné par son frère, mais son installation n'aura lieu que le 20 juillet 1683. Les Ordres mineurs lui sont conférés le 15 décembre 1685, le sous-diaconat, le 9 juin 1691 à Paris où il est parti étudier et où il accèdera probablement aussi au diaconat et à la prêtrise. En 1695, il revient avec son doctorat in utroque. Deux ans plus tard, il ajoute à son canonicat le prieuré de Grimaud, puis, l'année suivante, celui de Saint-Médard, dans le diocèse de La Rochelle. Lui reviendra d'exploiter et de publier en partie l'oeuvre historique de son frère. A son tour, il est élu official pendant la vacance qui précéda l'arrivée de Mgr de Fleury, qui le confirma et lui donna des lettres de vicaire général le 5 avril 1700. En 1701, il consentit à l'union du prieuré de Grimaud au grand séminaire de Fréjus, dont l'évêque cherchait à antelmyaccroître les revenus. Le 9 janvier 1702, il est installé prévôt du chapitre. La protection de Mgr de Fleury lui vaut d'être désigné comme évêque de Grasse en 1726. Il obtient cependant de Rome de garder la prévôté encore six ans, il ne la résignera donc qu'en 1732 à son neveu Jean Charles Albin. Il est sacré à Paris le 12 janvier 1727 par Mgr de Vintimille, archevêque d’Aix, assisté par les évêques de Vence et de Lectoure. Il participe au concile d’Embrun en 1727, qui dépose l’évêque janséniste de Senez, Jean Soanen. Le 25 décembre 1729 il est pourvu de l’abbaye de Saint-Chinian et en 1736 de celle de Lérins, par son union avec l’évêché de Grasse. Il assiste à l’assemblée générale du clergé qui se tient à Paris en 1735. Il meurt à Grasse le 21 octobre 1752 et est inhumé dans sa cathédrale le 24 octobre.

Charles-Léonce-Octavien transmit la prévôté au fils de sa soeur, Anne, le chanoine Jean-Charles Albin qui l'assuma de 1732 jusqu'à sa mort le 1er mai 1764. La charge passa ensuite à un autre "neveu" : Joseph, Charles-Léonce-Octavien et Anne avaient un autre frère, Pierre, qui s’étant marié, avait donné naissance en 1699 à une fille prénommée Marguerite qui épousa un Jean Antelmy, fils de Joseph Antelmy, notaire royal à Trigance, et de Marguerite Audiberte. Or ce Jean Antelmy avait un frère, né le 10 juillet 1708, Honnoré Antelmy. Docteur en théologie, il devint chanoine de Fréjus en 1732 lorsque son cousin Jean-Charles Albin lui laissa sa stalle pour prendre la prévôté qu'il reçut à son tour en 1764 et dont il ne se défit qu'à sa mort qui eut lieu à Fréjus le 1er avril 1766. Avec ces trois derniers doyens, la prévôté étaitantelmy chne ainsi restée plus de soixante ans aux mains d'une même famille, avant qu'elle ne tombe dans celle des Cavalier qui la conserveront jusqu'à la fin de l'Ancien Régime en la faisant passer eux-aussi, de frère en neveu, entre les mains de trois doyens successifs.

Le neveu d'Honnoré, Joseph-Félix Antelmy, fils de Jean et Marguerite, né à Trigance le 26 février 1726, devint chanoine de Fréjus en 1764 quand son oncle Honnoré devint prévôt. Il fut fait grand vicaire antelmychnede Mgr de Bausset-Roquefort en 1772 et mourut à Fréjus le 2 novembre 1783.

La série des chanoines Antelmy se clôt assez misérablement avec son frère Charles Léonce Octavien Antelmy, né à Comps le 28 septembre 1741, ordonné prêtre à Vence en 1771, il est vicaire à Châteaudouble dont son frère Pierre est curé. Bachelier en droit canon et poussé par les siens, il revendique une stalle au chapitre dès le lendemain de la mort du capiscol Attanoux à savoir le 24 décembre 1778. Le jeu de chaises musicales conduit Messire Gavoty au capiscolat, laissant sa prébende de préceptorial à Messire Martinot heureux d'abandonner celle, beaucoup plus modeste, de Sainte-Madeleine de l'Espérel. Pour cette dernière cependant Charles Léonce Octavien Antelmy a un compétiteur en la personne de Louis Meiffredy, prêtre de Marseille, d'âpres disputes entre chanoines conduiront à la prise de possession de la stalle (la cinquième du côté du capiscol destinée au dernier chanoine) au frère du grand vicaire le 2 janvier 1779. Il eut le malheur d'apostasier et se maria même le 18 novembre 1794 (28 brumaire an III) avec Marianne Giraud, à Draguignan. Il mourut, "propriétaire", le 14 mai 1820 à Montferrat... Quant à son frère Pierre, curé de Châteaudouble en 1770 après avoir été vicaire à Saint-Nicolas de Pertuis, il prêta serment et se retira sur place, distribuant encore les sacrements à ceux qui le sollicitaient ; mais violemment sollicité par un groupe de sans-culottes, il eut le malheur un jour de céder à la peur et d'abattre lui-même une croix sur la place publique de sa paroisse ! Dévoré par la honte et le remord, il la fit relever à ses frais au rétablissement du culte et ne se considéra plus jamais digne de monter à l'autel, pleurant ses égarements jusqu'à sa mort le 27 novembre 1824, à Châteaudouble, dont il était toujours considéré comme le curé...

Emile Bouisson  (1878-1960)

Emile BouissonLe 10 janvier 1878 naissait à Toulon Emile-Laurent-Marius-Paul Bouisson. Il était le fils d’un « commis du commissariat de la Marine », Joseph Théodore Bouisson, alors âgé de de 27 ans et d’Emilie Léonide Joséphine Lambert, âgée de 29 ans, tous deux domiciliés au n°30 de la rue Lafayette. Après le séminaire et l’obtention d’une licence de théologie, il fut ordonné prêtre pour le diocèse le 29 juin 1900. D'abord recteur de Saint-Martin le 1er août 1900, il fut nommé vicaire au Beausset le 16 juillet 1903, puis vicaire à la paroisse Saint-Joseph de Toulon à partir du 16 janvier 1910. Il y fut chargé particulièrement du quartier des "Routes". Dès le 23 janvier 1910, l'abbé Bouisson y célébrait une première messe dans un local privé de l'Avenue Martin; une salle devant servir de chapelle fut d'abord construite et peu de temps après, Mgr Guillibert vint annoncer qu'une église en l'honneur du Sacré-Coeur allait être édifiée; par les soins de l'abbé fut acheté le vaste terrain de la «Laiterie» du «Champ Mille» où sera érigée l’église dont les travaux ne seront achevés qu'après la guerre. Durant la guerre de 14-18, apprenant que les conflits avaient déjà fait de nombreux orphelins ou des enfants isolés, dans le nord de la France, il fit savoir qu’il était prêt à en accueillir ; il en attendait une vingtaine, ce fut plus d’une centaine qui débarqua en gare de Toulon. Jamais à court d’expédients, avec cinq francs en poche mais le secours de l’armée, et épaulé par ses sœurs Marie et Laurence, il organise leur accueil, leur hébergement et assure leur nourriture, allant deux fois par semaine mendier avec quelques uns sur le marché du Cours Lafayette. Il s’occupa aussi de leur instruction. Devenu le premier curé du Sacré-Coeur des Routes le 1er juillet 1920, l'abbé Bouissson fut honoré du titre de chanoine honoraire de la cathédrale de Fréjus le 8 décembre 1930 à l'occasion de la dédicace de la chapelle du séminaire de la Castille par Mgr Simeone, dans la même promotion qui comprenait les chanoines Guigou, Giraud, Thomas, Loubet, Gertosio et Martin.

Figure originale et populaire de Toulon, l’abbé Bouisson exerça son activité pastorale pendant plus de cinquante ans avec bonté, efficacité et humour, particulièrement dans ces quartiers des Routes et du Pont-de-Bois. Il y a laissé un souvenir très vif empreint d’affection et de respect.

Sa figure ne passait pas inaperçue, avec sa soutane usée et son chapeau à hauban délavé, sa haute stature et un nez qui lui donnait un air pascalien et lui valut le sobriquet de « Nasaule ».

De caractère entier, il savait être aussi exigeant pour lui-même que pour les autres, ses vicaires notamment ou ses bonnes, ce qui le conduisit très vite à devoir tout faire par lui-même.

Du florilège de ses interventions, on retient la présentation d’un de ses vicaires, un certain 8 décembre : «Mes bien chers frères, vous avez dû jeter un coup d’œil en entrant sur l’ombre de prêtre que l’évêché vient de m’offrir. Que voulez-vous que ce pauvre garçon fasse pour m’aider, il ne tient pas droit ! Il faut d’abord le ré-emplumer car en plus de mon fichu caractère, vu qu’il est transparent comme l’albâtre, il n’est pas plus fort qu’un minot. En haut lieu on s’est dit « Bouisson est le seul capable d’en faire un poids lourd », alors ils me l’ont envoyé. Mes frères, je vous le dis sérieusement, je compte sur vous, sur votre compréhension et encore plus sur votre bon cœur actif, pour doubler mes quêtes. Quand je pense qu’il y en a qui gaspillent deux cents francs pour aller voir des gueuseries comme « La Veuve joyeuse » et qui osent ensuite me mettre cinq centimes dans le plateau alors que nous avons à ranimer un enfant du Bon Dieu et qui de plus est un prêtre, vous comprendrez que parfois le « coquin de sort » vous prenne. Je n’en dirais pas plus; pour doubler la ration, il faut doubler votre offrande afin de lui faire rattraper à ce pauvre garçon tout ce que les excellents repas du séminaire lui on fait perdre. Qu’on se le dise ! »

Tout l’intéressait, il rompait des lances avec tout le monde, dirigeait plusieurs revues, avait ses entrées tant à la préfecture de Draguignan qu’à la sous-préfecture de Toulon ou sa préfecture maritime, il était membre de l’Académie du Var, avec cela dépannait quantité de personnes dans le besoin, ne craignant pas de se mouiller pour les pauvres : bien souvent on retrouvait après son passage auprès de gens dans la souffrance une somme discrètement glissée dans un coin.

Pour faire face à l’extension de sa paroisse, il construit encore la chapelle Sainte-Thérése, la chapelle Sainte-Marie-Madeleine, au four à chaux Cigalon et la chapelle qu’il offrit ensuite aux carmélites. Les dons affluaient en effet auprès de celui qui était tout à la fois bureau de bienfaisance, écrivain public, conseiller juridique, office de placement, promoteur, service de dépannage, bâtisseur, etc.

Dans un quartier qui avait pour champion politique le « socialiste de France » Pierre Renaudel et où ne manquait pas la présence d’un comité des fêtes laïques et humanitaires, l’abbé Bouisson, en vertu de ce qu’il représentait, obtenait sans difficulté qu’on respectât les manifestations religieuses et autres processions qui marquaient la vie de la paroisse et où il fut aidé par son neveu, l’abbé Bourgues.

Historien à ses heures, le chanoine Bouisson publia en 1927 une Histoire des évêques de Toulon.

Avec une verve toute provençale on le vit un jour commenter la plaque faisant mémoire de la libération de Toulon en 1945 : « Mes très chers frères, il ne fait aucun doute pour personne , pour ceux qui savent voir, s’entend, que lorsque le Bon Dieu se met de notre côté, il signe toujours son intervention : le 14 juillet est tout simplement la fête du grand saint Bonaventure qui a prévu le culte du Sacré-Cœur, c’est un franciscain qui vaut bien la Bastille où il n’y avait personne ! Le 11 novembre, jour de saint Martin ‘bouan pèr l’aigo, bouan pèr lou vin’, c’est la fête du second patron de la France. Le 15 août, l’Assomption, débarquement des alliés, mais fête de la patronne de France. Le 25 août, saint Louis, époux de notre belle Marguerite de Provence, libération de Toulon et de Paris ! Ah, mes très chers frères, si on savait lire les signes, on verrait que si les Allemands n’avaient pas eu leur intelligence enténébrée par le Saint-Esprit, s’ils eussent étudié l’histoire, l’histoire, éternel recommencement, ils eussent découvert alors que c’est par le nord, par le chemin du Broussan que Toulon a toujours été attaqué, mais leur esprit enfumé n’y pris point garde et là où ils eussent dû masser leur plus vaillantes troupes, les alliés ne trouvèrent personne. Si nous sommes là aujourd’hui pour chanter, rendons-en grâce tous ensemble à l’Esprit Saint qui soulève les montagnes et voile les yeux de ceux qu’il veut perdre. Amen ! »

Messire Emile Bouisson rendit son âme à Dieu le 8 novembre 1960, après avoir pris sa retraite en décembre 1957. Il mérita de reposer dans le chœur de l'église qu'il avait fait édifier, sous une simple plaque marquée de ces mots : « ici repose/ Emile Bouisson / chan. curé fondateur / de cette paroisse / 1878.1910.1960. ».