Philippe Arnaldi (1850-1937)
Ange Philippe Arnaldi naît sur l’île de Porquerolles le 4 décembre 1850, fils de Jean-Baptiste Arnaldi et d’Antoinette Cani. Très vite, sa famille vient se fixer à La Seyne. L’enfant fréquente la maîtrise et est admis à l’école des Frères des écoles chrétiennes où il bénéficie de l’attention de l’abbé François Laugier, alors vicaire à La Seyne et futur vicaire général, qui lui dit tout de go : « Le Bon Dieu veut que vous soyez prêtre ! ». Les difficultés allaient commencer pour le jeune Philippe à une époque si différente de la nôtre, où le sacerdoce devait se conquérir… En effet, l’indigence de la famille ne permet pas de l’inscrire au Petit séminaire. C’est alors un autre vicaire, l’abbé Bouillon, qui va lui enseigner les rudiments nécessaires de grec et de latin. C’est donc avec un maigre bagage intellectuel qu’il est finalement admis au Grand séminaire de Fréjus. Sa santé fragile va l’obliger à interrompre ses études au point qu’à la veille du sous-diaconat, il s’entend dire par le Père Balaïn, supérieur du séminaire : « Ah, c’est vous M. Arnaldi ? Vous n’avez pas l’âge pour être appelé au sous-diaconat, et puis auriez-vous l’âge, vous ne serez pas appelé : le diocèse n’a que faire de prêtres malades comme vous ! ». Mgr Jordany, parfois en désaccord avec son supérieur de séminaire, l’admet aux ordres une fois sa santé rétablie et l’ordonne sous-diacre le 25 mai 1872, diacre le 29 mars 1873, puis prêtre le 19 septembre 1874 à Fréjus. Dès avant l’ordination sacerdotale, on l’avait affecté au Petit séminaire de Brignoles où il resta de 1873 à 1892 comme professeur de 8ème puis comme surveillant, enfin comme professeur de 3ème, économe, préfet des classes et directeur spirituel, gagnant l’estime de tous. Au terme de dix-huit années passées dans son cher séminaire, et à regret l’abbé Arnaldi fut appelé à le quitter pour devenir curé de Gonfaron, charge qu’il refusa. On le nomma alors vicaire à la paroisse Sainte-Marie de Toulon en avril 1892. Il y restera dix ans durant lesquels il saura orienter nombre de jeunes gens vers le Petit séminaire ou l’Œuvre des Petits Clercs, de son ami l’abbé Nicolas Rebufat. Né de parents italiens, l'abbé Arnaldi obtient la naturalisation française le 31 octobre 1893. C’est le 16 janvier 1902 qu’il reçoit la charge de curé de Sanary, qu’il assumera pendant plus de trente-cinq ans. Il fut au départ merveilleusement secondé par son vicaire, l’abbé Joseph Sivan. L’abbé Arnaldi fut dans cette paroisse un véritable homme de Dieu, remplissant ses devoirs avec simplicité et esprit surnaturel. Il apporta tous ses soins aux sanctuaires de Notre-Dame de Pitié, de la Visitation et de Saint-Roch, épaulant les Dames de la Providence, les associations des Mères chrétiennes, de Sainte-Anne, des Enfants de Marie, de l’œuvre de la Propagation de la foi, de la Sainte-Enfance, des Campagnes, les patronages, l’œuvre des Jeunes gens, des Brancardiers de Lourdes, la JOC, la JAC, l’œuvre des séminaires et celle des vocations, mais le principal objet de ses soucis était la prédication. Enfin il laissa le souvenir d’une charité sans limites : son frère le voyant un jour avec des souliers défoncés lui demande : « Qu’avez-vous fait de vos souliers neufs ? – Je les ai donnés à un pauvre. » Providence des déshérités, il fut le type du Bon Pasteur pour tous ses paroissiens. Il fut récompensé par la promotion au titre de doyen honoraire le 18 juin 1908, puis de chanoine honoraire de la cathédrale de Fréjus par Monseigneur Guillibert en décembre 1919, au lendemain de la guerre durant laquelle il avait assumé seul le lourd service paroissial. Le chanoine Arnaldi voulut le porter jusqu’au bout et mourut à la tâche le 29 octobre 1937 à Sanary. Mgr Simeone tint à présider lui-même les funérailles, entouré de plus de 70 prêtres. Une place de la ville porte aujourd’hui son nom.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.

Frédéric-Jean-Jacques Muraire naît à Draguignan le 20 octobre 1787 au foyer de Jean Muraire, bourgeois, et d’Anne Blanche de Sassy. Il reçoit le baptême le même jour dans la collégiale Saint-Michel. Sa famille s’était illustrée aux premiers rangs de la cité aussi haut qu’on puisse remonter, depuis Honoré Muraire né au milieu du XVIème siècle, procureur au siège de la sénéchaussée de Draguignan comme son fils Antoine (1589-1651) ou son petit-fils Honoré (1616-1684) (ancêtre du fameux député puis comte d'Empire Honoré Muraire), avec le trisaieul de notre chanoine à la génération suivante : François (1646-1712) qui fut consul de la ville, son bisaïeul François (1683-1748), son grand-père Honoré (1721-1808), enfin son père Jean (1759-1830) qui avait épousé en janvier 1787 Anne Blanche de Sassy, de quatre ans son aînée, fille de Jacques de Sassy, chevalier, sieur de Villehaute, conseiller du roi, lieutenant particulier criminel et premier conseiller en la sénéchaussée de Draguignan, s’alliant ainsi aux plus vieilles familles de l’aristocratie provençale. Dix mois après sa mort en 1806, Jean Muraire se remariera avec Magdelaine Virginie Germon d’où naitront d’autres enfants. L’abbé Muraire est ordonné prêtre le 23 mai 1812 pour le diocèse d’Aix qui couvre alors les diocèses provençaux supprimés en 1801. La même année, le jeune prêtre est affecté comme vicaire à sa paroisse d’origine. Au rétablissement du diocèse de Fréjus, Mgr de Richery nomme l’abbé Muraire curé d’Aups en 1824, à la suite du chanoine Henry à qui l’on venait de confier la charge d’archiprêtre de la cathédrale. Mgr Michel le promeut chanoine honoraire en 1832 puis l’appelle à son tour à Fréjus auprès de lui deux ans plus tard, en lui conférant la dignité de chanoine titulaire le 22 mars 1835. Il participe au concile provincial d'Aix en septembre 1850, dans le contexte du rétablissement de la liturgie romaine, où il représente le chapitre de Fréjus avec le chanoine Isnard, Messires Pons et Infernet assistant Mgr Wicart comme théologiens. Après vingt ans passés aux côtés de Mgr Michel puis de Mgr Wicart, le chanoine Muraire meurt à Fréjus, le 12 février 1855.
L’abbé Gamerre est ordonné prêtre à Fréjus le 24 juin 1885 par Mgr Theuret, évêque de Monaco, Mgr Terris venant de décéder. Selon l’usage, le jeune prêtre est envoyé immédiatement comme recteur dans une minuscule paroisse, en l’occurrence celle des Mujouls (Alpes-Maritimes) qui compte 150 habitants. Il retrouv
e très vite Brignoles où il est employé comme surveillant au Petit séminaire, avant d’être nommé vicaire à la Cadière, puis à La Crau dont il devient ensuite curé. Il s'engage résolument dans le débat politique tendu de l'époque, au grand émoi des autorités qui dénoncent en 1890 un "ecclésiastique qui s'est occupé ouvertement de politique pendant la dernière période électorale et a fait une propagande active en faveur du candidat réactionnaire." En 1897, il fait l'objet de plaintes pour ses attaques contre l'enseignement laïque et la Préfecture désire qu'il soit déplacé. Mais c'est bien toujours à La Crau que l'abbé Gamerre vit la séparation de l’Eglise et de l’Etat et accueille Mgr Guillibert le 1er juin 1908 pour une première visite pastorale. Une autre, le 14 avril 1911 sera l’occasion de délimiter les nouveaux contours de la paroisse après l’érection de la commune de Carqueirane. Le curé de La Crau, très actif et doté d’un sens pratique restaure l’ermitage du Fenouillet et mène sa paroisse avec un très vif esprit de charité. Sachant qu’il n’est pas porté aux choses spéculatives et abstraites, on lui confie aussi la gestion de la Caisse de secours du clergé. C’est en 1913 qu’il est promu chanoine honoraire en 1913. Mgr Guillibert qui l’apprécie l’appelle à Fréjus comme chanoine titulaire en 1915, mais l’abbé ne peut se résoudre à garder la résidence dans la cité épiscopale. Il reprendra donc du service comme aumônier des Petites Sœurs des pauvres à Toulon puis comme suppléant pendant sa maladie du chanoine Hippolyte Roudier, curé de Saint-Maximin : le chanoine Gamerre assume ainsi la fonction de doyen coadjuteur de Saint-Maximin. Il meurt à La Crau le 8 novembre 1937, à 76 ans.