Louis-Charles-Jean-Baptiste Michel (16 avril 1829 - mort le 22 février 1845)
Blason : fascé de sinople, d’or, de pourpre, d’or, de sinople, d’or et de pourpre, à 6 devises de gueules brochant sur les partitions, chargé de 21 tourteaux, de sable, posés sur les fasces à partir de la seconde qui est d’or : 6, 5, 4, 3, 2 et 1
Né à Aix le 12 juillet 1761, il est le fils d'Antoine, marchand bijoutier, et de Marie Anne Arnaud. L'enfant est baptisé le même jour en l'église de la Madeleine et porté par son parrain et cousin Louis Arnaud, avocat en la cour. Le jeune homme est ordonné prêtre le 24 septembre 1785, et commença son ministère au séminaire d’Aix. Au début des troubles, il dut s’exiler en Italie. L’abbé Pascal, futur curé de Carnoules, raconte comment lors des conférences théologiques organisées par les prêtres français réunis à Ferrare « un jour on mit à l’étude cette question : Quelle conduite conviendrait-il de tenir à l’égard des prêtres assermentés, dans le cas d’un retour en France ? On avait déjà dit des choses plus ou moins praticables, lorsqu’un prêtre encore jeune, à la chevelure blonde, à l’air angélique, se lève. Il s’excuse d’abord d’oser prendre la parole devant une telle assemblée ; on l’y a en quelque sorte contraint. Il traita la question avec tant de doctrine et de charité, que je me sentis attiré vers lui. Je demandai à l’abbé Besson, mort évêque de Metz, et mon voisin de place, s’il connaissait cet ecclésiastique. – C’est un des vôtres, me dit-il, et vous êtes voisins de logement. – Je me présentai le lendemain chez M. Bevilaqua, chez lequel le jeune orateur était placé en qualité de professeur et, dès ce jour-là, je fis la connaissance de l’abbé Michel, qui voulut bien me regarder comme un ami et que je suis heureux d’avoir aujourd’hui comme évêque. »
Au retour de la paix, il travailla à la réorganisation du culte sur l’agglomération toulonnaise, fut nommé curé de Saint-Pierre, de Saint-Louis puis de Sainte-Marie, l’ancienne cathédrale, en 1821. Il fut nommé chanoine honoraire du tout nouveau chapitre de Fréjus, reçut la Légion d’honneur en 1824 après avoir prêché l’oraison funèbre de Louis XVIII et fut nommé vicaire général honoraire par Mgr de Richery en 1827.
C’est sur l’insistance de son évêque qu’il fut nommé le 27 avril, puis préconisé le 27 juillet 1829, dans le même consistoire qui portait le pasteur de Fréjus sur le siège d’Aix (il avait été nommé le 16 avril précédent). Mgr de Richery tint à le sacrer lui-même en la cathédrale de Toulon, assisté de Mgr François de Miollis et de Mgr Fortuné de Mazenod, le 21 septembre 1829.
Il annonça dès le 22 juin 1830 la visite générale de son diocèse : durant son épiscopat il aura visité au moins deux fois chacune des paroisses, parfois à cheval ou même à pied. Lorsque le choléra s’abattit sur Toulon en 1835, il s’y précipita et alors que son vicaire général, le chanoine Joseph-Antoine Dubuy qui l’accompagnait avait succombé la veille du terrible mal, il présida une grande procession le 14 juillet et continua les jours suivants, prêchant et visitant les hôpitaux, jusqu’à l’apaisement du fléau.
Il établit les Conférences ecclésiastiques pour les prêtres dans le ministère. Il laissa une ample collection de mandements, lettres pastorales et circulaires.
Mgr Michel montra toujours une très grande piété ; on parla même de plusieurs phénomènes mystiques à son sujet. Il entretint des relations privilégiées avec les communautés religieuses, en particulier les Visitandines de Grasse et surtout les Carmélites qu’il installa à Fréjus, ou encore les Sœurs du Bon Pasteur qu’il fonda à Draguignan.
Il opposa toujours son sens de la mesure et une très grande prudence aux mouvements populaires et aux vexations du Gouvernement de Louis-Philippe, sans pour autant renoncer à exprimer avec dignité ce que lui dictait sa conscience. Si son épiscopat fut réputé « paisible et débonnaire » en des temps qui ne l’étaient pas, la fin de son pontificat fut assombri par des mécontentements qui visèrent son administration et plusieurs de ses vicaires (en particulier le chanoine Nicolas Riccardi accusé avoir la haute-main sur l’administration du diocèse), et qui se manifesta encore pendant la vacance du siège pour affecter enfin le pontificat de son successeur.
Il mourut assez subitement le 22 février 1845. Il fut inhumé le 17 mars, après que l’on ait pratiqué une fosse dans le chœur de la cathédrale de Fréjus.
Il était comte romain et assistant au trône pontifical.
Le fameux chanoine Riccardi rédigea la longue épitaphe qu’on lit encore dans la cathédrale de Fréjus sur une plaque de marbre qui rappelle le souvenir de l’évêque défunt :
D.O.M.
MEMORIAE
LUDOVICI KAROLI JOAN BAPTISTAE MICHEL AQUEN
EPISC FOROJULIEN
PIETATE IN DEUM PROXIMOS CARITATE IN OMNES BENEVOLENT
INSIGNIS
MORUM SUAVITATE MODESTIA MANSUETUDINE ANIMI DEMISSIONE
PRAESTANTISSIMI
IN EGENOS LIBERALITATE
NEMINI SECUNDI
QUI
ALTIORIB DISCIPLIN EXCULTISSIMUS
DOCTORALI LAUREA INSIGNITUS
QUOS UBERTIM HAUSERAT SACRAE SCIENTIAE THESAUROS
IN ARCHID AQUEN SEMINAR ALUMNOS FELICIOR SUCESS DIFFUDIT
MOX EXSURGENTE PERSECUT PROCELLA
VIRGINEUM FIDEI DECUS
PATRIIS FINIBUS EXSUL ILLIBATUM SERVAVIT
RESTITUTA DEIN ECCLESIAE GALLIAR PACE
PAROCHI MUNUS
DIFFICILLIMIS REI CHRISTIANAE ET PUBLICAE TEMP
TOLONI ANN DUODETRIGINTA SUMM OMN LAUDE SUBSTIN
TUM SEDI FOROJULIEN PRAEFECTUS
RELIGIONIS AMPLIFICANDAE ZELO
NECNON CLERI POPULIQ AD SANCTIOR VITAE NORMAM COMPONEN
PLURIM INSUPER PRAECLARE SANCTEQ GESTIS
ECCLESIAM SIBI COMMISSAM
ANN XV ILLUSTRAVIT FORMA FACTUS GREGIS EX ANIMO
SS D. N. GREGORIO XVI P.O.M . ACCEPTISSIMUS
ATQUE INCLYT ROMANOR COMITUM ORDINI
AMPLISSIMOQ EPISCOPOR SOLIO PONTIF ADSISTEN COLLEGIO
AB EODEM ADLECTUS
OBIIT VIII KAL MARTII ANNO DOMINI MDCCCXLV
AETAT SUA LXXXIV
EJUS MORTALES EXUVIAE IN CHORO AD CORNU EPIST TUMULAT
JACENT
(traduction : « A Dieu très bon et très grand. A la mémoire de Louis Charles Jean-Baptiste Michel, né à Aix, évêque de Fréjus, remarquable par sa piété envers Dieu, sa charité envers le prochain, sa bonté envers tous, remarquable par la douceur de ses mœurs, sa modestie, sa mansuétude, son humilité, inférieur à personne par sa libéralité envers les indigents, qui, après s’être appliqué aux plus hautes études et avoir obtenu les palmes du Doctorat, répandit avec succès parmi les élèves du séminaire d’Aix les trésors de la science sacrée dont il était rempli. Bientôt quand se fut élevée la tempête de la persécution, il quitta sa patrie et conserva intacte l’honneur virginal de la foi. La paix ayant été ensuite rendue à l’Eglise des Gaules, il exerça à Toulon pendant trente-deux ans à la satisfaction générale et dans des temps très difficiles pour l’Eglise et la Patrie, les fonctions de curé. Enfin placé à la tête du siège de Fréjus, plein de zèle pour le développement de la religion, s’appliquant à procurer la sanctification du clergé et du peuple, il illustra pendant quinze ans par un grand nombre d’actions saintes et éclatantes l’Eglise qui lui était confiée, en devenant par son esprit la forme de son troupeau. Très estimé de Sa Sainteté Grégoire XVI, Pontife très bon et très grand, et nommé par lui comte romain et assistant au trône pontifical, il mourut le huit des calendes de mars de l’année 1845, à l’âge de 84 ans. Ses dépouilles mortelles sont ensevelies dans le chœur du côté de l’épître. »)
Inscription funéraire : Hic jacet Ludovicus Carolus Ioannes Baptista Michel episcopus Foroiuliensis obiit VIII kalendas martii an D. MDCCCXLV.