Pierre Prévôt
Probablement issu de la famille qui avait pris son nom de la charge de prévôt de la ville de Bergerac et dont les fiefs de la Force et de Maduran se situent à proximité, sur les rives de la Dordogne, Pierre Prévôt (alias Praepositus) était chanoine de la cathédrale Saint-Etienne-de-la-Cité à Périgueux. On voit ainsi, de la même famille aux multiples allances avec les Talleyrand, un Armand Prévôt, seigneur de la prévôté de Bergerac, inféoder au chapitre de Périgueux sa portion des dîmes de Bergerac, le 29 mars 1276. Mais c’est au siècle suivant qu’apparaît Pierre qui, outre le fait d’appartenir au chapitre périgourdin possède quelques bénéfices à Fréjus à savoir l’archiprêtré de la Mole et une stalle à la cathédrale. Ce qui le désigne comme étant membre du personnel de la curie pontificale, souvent recruté dans les réseaux du Sud-ouest à l'époque des papes d'Avignon, et alimenté par les prébendes disponibles quelle qu'en soit la situation géographique. Mais quand le pape Urbain V, soucieux de limiter le cumul des bénéfices, lui confère le 31 mars 1370 la vicairie perpétuelle de l’église Saint-Front de Périgueux, c’est à condition qu’il se démette de ses deux bénéfices du diocèse de Fréjus. On retrouve ici la même situation que dans le cas d'Aymeric de Campuac, six ans plus tôt.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.
