Mgr Joseph Heintz, (1886-1958), chanoine d’honneur
Joseph-Jean Heintz naît à Reims le 29 janvier 1886 dans une famille alsacienne qui avait quitté sa terre natale après l’annexion allemande, fils de Joseph Heintz et de Catherine Eichenlaub. Il est ordonné prêtre le 21 mai 1910 pour le diocese de Reims. Pendant la Grande Guerre, il sert comme aumônier militaire. Il est ensuite curé de Charleville-Mézières quand lui parvient l’annonce de sa nomination sur le siège de Troyes le 7 décembre 1933. Il reçoit la consécration épiscopale le 25 janvier 1934. Très intéressé par les questions liturgiques, il a aussi gardé un profond souci de l’Action catholique depuis le Congrès national de l’Union des Oeuvres tenu à Reims en 1927. Le transfert à Metz le 4 mars 1938 de cet Alsacien porteur d’un réel attachement à la France apparaît comme un signe à la veille de la guerre qui s’annonce. Les troupes allemandes entrent dans sa ville le 17 juin 1940 et la Moselle est annexée de fait le 25 juillet suivant. Les Allemands interdisent la traditionnelle procession du 15 août qui conduit chaque année les Messins place Saint-Jacques, au pied de la statue de Notre-Dame, patronne de la France, érigée à la suite du voeu de la population lors de la Grande Guerre. Mais spontanément les habitants s’y rassemblent en nombre et y déposent des montagnes de fleurs. Parmi la foule impressionnante, la présence de Mgr Heintz ne passe pas inaperçue. Le lendemain, alors qu’il se prépare à dire la messe à 6h30, l’évêché est encerclé et le prélat est sommé de partir dans les deux heures : on veut l’obliger à se mettre en civil, ce qui sera impossible étant donné sa garde-robe forcément dépourvue de ce genre d’effets, on lui confisque jusqu’au calice qu’il comptait prendre avec lui ; il est finalement escorté par deux officiers jusqu’à la ligne de démarcation, partageant le sort des 300 000 Mosellans déjà évacués. Il est alors accueilli par le cardinal Gerlier à Lyon d’où il essaie de gouverner son diocèse éclaté, par sa correspondance, des visites aux Mosellans dispersés, un journal ronéoté, et par l’intermédiaire de ses vicaires généraux restés à Metz. Il se met aussi au service du diocèse de Saint-Flour, foyer très vigoureux de résistance. C’est au cours de cet exil qu’il officie dans la cathédrale de Clermont-Ferrand le 1er décembre 1941 comme co-consécrateur de Mgr Gaudel aux côtés de l’évêque de Nancy, Mgr Fleury, présences symboliques pour le réfugié qu’était aussi l’ordinand. Ayant été intronisé à Fréjus, Mgr Gaudel donnera en 1942 les titres de chanoines d’honneur de Fréjus aux trois évêques consécrateurs NN. SS. Piguet, Heintz et Fleury ainsi qu'à Mgr Ruch, évêque de Strasbourg, empêché par la maladie de participer au sacre. L’évêque de Metz ne pourra réintégrer son diocèse qu’à l’automne 1944. Il s’attachera à la reconstruction, affrontant inlassablement les nouveaux problèmes liés à l’immigration, aux transformations sociales, à l’industrialisation et à la chute des vocations sacerdotales. Il apportera son soutien aux mineurs lors de la grande grève de 1948. Il meurt à Metz le 30 novembre 1958.
On consultera à son sujet le livre de l’abbé Antoine Sutter, Mgr Joseph-Jean Heintz (1886-1958) centième évêque de Metz, pèlerin de l’espérance, Metz, Evêché, 1987.