Mgr Charles Ruch (1873-1945), chanoine d’honneur
Né le 24 septembre 1873 à Nancy de parents alsaciens ayant dû quitter l’Alsace à la suite de la défaite de 1871, Charles Ruch manifeste dès son plus jeune âge une vocation sacerdotale. Il rentre naturellement au petit séminaire puis au grand séminaire de Nancy en octobre 1890. En 1892, il effectue son service militaire au 26ème régiment d'infanterie de Lyon. On se souvient de lui pour avoir fait en quelques mois de ses camarades de chambrée de véritables chrétiens. Après la caserne, Charles Ruch réintègre le séminaire de Nancy avant d'être envoyé par son évêque à l'Institut Catholique de Paris. Ordonné prêtre le 18 juillet 1897, il est reçu docteur en théologie en 1898. A ce moment-là, Mgr Thurinaz le nomme professeur de théologie et père spirituel au séminaire de Nancy. Il occupera ces fonctions jusqu'en 1907, année où il est nommé vicaire général. Âgé de 34 ans, et sans aucune expérience paroissiale, l'abbé Ruch est jeté en pleine mêlée pour suivre de près les événements récents liés aux lois de séparation de l’Église et de l’État. Brillant et doué d'innombrables capacités, l’abbé Ruch est proposé pour succéder à Mgr Thurinaz : il devient donc coadjuteur de Nancy, sacré le 16 juillet 1913, avec le titre d’évêque de Gérasa. Lorsque la guerre éclate en 1914, il est mobilisé et affecté comme aumônier militaire au 20ème corps. En 1916, il reçoit avec Mgr de Llobet, archevêque d'Avignon la juridiction sur tous les prêtres-soldats de l'armée française. Quelques mois avant la fin de la guerre il est démobilisé pour se rapprocher de Mrg Thurinaz très affaibli. Pendant toute la guerre, c'est bien lui qui avait, en réalité, administré le diocèse de Nancy, dont le pasteur voyait ses forces décliner. Il prit la tête du diocèse à la mort de Mgr Thurinaz le 26 octobre 1918. Six mois plus tard sur la demande expresse du gouvernement français, il fut transféré sur le siège épiscopal de Strasbourg pour remplacer l'évêque de Strasbourg, Mgr Fritzen, de nationalité allemande. Monseigneur Ruch occupa cette charge jusqu'à sa mort le 29 août 1945. Mgr Gaudel qui l’avait eu pour formateur au séminaire de Nancy et l’avait retrouvé comme évêque à Nancy puis à Strasbourg le nomma chanoine d’honneur de sa cathédrale à l'été 1942, quand, voulant témoigner son attachement aux vénérés prélats qu'il avait particulièrement connus avant sa nomination à l'évêché de Fréjus, il pria également Mgr Piguet de qui il avait reçu la plénitude du sacerdoce, Mgr Fleury et Mgr Heintz de bien vouloir accepter ce titre. Mgr Ruch avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1915, officier en 1921, puis commandeur en 1931 pour le motif suivant : « Au cours des circonstances les plus douloureuses qu'ait pu connaître son âme de pasteur, Mgr Ruch n'a jamais faibli dans l'accomplissement des devoirs que lui dictait sa conscience de prélat concordataire et de Français. Aucune attaque, aucune pression n'a pu le faire dévier de la voie où l'engageait son ardent amour de la France. Avec éclat, il a su faire revivre les grandes traditions nationales qui faisaient la fierté du siège épiscopal de Strasbourg. Belle figure d'évêque français ».
On consultera à son sujet le livre du Père Pierre Lorson intitulé Charles Ruch, évêque de Strasbourg, éditions F-X. Leroux et Cie, 1948.