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Paul Ailhaud (15  -1662)

Paul Ailhaud (Aillaud, Gailhaud), d’une famille aixoise bien assise, est reçu docteur en théologie et entre au chapitre métropolitain d’Aix vers 1630 pour y occuper la stalle de théologal. En septembre 1639, Paul Ailhaud est directeur de la compagnie du Saint-Sacrement d’Aix. Le chanoine Ailhaud entre au chapitre de Fréjus également en qualité de théologal pour succéder à messire Pierre Germond décédé le 4 février 1641, présenté par le chapitre contre le candidat de l’évêque, Jacques Talent. Si Claude Thomassin est attesté comme théologal  de Fréjus dès 1650, le chanoine Paul Ailhaud aura donc résigné sa stalle peu après l’avoir reçue. Or précisément à cette époque on voit un François Gailhaud entrer en conflit pour un canonicat fréjusien avec Pierre Rabiers qui, lui, sera maintenu en possession de sa stalle peut-être au détriment d’un possible parent de Paul Ailhaud. Cet érudit est membre de la faculté de théologie d’Aix : on le voit ainsi, avec ses collègues, censurer le 3 mars 1644 le livre du Père Jean de Launoy, Disquisitio disquisitionis de Magdalena Massiliensi advena (Paris, 1643), qui évoque la présence de Marie Madeleine en Provence. Un éloge de Gassendi le présente comme « ce célèbre M Aillaud, professeur de théologie, directeur de tous les savants de la ville d’Aix, arbitre de tous les différends et dispensateur de tous les bénéfices de la Provence », qui aurait tenté de procurer à son ami des avancements que le chanoine philosophe aurait décliné. De la riche bibliothèque de Paul Ailhaud, la municipale de Marseille (codex 209) conserve encore aujourd’hui un somptueux manuscrit des Lettres de saint Augustin, réalisé au XVème siècle dans l’entourage du roi René, orné de miniatures du « Maître de Jouvenel des Ursins », que le chanoine avait légué à sa mort au couvent des jésuites d’Aix.

Après la publication de l’édit royal d’octobre 1647 qui institue à Aix une seconde cour souveraine appelée "semestre" devant siéger alternativement avec le puissant Parlement de Provence dans le but de diminuer sa puissance, une sorte de guerre civile s'ensuit et le comte d'Alais, alors gouverneur, met le siège devant la ville d'Aix. Pour obtenir la paix, le chanoine Paul Ailhaud fait le vœu de dédier à la Vierge une chapelle sous le vocable de Notre-Dame de Délivrance et d'y faire placer un tableau commémoratif. En août 1649, les troubles prennent fin par la victoire du Parlement sur le comte d'Alais, fait captif au palais comtal. Le chanoine Ailhaud fait alors élever un autel dans la chapelle des visitandines et fait placer au-dessus une toile peinte par "l'illustre Monsieur Daret", l'artiste le plus célèbre de l'époque en Provence. Paul AilhaudL'œuvre représentait la Sainte Vierge suppliant la Trinité d'intercéder en faveur de la ville d'Aix qu'elle désignait de sa main droite. Tout autour, des anges portaient des rameaux d'olivier et au-dessus figurait l'inscription : "Urbis et provinciae liberatrici Virgini Votum", dont le Musée du Vieil Aix conserve encore un fragment.

En mars 1656, il fonde à Aix la Compagnie de la propagation de la foi avec le chanoine Nicolas de Mimata, vicaire général et official du diocèse d'Aix ; il en sera le directeur en 1658 et dans ce cadre rédige en 1660, en compagnie du vicaire général, des mémoires destinés à dénoncer à l'Assemblée du Clergé les contraventions des réformés à l'Edit de Nantes. La même année 1656, toujours avec le chanoine de Mimata et Jean Aubert, chapelain de Saint-Sauveur il est à l'origine de ce qui deviendra le séminaire d’Aix en donnant comme eux 1000 livres pour l’achat d’une maison proche du palais archiépiscopal pour y établir une maison de formation pour les futurs prêtres, projet qui ne sera réalisé qu’en 1658 par Mgr de Grimaldi.

Notre savant chanoine semble avoir eu à cœur de favoriser les vocations sacerdotales : une autre preuve nous en est donnée par ce témoignage du futur vicaire apostolique du Tonkin (voir notice sur la famille Deydier), le jeune François Deydier qui, déjà minoré,  est raffermi par lui dans sa vocation : « Après Dieu c’est à M. Aillaud que je dois ma conversion. » Le chanoine Ailhaud meurt le 2 février 1662.