Mgr Maurice Rivière (1859-1930), chanoine d’honneur
Maurice-Louis-Marie Rivière nait à Paris le 6 juin 1859 et reçoit le baptême dans l’église Notre-Dame-des-Victoires. Son père est administrateur du Crédit Foncier et architecte de la ville de Paris, sa mère est sœur de Georges Gamard, conseiller municipal de Paris et député de la Mayenne qui est encore l’oncle du cardinal Richard. Maurice est l’aîné de six enfants dont l’un, Pierre, sera curé de Saint-Thomas-d’Aquin. Après avoir fait ses études au collège Stanislas, il passa six ans à Rome au Séminaire français d’où il revint avec le grade de docteur en philosophie. Ordonné prêtre le 8 avril 1882 en la cathédrale Saint-Jean-de-Latran, l’abbé Maurice Rivière pense se consacrer aux Missions étrangères et séjourne trois mois rue du Bac au siège de la Société. Finalement il demande au cardinal Guibert une place dans le diocèse de Paris. L’archevêque qui a vite jugé le candidat l’affecte d’abord comme vicaire à la Madeleine puisqu’ « il convient d’être novice là où l’on doit être profès ». Pendant quinze ans il s’y dépensa dans un apostolat laborieux et fécond. En 1898, il est nommé curé de Saint-Antoine des Quinze-Vingt où il construisit la nouvelle église puis, finalement, de la Madeleine. Il remplit sa mission avec zèle notamment dans les heures tragiques du début de la guerre. Le 1er juin 1915, Benoît XV le choisit comme évêque de Périgueux, il est sacré le 21 septembre. Cinq ans plus tard, le 9 juillet 1920, il est transféré au siège archiépiscopal d’Aix en remplacement de Mgr Bonnefoy. Comme son prédécesseur, il recevra le titre de chanoine d’honneur de Fréjus, en 1922. Très bon, notamment avec ses prêtres, il sut aussi gouverner avec l’autorité dont il était investi. C’est sous son épiscopat qu’eut lieu l’affaire de l’Action Française, condamnée par le pape Pie XI, qui ne manqua pas d’intéresser le diocèse d’Aix où le jeune Maurras avait passé toute son enfance sous la férule d’ecclésiastiques éminents (on se souvient que Mgr Guillibert l’avait eu pour élève). Lors de sa visite ad limina en octobre 1926, Mgr Rivière osera plaider la cause de l’Action Française, porteur d’un dossier dont on se rendit compte qu’il avait été visiblement fourni par Maurras lui-même. L’accueil du pape fut glacial et l’archevêque sortit marri de l’audience. Fin janvier 1929, l’autorité romaine veillant, Mgr Rivière se voit contraint d’interdire les funérailles d’un conseiller municipal de Barbentane, fervent catholique, membre de l’Action Française ; en l’absence de prêtre, deux mille personnes pénètrent dans l’église et accompagnent le défunt en chantant les prières des morts, l’archevêque jette alors l’interdit sur la paroisse le 24 janvier, qu’il ne lèvera que le 5 février après la soumission des notables de la ville, et recevant cette fois la bénédiction de Pie XI qui avait suivi l’affaire par le biais de la nonciature… L’archevêque mourut l’année suivante au château du Vast (Manche), le 28 septembre 1930, après des semaines de maladie, non sans avoir échangé avec le pape jusqu’à la fin d’émouvants sentiments de communion totale à l’approche de la mort. Il fut inhumé dans sa cathédrale le mardi 7 octobre 1930.