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Mgr Gabriel Piguet (1887-1952), chanoine d’honneur

Mgr Gabriel PiguetpiguetEmmanuel-Joseph-Gabriel Piguet naît le 24 février 1887 à Mâcon, fils de Théodore Piguet, négociant et de Catherine Descombes. Le jeune Gabriel fait d'abord ses études au collège jésuite de Notre-Dame de Mongré à Villefranche-sur-Saône, et entre au séminaire de Saint-Sulpice à Paris en 1904. Il est ordonné prêtre le 2 juillet 1910 pour le diocèse d’Autun. Il va poursuivre ses études à Rome d’où il rentre avec un doctorat de théologie. En 1912, Gabriel Piguet est nommé vicaire à la cathédrale d’Autun. Pendant la Première Guerre mondiale, le jeune prêtre est mobilisé comme brancardier. En septembre 1915, il reçoit une balle qu'il gardera dans la colonne vertébrale toute sa vie. Cette blessure lui vaut d'être réformé en 1917. Il retourne alors à Autun et s'investit dans l'Action catholique auprès des jeunes, qu’il développera quand il sera nommé vicaire général. Le 7 décembre 1933, il est appelé à devenir évêque de Clermont. Il reçoit l’ordination épiscopale le 27 février 1934. Là encore, il développe l'Action catholique, et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (J.O.C.), s'inscrivant dans le mouvement de l'Église catholique de reconquête du monde ouvrier, notamment représenté par les usines Michelin. Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Mgr Piguet se conduit en évêque ardemment patriote, en s’adressant aux séminaristes : « Aujourd'hui, le service de la France unanime contre la tyrannie nazie devenue l'allié de la barbarie bolchevique, a appelé un grand nombre d'entre vous sous les drapeaux. Une fois de plus, la cause du droit, de la liberté de la paix, de la civilisation chrétienne a pour champion la France et ses alliés. » Ancien combattant, l’évêque s’investit naturellement dans la Légion française des combattants puis se montrera plus discret après la mise en garde du nonce Mgr Valerio Valeri auprès des prélats et ecclésiastiques. Dès 1940, l’évêque demande aux institutions religieuses du diocèse de cacher des enfants juifs (il recevra à titre posthume la médaille des « Justes parmi les nations », le 22 juin 2001). Il ordonne évêque Mgr Gaudel le 1er décembre 1941 dans la cathédrale de sa ville où s’était réfugié le séminaire universitaire de Strasbourg. A l'été 1942, Mgr Gaudel voulant témoigner son attachement aux vénérés Prélats qu'il avait particulièrement connus avant sa nomination à l'évêché de Fréjus pria Mgr Piguet de qui il avait reçu la plénitude du sacerdoce, ainsi que NN. SS. Ruch, Fleury et Heintz de bien vouloir accepter le titre de chanoines d'honneur de sa cathédrale. Convoqué par la Gestapo le 28 mai 1944, Mgr Piguet est arrêté le jour de la Pentecôte devant sa cathédrale pleine de fidèles ébahis, alors qu’il allait y célébrer la messe pontificale. Il est déporté au Struthof puis à Dachau. Dans la nuit du 17 décembre 1944, au petit matin, l'impensable se produit. Au nez et à la barbe des nazis, dans ce camp de la mort dont certains survivants diront en témoignage « qu’il était interdit à Dieu d'entrer », Mgr Piguet, vêtu de ses habits pontificaux, incroyablement confectionnés par des complices de misère dans le camp de Dachau, procède à l’ordination sacerdotale de Karl Leisner, jeune diacre allemand, soufrant de tuberculose, déporté pour ne pas s'être indigné de l'attentat manqué contre Hitler à Munich. Le nouveau prêtre pourra dire sa première messe le 26 décembre 1944 et mourra le 12 août 1945, peu après avoir été libéré ; il a été béatifié en 1992. C’est le 14 mai 1945 que Mgr Piguet peut rentrer à Clermont-Ferrand où il est accueilli triomphalement par la population. Il meurt à Clermont-Ferrand le 3 juillet 1952. Mgr Gaudel est présent à ses funérailles célébrées le 9 juillet.