Laurent Casabianca (1843-1909)
Laurent-Marie Casabianca nait dans une fratrie de neuf enfants le 27 février 1843 à Pigna (diocèse d’Ajaccio), au foyer des fervents chrétiens Jean Casabianca et Julie-Marie Franceschini qui, à la naissance de l’enfant, prédit sa vocation sacerdotale. Enfant de choeur, il reçoit du curé de Pigna, l’abbé Olivi, la curieuse mission de prêcher la nuit de Noël : le garçon, après s’être fait tirer l’oreille, apprit par cœur le sermon préparé en italien par son curé et le débita sans broncher à l'admiration de tous. Il commença ses études secondaires au collège de Corbara, dirigé par les Dominicains et les acheva au petit séminaire d’Ajaccio. Il va faire ensuite sa théologie au séminaire Saint-Sulpice de Paris. Ordonné prêtre à Noël 1869 pour le diocèse de Paris, il est nommé le 1er janvier 1870, vicaire à Notre-Dame de Boulogne et le 1er novembre suivant vicaire à Saint-Ferdinand-des-Ternes. Pendant la Commune, il peut échapper à l’insurrection grâce à un laissez-passer délivré par un employé de chemin de fer, partisan de la Commune, qui ignorait sa qualité d’ecclésiastique. Six mois après, le jeune vicaire apprend que son bienfaiteur involontaire est mourant ; il se rend auprès de lui, se fait reconnaître ; l’entrevue est émouvante ; il le ramène à Dieu et acquitte sa dette de reconnaissance en lui assurant la vie éternelle. L’abbé Casabianca restera trente-trois ans et demi dans cette même paroisse (mis à part un passage furtif à St-Roch) avec trois curés successifs qui apprécièrent son sérieux et son zèle. Il a travaillé à l’agrandissement de l’église en y apportant sa contribution généreuse, à la fondation des écoles paroissiales libres, etc. Second puis premier vicaire de St-Ferdinand, chapelain puis chanoine d’honneur de Lorette, il est fait chanoine honoraire de Fréjus en juillet 1890 par Mgr Oury. C'est le jeudi 16 octobre de cette année, qu'au cours de l'office capitulaire du matin, l'abbé Casabianca fait profession de foi et reçoit du doyen du chapitre les insignes de sa nouvelle dignité. A une époque où elles fleurissent, le chanoine Casabianca appartient à quantité de sociétés savantes : membre fondateur de la Ligue corse d’enseignement et d’éducation, membre adhérent de la Société des gens de lettres de France, membre de la Société des études historiques, membre de l’Académie des arcades de Rome, il est encore membre de la curieuse Société des avocats de Saint-Pierre, créée en 1877 pour défendre les intérêts du Saint-Siège, supprimée en 1909. Il collabore à la Revue des Etudes historiques, à la Revue des Questions historiques, à la Revue du monde catholique. Convaincu que l’évangélisation passe aussi par une reconnaissance du clergé dans le domaine intellectuel et culturel, il publiera une vingtaine d’études et autres opuscules dont : Notice sur la vie, la mort et les funérailles de Mgr François-Xavier-André de Gaffory (1877), Écrin de Notre-Dame de Lourdes comprenant les Heures pieuses du pèlerin aux pieds de Marie (1877), Trente Jours à la campagne, ou le Salut par la nature (1885), Le Berceau de Christophe Colomb et la Corse (1889), Le Prêtre en voyage (1889), Le Berceau de Christophe Colomb devant l'Institut de France et l'opinion publique (1890), Saint François d'Assise (1890), L'ambassadeur Pozzo di Borgo (1892), Glorification religieuse de Christophe Colomb (1892), Jésus mieux connu (1900), Les Mesures linéaires et le saint suaire de Turin (1903), Je vais à Jésus (1905), La Sainte Vierge dans l'art (1905), Histoire de la paroisse de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle (1908). Déclinant en 1901 la charge de vicaire général que lui offrait Mgr Olivieri, évêque d’Ajaccio, il accepta de lui la mosette de chanoine honoraire. Le 2 mai 1904, il est installé curé de Notre-Dame de Bonne Nouvelle, paroisse parisienne dans laquelle il fut deuxième successeur du chanoine Chirac. Là, il affrontera avec courage et dignité la laïcisation des biens de l’Eglise. Il meurt en 1909.