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Jean-Baptiste de Montblanc (1758-1834)

Jean Baptiste de MontblancJean-Baptiste « Demonblanc » naît à Sausses (dans le diocèse de Glandèves) le 7 janvier 1758 et reçoit le baptême le lendemain dans l’église paroissiale. Son parrain est seigneur du village : Jean-Baptiste Durand, avocat en la cour. Du mariage de ses parents, Louis-Joseph de Montblanc (1726- ) et Marguerite André (1730-1799), mariés en 1748, naquit une très nombreuse progéniture dont Jean-Baptiste est au moins le quatrième. Après deux filles et un garçon naîtra encore en 1767 Augustin-Louis, qui deviendra un jour archevêque de Tours et pair de France. A sa mort le panégyriste pourra louer la discrétion du prélat sur la noblesse de ses origines, lui qui était né « de parents dont l’illustration remonte au temps des Croisades.» Sans aller jusque-là, cette branche familiale (Louis-Joseph est fils de Jean-Joseph (1691-1761) et de Marguerite Fournier (1699-1776) ; Jean-Joseph est fils d’Augustin (1661-1740) et de Marie Fabre († 1728) ; Augustin est fils d’Annibal marié en 1650 avec Baptistine de Montblanc ; Annibal est fils de Jean et de Jeannette Jausselet) doit se rattacher à cette ancienne famille des seigneurs de Sausses, dont on trouve des traces depuis le XVème siècle, qui s’était alliée avec les Blacas, Flotte, Glandevès, Castellane, Martin et autres maisons de la noblesse provençale. Jean-Baptiste bénéficia d’une éducation familiale baignée des vertus chrétiennes. L’archevêque de Tours témoignait combien la phrase de Blanche de Castille qu’aimait à redire leur mère : « Mon fils je préfèrerais mourir que d’apprendre que vous avez commis un seul péché mortel », avait imprégné sa conscience d’enfant. Un oncle est déjà prêtre : Pierre de Montblanc (1720-1800), que la Révolution trouvera curé de Braux. Jean-Baptiste entre au séminaire probablement à Aix, comme le fit après lui Augustin-Louis et reçut la consécration sacerdotale. Au début de l’année 1791, il est vicaire à Saint-Martin d’Entrevaux, quand il est exigé de tous les ecclésiastiques en fonction qu’ils prêtent serment d’allégeance à la Constitution Civile du clergé : alors qu’à Entrevaux, les curés de Notre-Dame et de Saint-Martin, les vicaires et les régents des petites écoles prêtent serment, Jean-Baptiste de Montblanc demande un délai de quinze jours à la municipalité, qui doit en référer aux administrateurs du département. Il va tout tenter pour gagner du temps, jusqu’au moment où sa sécurité sera menacée : le 13 mars, il annonce au prône que le dimanche suivant il prêtera ledit serment ; mais, quand, huit jours plus tard, les officiers municipaux se présentent pour le recevoir, ils entendent l’intrépide vicaire déclarer du haut de la chaire qu’il ne s’exécuterait pas tant que le Souverain Pontife n’aurait pas fait entendre sa voix. Tollé dans l’église : les uns applaudissent, manifestent bruyamment leur joie alors que d’autres vocifèrent et menacent du poing ! Floués, les officiers municipaux en sont quittes pour dresser procès-verbal et s’adresser aux administrateurs du district : « Indiquez-nous la route à suivre pour réprimer pareil abus, et les démarches que la municipalité doit faire. »

Finalement, au milieu d’une défection quasi générale du clergé (91% du clergé prête serment dans le département des Basses-Alpes), parce que le bref Quod aliquantum signé le 10 mars ne lui était probablement pas encore parvenu, l’abbé cède le 10 avril, en essayant de prouver que le serment ne touche ni au dogme ni à la foi… Trois jours plus tard, le 13 avril, le pape Pie VI signait le second bref condamnant la Constitution Civile du clergé… L’abbé Jean-Baptiste de Montblanc se rétracta alors très vite. Son oncle, Pierre avait eu lui aussi la faiblesse de jurer mais ne reviendra pas sur son serment et se retirera en 1794 avec une maigre pension à Sausses, son village natal où il mourra, « ministre du culte catholique, profession de prêtre », le 12 novembre 1800. Mais Jean-Baptiste, ayant rejoint Sausses après sa courageuse rétractation, devra partir sur les routes de l’exil (liste des émigrés du 19 août). On sait que son frère Augustin-Louis gagnera l’Italie, séjournera à Rome, avant de devoir rejoindre l’Angleterre. A la fin de la tourmente, Jean-Baptiste réintègre le clergé de son diocèse et devient chanoine titulaire de la cathédrale de Digne en 1821. Les diocèses voisins qui bénéficièrent peut-être de son ministère voulurent à la Restauration honorer sa fidélité, c’est ainsi qu’il devint chanoine honoraire d’Aix et chanoine honoraire de Fréjus le 13 septembre 1826, avec le titre de Vicaire général. Son frère, Augustin-Louis, après avoir été nommé évêque de Saint-Dié dans la tentative avortée de recomposition de la carte ecclésiastique de 1817, fut appelé comme coadjuteur de Mgr du Chilleau à Tours et lui succéda comme archevêque en 1824. Ce fut l’occasion pour Jean-Baptiste de recevoir d’autres marques de reconnaissance : un canonicat et un vicariat général de Tours et, en 1829, un canonicat honoraire au chapitre royal de Saint-Denis. Il mourut chez un de ses frères, au château de Sausses, le 30 avril 1834.