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Famille Courdouan

Vieille famille de Lorgues dans laquelle on exerce depuis plusieurs générations le métier de maréchal-ferrant, la famille Courdouan a forgé quelques tempéraments sacerdotaux. L’époque de la Révolution française a connu notamment un Jacques Courdouan, né à Lorgues le 2 février 1753, devenu capucin sous le nom de Père Léon, aussi recommandable par son éloquence que par ses vertus, qui se réfugia à La Seyne lorsque son couvent de Gémenos fut fermé et qui continua d’administrer les sacrements dans la clandestinité. On affirme que beaucoup de Toulonnais lui ont fait baptiser leur enfant. Il mourut à Solliès-Pont le 10 mars 1837.

Le maréchal-ferrant Joseph Courdouan et son épouse Claire Caissard donnèrent naissance à Louis en 1758 puis à Nazaire en 1764 (qui doit son prénom au fait que ses parents s’étaient établis à partir de 1761 à Saint-Nazaire, ou Sanary). Nazaire (1764-1856) donnera naissance au chanoine Etienne Courdouan ; l'aîné, Louis (1758-1824), sera le père d’Edouard qui donnera le jour au chanoine Louis Courdouan.

Etienne Courdouan (1791-1854)

Etienne Courdouan Etienne-André Courdouan nait le 25 décembre 1791 à Lorgues, il est le fils de Nazaire Courdouan, maître maréchal-ferrant et de Madeleine Isnard. Il est curé de Solliès-Pont en 1828, puis de Saint-Louis, à Toulon où il est installé le 8 septembre 1834. Il reçoit le 21 novembre de la même année sa nomination de chanoine honoraire. Après la mort du chanoine Chabaud, le 24 décembre 1835, il est appelé à lui succéder comme curé-archiprêtre de Sainte-Marie de Toulon où l'installe le chanoine Blacas, vicaire général, le 25 mars 1836. Il devient ainsi dans ce poste le troisième successeur de Mgr Michel, alors évêque de Fréjus. Messire Courdouan y restera jusqu’à sa mort, en 1854. Très populaire, il obtiendra d’être fait chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur le 30 avril 1836. Il développe le culte à Notre-Dame sous le vocable d’Advocata Tolonensis, en faisant construire en 1839 la grande niche où elle est encore vénérée dans la cathédrale. Il préside à la création de chapelles suburbicaires qui deviendront des paroisses, comme aux « Maisons-Neuves » (l’actuelle Saint-Jean-du-Var), qui deviendra la paroisse Saint-Cyprien. Ses rapports avec le nouvel évêque, Mgr Wicart, arrivé en 1845 et notoirement étranger aux usages provençaux, seront des plus orageux. Le chanoine Espitalier explique comment l’hostilité du clergé à son égard s’était manifestée dès les premiers jours et ne fit que grandir au fil des années : « comme le centre de l’opposition se trouvait à Toulon, Mgr Wicart s’y rendit, réunit le clergé de la ville et des faubourgs, et fit entendre des plaintes amères ». Et notre historien poursuit, après quelques épisodes : « la mort inattendue de M. Courdouan vint compliquer la situation et aigrir encore davantage les esprits. Chacun vit, dans ce triste évènement, la conséquence des amertumes dont l’Evêque avait abreuvé la vie du défunt, et comme M. Courdouan avait la sympathie de toute la ville et de tout le clergé, on fut unanime à blâmer encore davantage Mgr Wicart. Aussi quand le prélat vint présider lui-même les funérailles du vénérable Archiprêtre, il comprit à l’attitude du clergé et des fidèles qu’il s’était aliéné tous les cœurs. Plusieurs même le lui dirent ouvertement ». Le chanoine Courdouan s’était éteint le 13 novembre 1854. Quelques mois, plus tard, Mgr Wicart était transféré au nouveau siège de Laval…

Louis Courdouan (1814-1910)

Jean-Baptiste-Louis-Stanislas Courdouan naît à Lorgues le 20 juillet 1814 d’Edouard, maréchal-ferrant, et de Suzanne Trotobas qui constituaient une famille authentiquement chrétienne. Un pensionnat venait d’y être ouvert où entra le garçon à l’âge de neuf ans. Sa vocation s’y épanouit et s’affermit : il poursuivit au grand-séminaire de Fréjus et fut ordonné prêtre le 23 décembre 1837. S’ouvrait pour lui une carrière sacerdotale qui durera 73 ans ! Successivement vicaire à Bargemon, Fréjus, Hyères, Saint-Louis de Toulon (de 1851 à 1856), aumônier du pensionnat de Saint-Maur, il donna dans chacun de ces postes la mesure de son zèle avec la gravité qui sera sa marque. On lui confia ensuite comme curé les paroisses de Pignans en 1856, de Saint-Nazaire (Sanary) en 1867, Saint-Maximin en 1874. Esprit cultivé, il ne parlait jamais sans une sérieuse préparation, ne négligeant aucun des moindres devoirs du pasteur, son tempérament était impétueux et il fut le premier à souffrir de cette violence qu’il maîtrisait au mieux et réparait, le cas échéant, avec beaucoup d’humilité. Lorsqu’il fut curé de Pignans, animé d’une dévotion fervente à Notre-Dame des Anges, il s’investit dans la construction d’une chapelle plus spacieuse, il y engagea ses quelques économies et son ardeur de jeune curé, avec l’accord de son évêque. Or à la veille de sa bénédiction, Mgr Jordany en ordonna la démolition, ce qui lui infligea une amère humiliation : lui qui était si impatient et impétueux devant les contradictions ne fit entendre aucun murmure, faisant preuve d’une obéissance héroïque. C’est le même évêque qui décorera du camail de chanoine honoraire l’abbé Courdouan en 1874, pour le récompenser après les fêtes de sainte Marie-Madeleine qui, grâce au zèle déployé par le curé furent particulièrement grandioses cette année-là. En 1896 une importante mission paroissiale vint comme couronner son ministère : il devait démissionner en 1899, sentant la charge trop lourde pour ses 85 ans. Il se retira à Pignans, aux pieds de Notre-Dame des Anges où il continua à édifier par sa piété et la régularité de chacun des exercices qui avaient rythmés sa vie jusque-là. Il célébra sa dernière messe le Mardi Saint, reçut l’Extrême-Onction le Vendredi Saint et mourut à Pignans, le jour de Pâques, 27 mars 1910.