Hélie de Salignac (ca 1320-1378)
Hélie de Salignac est issu d’une vieille famille du Périgord : il est le fils de Manfroy, seigneur de Salignac et de Saint-Geniez, et d’Hélis d’Estaing. Le fameux archevêque de Cambrai, François de Salignac de la Mothe-Fénelon (1651-1715) descend en ligne directe de Jean, frère aîné d’Hélie, à la huitième génération. Hélie nait vers 1320. Diacre, il est pourvu de la stalle de capiscol ou préchantre de Fréjus qui ne fut pour lui probablement qu’un bénéfice parmi d’autres, les chanoines ayant été en plus dépossédés du droit d’élire leur évêque. A cette époque la Guyenne qui fournit les papes et les évêques garnit encore les chapitres… Innocent VI le nomme évêque de Sarlat le 10 mai 1359, puis le transfère sur le siège archiépiscopal de Bordeaux le 24 septembre 1361, faisant de lui le huitième successeur sur ce siège de Bertrand de Got (devenu le pape Clément V) qui avait lui-même succédé à un Salignac. Il y fit son entrée le 23 novembre 1362. L’archevêque est un des exécuteurs testamentaires du tout-puissant cardinal de Périgord, Hélie de Talleyrand, doyen du Sacré-collège, mort en janvier 1364. L’année suivante, il tint un concile provincial. Le 9 janvier 1367, Hélie de Salignac procède au baptême de Richard, le futur roi Richard II d’Angleterre, fils du prince de Galles, né trois jours plus tôt au palais archiépiscopal. En 1374, l’archevêque est député par Grégoire XI pour négocier une trêve entre les rois de France et d’Angleterre, Charles V et Edouard III. On sait par ailleurs qu’il marqua son passage par d’importants travaux à la cathédrale. Il mourut à Libourne le 7 mai 1378.
Entre 1362 et 1366 la préchanterie sera convoitée par Henri de Cunhac (alias de Cugnac). D’une ancienne famille de Guyenne qui s’alliera aux Salignac et aux Commarque, fils de Guillaume IV de Cunhac et de Guillemette de Roffilhac, Henri de Cunhac était bachelier ès lois. Ce candidat ne manquait pas de prébendes : il avait été recteur de l’église paroissiale de Saint-Chamassy dont il s’était démis en 1357, il était pourvu du prieuré de Saint-Avit-Sénieur depuis 1355 (il en démissionnera en 1383), et avait obtenu une stalle au chapitre de Cahors par bulle du 21 novembre 1362, sur l’intervention du cardinal de Périgord dont il était chapelain. Même si c’est par permutation qu’il demanda une expectative sur la préchanterie de Fréjus, il se vit éconduire par Urbain V qui le jugeait un peu trop gourmand (on sait par ailleurs qu'il fut détenteur d'expectatives sur Saint-Front de Périgueux, Saint-Omer ou Calais, et son protecteur était peut-être déjà mort : le cardinal de Talleyrand Périgord rendit en effet son âme à Dieu le 17 janvier 1364). Le rigoureux pontife répondit : « dictus Henricus dimittat omnia qui propter distantiam male posset in aliis beneficiis residere » (le dit Henri devra se démettre de tous ses autres bénéfices car il pourra difficilement y résider, étant donné la distance). Ainsi, il ne paraît pas qu’Henri de Cunhac ait finalement obtenu la stalle convoitée de Fréjus.