Saint Ausile, évêque et martyr
Saint Sidoine Apollinaire (430-486), évêque de Clermont, l’évoque sous le nom d’Antiolius dans une lettre adressée à la fin des années 470 à saint Prince, évêque de Soissons (ce Prince était frère de saint Rémi de Reims) : « Ce que je dis, regardez-le comme une fausseté, si mes paroles ne sont pas appuyées du noble témoignage d’un homme distingué, venu du monastère de Lérins, d’un compagnon des Lupus et des Maximus, d’un homme qui aspire à égaler en austérité les archimandrites de Memphis et de Palestine. Je veux parler de l’évêque Antiolius ; c’est de lui que j’ai cherché avec empressement à apprendre, c’est de lui que je me rappelle avoir appris avec joie quel digne père vous avez, quels dignes frères vous êtes vous- mêmes, et quelle pureté de vie vous apportez tous deux dans l’exercice des hautes fonctions de l’épiscopat. Lorsque vous vous trouviez auprès de ce père, sa maison l’emportait de beaucoup sur celle de l’antique pontife Aaron (...) je reconnais sans peine que le pontife dont j’ai déjà parlé, s’il m’a dit de vous de grandes choses, m’en a caché de plus grandes encore. » (Lettres, livre VIII, lettre 14).
Ausile (ou Auxile) fut donc moine à Lérins, sous la houlette du fondateur saint Honorat, où il fut compagnon de saint Loup et de saint Maxime, c’est-à-dire vers 426 (saint Loup, frère de saint Vincent de Lérins, ne passa qu’un an environ au monastère, avant de devenir évêque de Troyes en 426 ; saint Maxime, lui, sera choisi au début de l’année 428 par saint Honorat pour lui succéder comme abbé). Il semble s’y être fait remarquer par une étonnante austérité. La tradition de l’Eglise de Soissons en fait le maître de saint Prince à Lérins comme le suggère la lettre citée, ce qui suppose qu’il y resta encore un certain nombre d’années pour l’accueillir comme aîné, certainement pas avant les années 440.
Devenu évêque de Fréjus, à un âge avancé, Ausile fut donc approché par Sidoine Apollinaire, cet évêque de Clermont qui entrera en résistance devant l’envahisseur arien, le roi Euric (466-484), qui le fera déporter.
A la suite de la conquête de la Provence en 476 par ce prince wisigoth persécuteur de l’Eglise, Ausile, lui, eut à donner le suprême témoignage du martyre, peut-être un 26 janvier, jour auquel fut fixée sa fête liturgique, probablement à partir de 477.
Son corps, transporté à Callas selon la tradition pour le soustraire aux invasions sarrasines, fut retrouvé en 1601 dans la chapelle où il était vénéré. Après une minutieuse enquête, Monseigneur Pierre Camelin en fit la reconnaissance canonique.