Ferdinand Terris (17 mars 1876 - mort le 8 avril 1885)
Blason : écartelé aux 1 et 4 d’or à trois taupes de sable, deux et une (de Terris), au 2 d’azur fretté de 8 pièces d’argent (d’ Anselme de Venasque, famille de sa mère), au 3 d’azur au châtaigner arraché et fruité d’or soutenu d’un croissant d’argent (de Chaternet, famille de son aïeule)
Devise : Nocte ac die. (Act. Ap. XVI 7)
Né à Bonnieux (Vaucluse) le 20 janvier 1824, Joseph Sébastien Ferdinand est le fils de Jean-Baptiste Terris et de Félicité d’Anselme dont les familles s’honorent d’une antique ascendance, irlandaise (O'Terris) du côté paternel et florentine du côté maternel (La mère de notre évêque est une lointaine parente - au 19ème degré - du général des troupes révolutionnaires Jacques d’Anselme (1740-1820) dont l’armée avait poussé Mgr de Bausset-Roquefort sur les routes de l’exil).
L’abbé Terris après des études à Avignon puis au séminaire de Saint-Sulpice à Paris est ordonné prêtre le 29 mai 1847 dans la capitale par Mgr Affre. Revenu alors dans son diocèse, il fut nommé après quelques années d’un vicariat actif, curé-doyen de Cavaillon en 1858 et chanoine honoraire ; réputé pour ses talents oratoires, il prononce le 2 octobre 1863 l’oraison funèbre de son archevêque Mgr Debelay, dont il semble avoir été proche, à la métropole d’Avignon. En 1867, il est nommé curé archiprêtre de Saint-Siffrein de Carpentras.
C’est dans cette ville qu’il est sacré le 29 juin 1876 par l’archevêque d’Avignon Mgr Dubreil, assisté par NN. SS. Meirieu et de Cabrières, après avoir été nommé le 25 mars, préconisé le 7 avril et avoir fait une retraite à Saint-Maximin auprès des reliques de sainte Marie-Madeleine.
Il fait son entrée le 8 juillet 1876 à Fréjus et se consacre désormais tout entier à son diocèse, le visitant jusque dans ses paroisses les plus reculées, consacra plusieurs églises nouvelles (Les Arcs, Collobrières, Saint-Cyr, Rians), fonda une maison pour les prêtres malades à Cannes, y créa deux nouvelles paroisses (Sainte-Marguerite de la Bocca et Notre-Dame des Pins).
En 1877, après sa visite ad limina, Mgr Terris reçut les titres de Prélat de la maison de Sa Sainteté, d’assistant au trône pontifical et de comte romain (bref du 16 mars).
Le 25 février 1878, la cathédrale de Fréjus vit le sacre par le cardinal Guibert, archevêque de Paris, du supérieur du séminaire, le Père Balaïn, élevé sur le siège de Nice, dont Mgr Terris fut le deuxième co-consécrateur.
Le 11 juillet 1879, l’évêque approuva le nouveau propre du diocèse rendu obligatoire par l’ordonnance du 6 janvier 1880. Il travailla encore à la révision du catéchisme, au soutien des séminaires et tint deux synodes le 25 septembre 1880 et le 23 septembre 1882.
Mgr Terris fut un évêque actif et volontaire dont le tempérament pouvait être jugé autoritaire par ceux qui avaient à s’en plaindre ; ainsi en va-t-il du préfet de Nice, le comte Raguet de Brancion, en poste de 1879 à 1882, qui déplore dans une lettre confidentielle du 5 juin 1880 au ministre de l’Intérieur et des Cultes : « L’évêque de Fréjus, esprit très violent, ne perd pas une occasion de prouver son hostilité contre les institutions républicaines et de susciter des conflits avec l’administration. Il serait donc, selon moi, absolument nécessaire de soustraire à son autorité l’arrondissement de Grasse dans lequel ce prélat ne pourra que nous créer des embarras. » Le même, dans sa réponse à l’enquête diligentée en 1882 auprès des Préfets par Paul Bert, ministre de l’Instruction publique, sur le personnel épiscopal, insiste : « Je pense que mon collègue, le Préfet du Var, vous donnera les renseignements que vous désirez sur l'évêque de Fréjus. Depuis trois ans je n'ai eu avec ce prélat que des rapports par correspondance. Ces rapports, tout en étant courtois, m'ont laissé l'impression que Mgr Terris devait être un prêtre ardent et autoritaire, je le crois même susceptible, à un moment donné, de se laisser entraîner par son argumentation au point de perdre la mesure du juste et même de dénaturer la vérité. J'ai entendu parler de Mgr Terris dans le département du Vaucluse où il était curé de Carpentras, il a été nommé évêque peu avant mon arrivée sur les instances de mon prédécesseur, M. Doncieux, et sur la proposition de l'archevêque, Mgr Dubreil, qui ayant eu quelques difficultés avec lui était bien aise de l'éloigner de son diocèse »...
Il est vrai que Mgr Terris eut à essuyer les premières mesures vexatoires d’un Gouvernement de plus en plus hostile : arrêtés d’interdiction des processions, laïcisation des écoles communales, enrôlement des séminaristes, imposition de manuels d’instruction civique tendancieux, etc.
En 1880, on déjoua une première tentative du gouvernement français pour enlever l'enseignement aux religieux. Par lettre du 4 octobre 1880, le ministre des cultes demanda à Mgr Terris de confier le séminaire au clergé diocésain. Le 20 octobre suivant, le préfet du Var signait un «arrêté de dissolution» de la communauté des Oblats du séminaire. Mais ceux-ci répondirent, le 30 octobre, qu'ils faisaient partie du clergé diocésain par indult de sécularisation du pape. Le 1er décembre, le préfet fit alors savoir au supérieur, le Père Rambert que l'application du décret de dissolution était reportée et que les directeurs pouvaient continuer leur tâche. Est-ce à cause de ces menaces qu’on lit dans une lettre du Père Chevalier OMI, en 1882, qu'il y a tension entre le supérieur du Grand séminaire et Mgr Terris qui veut confier «la haute direction» du séminaire à deux chanoines, selon les prescriptions du concile de Trente alors que Mgr Wicart avait exempté les Oblats de cette prescription. Le père Louis Soullier fit alors une visite canonique et on résolut de demander un indult à Rome.
En mars 1882, le peintre lyonnais Louis Janmot qui peint son portrait décèle déjà que "ses traits sont alourdis, vite éteints... On croit surprendre avec peine que jadis son intelligence comme sa parole eurent plus de mordant". En effet, après des années de labeur incessant où il ne cessa de sillonner le diocèse, l’évêque fut atteint d’une attaque de paralysie en 1883, qui l’affligea jusqu’à sa mort prématurée, à Fréjus, le 8 avril 1885 : « Partons pour le ciel ! » furent les derniers mots laissés à son entourage. Ses obsèques furent présidées par l’archevêque d’Aix. Le futur cardinal de Rovérié de Cabrières qui fut l’un de ses co-consécrateurs prononça l’oraison funèbre de sa messe de quarantaine.
Il fut inhumé dans le chœur de sa cathédrale quelques jours plus tard, comme pour Mgr Michel, le temps d’aménager un caveau, du côté de l’évangile. Il avait nommé son neveu Paul Terris (1842-1904) chanoine de Fréjus et vicaire général. Son arrière petit-neveu, Dom Marie-Bernard de Terris, sera bénit abbé de Lérins le 18 janvier 1959.
Inscription funéraire : Hic jacet Josephus Sebastianus Ferdinandus Terris episcop. Forojul. Ac Tolon. Obiit VI idus aprilis an. D. MDCCCLXXXV.