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Giuseppe Zongo Ondedei  (8 juillet 1658 - mort le 24 juillet 1674)

image021Blason : de sinople, à un bœuf d'or

La noble famille Ondedei s’était établie à Pesaro au quatorzième siècle où elle s’était alliée aux Zongo. Giuseppe Zongo Ondedei y naquit le 12 septembre 1597 (on le fait parfois naître en 1603, 1605 voire 1606…), fils de Louis Ondedei et de Marie de Giordani. Envoyé à dix-huit ans à Bologne, il y conquit le doctorat in utroque iure ; il commença alors une brillante carrière ecclésiastique d’où l’on peut déduire ses capacités exceptionnelles : en 1622 il est à Rome et entre au service de Mgr Antonio Albergati, qui l’emploie avec le titre d’auditeur à sa nonciature du Portugal et l’initie à la diplomatie dans un contexte difficile, il y reste sous l’autorité de son successeur le futur cardinal Jean-Baptiste Palotta (1624-1626). Urbain VIII le nomme ensuite Auditeur général de la légation d’Avignon ; de là il fut rappelé à Rome et fait membre du collège des juges capitolins (« collaterale di Campidoglio ») chargés d’assister le sénateur de Rome, et élevé à la dignité de camérier d’honneur de Sa Sainteté. En 1636, il fut envoyé en Allemagne aux côtés du cardinal Marzio Ginetti, légat a latere au congrès de Cologne destiné à promouvoir la paix entre les princes européens. De retour en Italie, il reçut le gouvernement de Castro et Ronciglione, soustraits à l’autorité d’Odoardo Farnese. Le cardinal Jules Mazarin qui avait servi d’intermédiaire entre le duc de Castro et le Saint-Siège, l’avait-il déjà  rencontré personnellement ? Sans aucun doute avait-il entendu parler de ce serviteur habile du Saint-Siège ; il fut assez heureux pour se l’attacher et en priver ainsi le nouveau pape Innocent X, jugé par lui trop « espagnol » ; il en fit tout à la fois son secrétaire, son collaborateur et son ami.

Le nouvel agent du cardinal-ministre arriva en France fin mars 1646 et reçut de lui plusieurs missions diplomatiques d’importance dont les affaires italiennes concernant la cour de France. Le 1er janvier 1649 il reçoit en commende l’abbaye de Blanchelande, au diocèse de Coutances, qu’il devra résigner en août 1651. Cette année, en effet, il partage la disgrâce momentanée de Mazarin réfugié auprès de l’archevêque-électeur de Cologne : celui que la correspondance codée entre la reine et son ministre nommait « l’Enfant »  servit secrètement et à grands risques d’intermédiaire entre Paris et Brühl ainsi qu’en 1652 entre les Ardennes et la capitale. Avec une grande fidélité il apporta sa part à la consolidation du pouvoir de son protecteur, puisqu’en pleine Fronde il négociait le mariage de la nièce de Mazarin, Laure-Victoire Mancini, avec Louis II de Vendôme, duc de Mercœur, petit-fils d’Henri IV. De même, il arrangera en 1654 l’union des autres « Mazarinettes » : Anne-Marie Martinozzi avec le prince Armand de Bourbon-Conti, qui avait été l’un des meneurs de la Fronde et, plus tard, en 1656, de Laure Martinozzi avec le duc de Modène.

Ce confident du cardinal qui, contrairement à son mentor avait reçu les ordres et menait une vie austère, mérita sa nomination au siège de Fréjus le 14 octobre 1654 (elle illustre l’évolution très sensible après 1630 des désignations épiscopales qui échappent aux réseaux locaux au profit de candidatures liées au gouvernement du royaume). Il écrivait à sa famille : « Fréjus est un bon diocèse, situé sur les frontières de l’Italie et voilà pourquoi je l’ai accepté, afin d’être plus près de Pesaro. On me l’a offert également parce qu’il fallait quelqu’un sur qui l’on pût compter. Le siège de ce diocèse s’appelle Fréjus. Ouvrez une carte de Provence, vous le trouverez situé non loin de la mer, car c’est un lieu connu. En France, c’est un grand honneur que d’être évêque ; il appartient au premier des trois corps qui constituent le royaume, à savoir : le clergé, la noblesse et le tiers état. »

Son dévouement à Mazarin ne favorisait pas les jugements impartiaux : on sait comment le cardinal de Retz le comparait à un « capitan de comédie » ; à l’annonce de son élévation à l’épiscopat un chanoine de Paris décocha ces vers dont on goûtera le jeu de mot final :

« Nunc commissa lupo pastoris ovilia cernis,
Dedecus unde hominum, dedecus unde Dei. »
(Maintenant tu vois le bercail du berger confié au loup,
déshonneur pour les hommes, déshonneur pour Dieu).image023

Ondedei hésita encore un an, assistant comme « évêque nommé » à l’assemblée générale du clergé de 1656, il se décida finalement à demander ses bulles, ce qu’Alexandre VII ne lui accorda que le 8 juillet 1658. Le 13 octobre de cette année, il fit serment de fidélité au roi « dans sa chapelle du Petit-Bourbon, devant son Louvre, à Paris », le 17 octobre, il nomma son vicaire général en la personne de Claude de Castellane, prévôt de sa cathédrale et le 19 désigna les procureurs qui allaient prendre possession du siège en son nom.
Il fut sacré le 20 octobre 1658 dans l’église Saint-Germain-des-Prés à Paris des mains de Ferdinand de Neufville, évêque de Chartres, assisté des évêques de Poitiers et de Saint-Papoul. Il fit son entrée solennelle dans sa ville de Fréjus le 2 février 1659 à l’heure des Vêpres. Sa réception fut somptueuse et pendant trois jours de fêtes on dépensa 600 livres comme le rapportent les archives de Fréjus : « Prix fait de la dite entrée et bois employé en icelle, 20 livres. Honoraires de N. de la Signe et de N. Sièges, peintres, pour la peinture et toile employée pour la mise en entrée : 90 livres. Flambeaux et cierges : 85 livres. Douze chapons : 20 livres 18 sols. Huit paires de perdrix : 16 livres. Six bécasses : 7 livres 4 sols. Douze lapins : 8 livres 4 sols. Vingt-sept livres de poissons, y compris celui envoyé au Muy : 5 livres 17 sols. Six bouteilles double de vin : 2 livres 16 sols. Cinq charges de vin et quatre charges et demi en bouteilles journellement du jour de l’entrée dudit Seigneur à son départ pour Fayence, à 2 écus la charge : 57 livres. Une biche, collation, confitures et flambeaux : 29 livres, 10 sols. Dix charges d’avoine pour les chevaux : 60 livres 10 sols. Quatre tambours et un fluet durant deux ou trois jours : 9 livres. Sergents de la compagnie dressés pour recevoir le prélat : 10 livres. Réparation au chemin des Calades : 1 livre. Nettoyage des canons et des boîtes : 2 livres. Confection de trente pavillons : 8 livres. Douze mains de papiers : 1 livre 4 sols. Transport de canons à la place du Patil : 1 livre. Balustrade à la porte de la ville et à celle de l’évêché : 5 livres 4 sols. Quatre-vingt livres de poudre : 33 livres. »
L’évêque n’en commença pas moins la visite de son diocèse sur le champ : du 20 février au 11 mai il parcourut toutes les paroisses de son diocèse sauf deux. Mais déjà Mazarin le rappelait pour le seconder dans les négociations du traité des Pyrénées aux frontières de la France. Il était là toutefois pour accueillir la cour à Aix le 3 février 1660 et recevoir le roi et sa mère venus en pèlerinage à Cotignac le 21 février, où il célébra la messe d’action de grâces et communia Anne d’Autriche. Ondedei reçut du roi pour les déposer aux pieds de la Vierge Marie le cordon bleu qu’il portait depuis sa naissance et la bague qu’il avait au doigt. Urne Ste Marie MadeleineLe prélat accompagna ensuite à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin le souverain qui présida à la translation des reliques de sainte Marie-Madeleine dans une urne de porphyre envoyée de Rome par le général des Frères Prêcheurs, Nicolas Ridolfi (à cette occasion l’arrière grand-oncle de Mgr de Richery, Jean et son épouse Marguerite de Glandevez de Montblanc offrent l’hospitalité au prince Armand de Conti qui porte sur les fonts baptismaux leur fils Armand), tous poursuivirent ensuite par Aix jusqu’à Avignon. On voit en 1661 notre évêque participer comme député à l’assemblée générale du clergé à Paris, d’où il signe une ordonnance confiant aux Oratoriens la nouvelle chapelle de Cotignac dédiée à saint Joseph qui venait d’y apparaître (7 juin 1660), « ne pouvant mieux confier l’administration de la chapelle de l’époux, qu’à ceux qui s’acquittent si bien de celle de l’épouse. ». Il est encore dans la capitale à la mort de Mazarin le 9 mars 1661 dont il est un des exécuteurs testamentaires.
Cette disparition lui permit, cette fois, de se donner entièrement à son diocèse (il aurait alors été pressenti pour le siègezongo d’Evreux rendu vacant par la mort de Mgr Boutault deux jours après celle du cardinal, nomination restée sans suite) dans lequel il observa une résidence régulière, hormis un ou deux séjours à Paris pour les assemblées du clergé et deux voyages en Italie pour les visites ad limina en 1668 et 1671. Il imposa d’ailleurs la résidence à son clergé et le réforma avec fermeté, il apaisa les querelles des chanoines en fixant des amendes (notamment à Draguignan où le doyen s’était fait insulter et chahuter en pleine église par les autres chanoines pour s’être fait ériger une stalle plus haute que les autres en conformité avec l’arbitrage rendu par l’évêque de Senez en 1651). Il s’employa à faire respecter le repos hebdomadaire, incita à la décence du culte et développa la dévotion au Saint-Sacrement, défendit de ne rien percevoir pour les funérailles des pauvres, donna 1500 livres au Pères de la Merci en 1666 pour le rachat de trois marins détenus au bagne de Tunis. Il fit construire en 1670 une maison à l’ermite du cap Roux, Laurent Bonhomme. A l’occasion d’une donation, il jeta les bases du séminaire que le temps ne lui permit pas de mener à terme. Dans son œuvre de restauration religieuse et morale, il s’appuya sur les Jésuites et fit tout ce qui était en son pouvoir pour obtenir leur maintien à Fréjus. Il vivait dans une grande simplicité malgré une fortune personnelle considérable et sut s’attirer les bonnes grâces de tous par ses bonnes œuvres. Il combla de ses largesses plusieurs églises de son diocèse et en particulier sa cathédrale qu’il enrichit encore du corps de saint Félix, rapporté de Rome en 1671 ; l’éclat de la fête organisée en son honneur « fut si brillant, dit Girardin, que le dernier huguenot qui était encore à Fréjus se convertit » !
Il nomma chanoine de sa cathédrale son neveu Louis Ondedei et en fit ensuite le prévôt du chapitre d’Aups ; il aurait voulu en faire son coadjuteur mais une attaque de paralysie qui le foudroya le 23 juillet 1674 ne lui en laissa pas le temps et le conduisit en quelques heures à la mort, qui eut lieu à Fréjus le 24 juillet 1674.
Il fut inhumé dans le caveau qu’il s’était préparé devant le maître-autel de sa cathédrale. « Le dit Seigneur testateur veut et ordonne d’estre ensevelli, s’il est possible, sans aucune pompe dans la sépulture qu’il a fait construire au devant le mettre (sic) autel de sa cathédrale et que son corps soit porté de nuit à l’église où il sera exposé durant le temps qu’on jugera à propos. » (testament du 23 juillet 1674).

Inscription funéraire : Hic jacet Josephus Zongo Ondedei episcopus Foroiuliensis. Obiit (illisible : IX Kalendas augusti an. D. MDCLXXIV).

Plaque de fondation, dans la chapelle Saint-François-de-Paule de la cathédrale de Fréjus :


Ioseph Zongus Ondedei episcopus
elemosina prestita pro
sacrificio qualibet prima die
in hebdomada offerendo
hic pro eius anima
Deum precari voluit