Pierre du Pin (1348)
Blaosn : d’azur au pin fusté au naturel sur une motte de sinople
Pierre du Pin était originaire de Cahors et appartenait par là au cercle quercynois constitué par Jean XXII pour alimenter la curie avignonnaise. A sa famille se rattachent sans doute un Géraud du Pin qui reçoit en 1346 la vicairie perpétuelle de Saint-Jacques-de-Cahors, un autre clerc de la ville, Barthéléméy du Pin, auquel est conféré un bénéfice dans le diocèse de Narbonne, un laïc, Hugues du Pin, qui reçoit une indulgence in articulo mortis en 1352, un Jean du Pin, bénédictin de l’abbaye d’Eysses (qu’il mandate le 7 février 1349 avec d’autres compatriotes auprès de la chambre apostolique), etc.
Pierre est qualifié de « jurisperitus Caturcensis » dans sa nomination comme gouverneur intérimaire du Patrimoine de Saint-Pierre en Italie, après la mort du recteur, lui aussi originaire du diocèse de Cahors, l’évêque de Viterbe Bernard Dulac, le 14 juillet 1347, et en attendant la nomination de son successeur, un neveu de Clément VI, le 1er novembre suivant. Le 3 août, le pape envoie aux évêques, barons et fidèles du dit Patrimoine de Saint-Pierre une lettre dans laquelle il lui confère le rectorat provisoire et leur demande de lui obéir en tout. Pour reprendre la main sur une situation italienne passablement dégradée, Clément V et ses successeurs avaient dépêché dans un premier temps des cardinaux sur les lieux munis du titre de légats. Après l’assassinat d’André, époux de la reine Jeanne, Clément VI donna le 30 mars 1346 au légat Bertrand de Déaulx le titre de Vicaire Général au temporel sur les régions et cités directement soumises à l’Eglise romaine, multipliant les instructions à cette espèce de vice-roi qui avait tout pouvoir pour révoquer, punir, créer et constituer les officiers nécessaires au rétablissement de l’ordre temporel. C’est donc dans ce contexte que Pierre du Pin fut nommé vice-recteur du Patrimoine de Saint-Pierre en Tuscie, région clé autour de Viterbe, comprenant les villes d’Orte, Corneto, Orvieto, Acquapendente. La région était jusque-là gérée par un recteur, clerc ou laïc, revêtu de la postestas plenaria (pouvoir de juridiction, d’administration patrimoniale, de commandement militaire, de surveillance, etc.) et qui représentait pleinement l’autorité du pontife qui le nommait directement ; sa curie était composée tout au plus de quatre juges (un pour les affaires civiles, un autre pour les criminelles, le troisième pour les appels et le dernier pour les causes ecclésiastiques), d’un trésorier souvent flanqué d’un vice-trésorier, d’un capitaine général et de son vicaire, d’un notaire général assisté de notaires, d’un avocat du fisc et d’un exécuteur caméral, d’un maréchal et d’autres officiers mineurs. Il était assisté d’un vice-recteur ou vicaire qui le suppléait en cas de vacance, d’absence ou d’empêchement. Une autre lettre de Clément VI, adressée à Pierre du Pin et datée du 20 septembre, le met en devoir de ne rien laisser envahir des terres de la province qui lui est confiée, d’apporter un prompt remède au mal et de bien tenir les places fortes, au lendemain de la prise de pouvoir par Cola di Rienzo à Rome. Au terme de sa mission, la bulle qui lui demande de tout remettre entre les mains de Guichard de Comborn précise encore que Pierre est clerc du diocèse de Cahors.
Mais le pape n’entend pas se priver de ses services en Italie puisqu’il l’envoie comme trésorier pontifical dans la Marche d’Ancône le 12 juin 1348. A l’automne de la même année, qui est aussi celle de la grande peste qui s’abattit sur l’Europe, il le nomme à l’évêché de Fréjus pour remplacer Pierre Alamanni, mais revient presqu’aussitôt sur sa décision pour le laisser en Italie et le placer sur le siège de Viterbe le 10 décembre 1348. Cet évêché stratégique venait en effet à vaquer pour la seconde fois dans une ville depuis dix ans aux mains du redoutable préfet de Rome et gibelin notoire, Giovanni di Vico. Dans un contexte d’insécurité permanente, on comprend pourquoi l’évêque de Viterbe-Tuscania dut retarder son sacre, obtenir un délai le 29 mars 1349 et faire encore prolonger cet indult jusqu’à la Pentecôte 1350. Finalement, il fut de nouveau transféré à Bénévent dont il devint l’archevêque le 18 novembre 1350 (son prédécesseur sur ce siège, qui porte curieusement le même nom que lui, et son successeur sont tous deux limousins...) et où il aura encore à travailler à la pacification de la région : il y est investi des fonctions administratives de recteur mais aussi de nonce auprès du royaume de Sicile. Il reçoit le pallium pendant qu’il exerce ses fonctions de nonce à Naples, et meurt à Bénévent le 12 septembre 1360.