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Nicolas-Léonard Riccardi (1803-1889)

Nicolas-Léonard Riccardi nait le 24 février 1803 à Marseille, fils de Dominique-Laurent Riccardi et de Pauline Littardi. Après son ordination sacerdotale, reçue le 30 juillet 1826, l’abbé Riccardi fut quelques années professeur d'Histoire et d'Ecriture Sainte au grand séminaire de Fréjus avant que ne lui soit confiée la chaire de dogme en 1827. Mgr Michel le choisit ensuite comme vicaire général en 1835. C’est cette même année qu’il reçut la dignité de chanoine honoraire puis titulaire de la cathédrale. Une étude constante lui avait assuré une science des plus étendues servie par une mémoire prodigieuse. En 1836, il publia sous le pseudonyme de Théodore-Vincent Thomas une édition du Commonitorium de saint Vincent de Lérins qu’il dédia à Mgr Michel. Cet homme remarquable fut bientôt suspecté de prendre trop d’empire sur l’évêque qui se reposait sur lui pour ce qui touchait à l’administration du diocèse, ce qui lui valut une dénonciation anonyme dans un journal de la région. A la mort de Mgr Michel, c’est lui qui fut pourtant élu vicaire capitulaire et rédigea, avec la maîtrise parfaite du latin qui était la sienne, la longue épitaphe qu’on lit encore à la cathédrale sur une grande dalle de marbre. N’ignorant pas les mécontentements qui s’étaient élevés à son égard, le chanoine Riccardi se fit extrêmement discret : il quitta Fréjus à l’arrivée de Mgr Wicart pour ne garder que le titre de chanoine honoraire et entra au service de la marine en 1849. Même si l’aumônerie n’y reçut une existence légale qu’à la suite du coup d’Etat du 2 décembre 1851, les aumôniers avaient déjà trouvé place auprès des troupes, notamment celles qui partaient en opérations extérieures. Le chanoine Riccardi embarqua d’abord sur la Poursuivante, grande frégate à voiles en direction du Pacifique. Sa connaissance de l’espagnol fut précieuse à l’amiral Legoarant de Tromelin dans les pays d’Amérique latine. Au retour, il demanda pour lui la croix de chevalier de la Légion d’honneur qui lui fut accordée le 14 août 1852. Quelques temps après, le chanoine Riccardi partait à bord du Bayard, vaisseau de l’escadre de la Méditerranée. De nouveau sur les mers du sud, il participa à la malheureuse attaque de Petropavlovsk en août 1854, lors de la guerre de Crimée. En 1859 ou 1860, il embarquait de nouveau pour l’Indochine, cette fois, et au retour fut décoré du grade d’officier de la Légion d’honneur (10 août 1861), en même temps qu’il recevait du gouvernement espagnol la croix d’officier de l’Ordre de saint Ferdinand, pour les services rendus auprès de troupes espagnoles venues de Manille. Il fit encore deux autres campagnes autour du monde, dont une sur la Belliqueuse et une de trois ans à Rio de Janeiro et La Plata. Après cette période qu’il avait rigoureusement consacrée à son ministère d’aumônier où il ne connaissait que son bord et ses marins, sonna l’âge de la retraite. Le chanoine voulut encore servir et assura l’aumônerie du couvent des carmélites de Toulon auprès desquelles il se retira. Menant avec une modestie extrême une vie austère et quasi monacale, il ne sortait jamais du couvent, se levait chaque matin à 4h et réglait sa journée avec une exactitude qu’on n’aurait jamais pu prendre en défaut. Il restait avenant avec les prêtres au milieu desquels il voulait se considérer comme le plus petit. Les infirmités de l’âge et l’inaction qu’elles engendrent le conduisirent à un abandon toujours plus complet. Il reçut un auxiliaire en la personne de l’abbé de Beauregard tandis que sa belle intelligence se fermait à la lumière d’ici-bas pour se préparer à s’ouvrir à une lumière incomparablement meilleure. Le très digne et vénérable chanoine mourut le 9 octobre 1889, laissant une quantité de manuscrits dont la relation de ses voyages et une traduction de l’ouvrage du théologien espagnol Luis de León (1528-1591) intitulé De los nombres de Cristo, qui malheureusement disparurent tous dans les flammes...