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Auguste Joseph Gaudel (24 septembre 1941 - retiré le 30 juin 1960)


image029Blason : tranché, au 1 d’or à une croix patriarcale de gueules, au 2 d’azur à une branche d’olivier de sinople
Devise : Pacem et veritatem diligite.

Il est né à Gerbéviller (diocèse de Nancy) le 21 mai 1880, d’un père artisan tonnelier, dans une famille qui lui donna les vertus humaines et chrétiennes fortes sur lesquelles il s’appuya toute sa vie. Au soir de sa première communion, il demande à son père de le conduire chez le curé du village pour lui exprimer son désir d’entrer au séminaire. Auguste fait donc ses études au petit séminaire de Pont-à-Mousson puis au grand séminaire de Nancy où se nouèrent de solides amitiés avec d’autres condisciples comme l’historien et futur directeur du Dictionnaire de Théologie Catholique, Emile Amann ou le futur doyen du Sacré Collège, Eugène Tisserant. Il y eut pour maîtres le futur évêque de Strasbourg, Charles Ruch ou le directeur du Dictionnaire de Théologie Catholique, Eugène Mangenot.
Il fut ordonné prêtre le 5 juillet 1903.
Il est envoyé ensuite à l'Institut Catholique de Paris où il reste de 1903 à 1906, sous la houlette de professeurs aussi éminents que Monsieur Alfred Baudrillart ou le père Jules Lebreton. Là, l’étudiant brillant et plein d’intérêt pour le débat d’idées fut un instant désemparé devant l’ampleur de la crise moderniste (il refusa toujours de s’inscrire au cours d’exégèse biblique que donnait Alfred Loisy désormais à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes), devant les dangers de l’érudition libérale allemande mais aussi face aux ravages opérés chez un certain nombre de prêtres dont les défections le blessèrent cruellement. Il travaille alors sur la théorie du Logos chez saint Athanase.
A l’automne 1906, il est distingué pour suivre à Munich le cours de philologie et d’histoire du dogme. Mais déjà de graves problèmes ophtalmiques, qui lui donnèrent des maux de têtes effroyables jusqu’à sa mort, le ramenèrent à un ministère paroissial.
Vicaire à Saint Nicolas de Nancy de 1908 à 1913, il se rapprocha de son village natal en devenant curé de Magnières, en Meurthe et Moselle, de 1913 à 1920. Il eût à souffrir les horreurs de la guerre : à Gerbéviller, le curé et plusieurs vieillards dont son père sont emmenés en otage et retenus prisonniers pendant quatre ans, et partout les exécutions et les destructions se multiplient. A Magnières dont le maire est déporté, l’abbé Gaudel, que ses problèmes de santé avait préservé de la conscription, est sur tous les fronts, il sauve la vie à dix-neuf otages qui allaient être fusillés en offrant sa vie à leur place, condamné à mort et providentiellement épargné, blessé, il y mérite une citation à l’ordre de la nation (publication du Journal Officiel le 8 avril 1922) et fait fonction de maire. Finalement mobilisé en 1915, il termine la guerre comme brancardier.
La paix revenue, le corps professoral de la faculté de théologie à l’Université de Strasbourg est à reconstruire : sans jamais abandonner l’activité pastorale, Auguste Gaudel s’y voit nommé maître de conférences en 1920, puis professeur de dogme en 1927.
Son enseignement s’accompagne encore de publications : "Le mystère de l'Homme-Dieu" (1939), il collabore au Dictionnaire de Théologie Catholique (articles Immanence, Kénose, Limbes, Messe, Sacrifice, Péché originel, Stercoranisme) créé en 1897 par l'abbé Alfred Vacant professeur et bibliothécaire au séminaire de Nancy, au Bulletin Thomiste et à la Revue des Sciences Religieuses
En 1939, l'Université de Strasbourg se replie à Clermont-Ferrand : là, il enseigne mais doit encore prendre la responsabilité du image030séminaire universitaire où il fait fonction tout à la fois de supérieur, d’économe et de professeur. C’est alors qu’il accompagne ses séminaristes alsaciens en colonie dans le Vercors, qu’il reçoit le 11 septembre 1941 la lettre de la nonciature lui annonçant sa nomination d’évêque de Fréjus et Toulon. C'est sur l'insistance de Mgr Ruch qu'il avait accepté son élévation à l'épiscopat, qu'il avait refusée jusque-là, notamment en 1938 quand il avait été question de lui pour le siège Metz. Mais il ne quitte pas Saint-Laurent-en-Royans avant la fin programmée du séjour et, de retour à Clermont-Ferrand, s’occupe des détails pratiques de la rentrée. C’est le 20 septembre que la radio apprend aux Varois le nom de leur nouveau pasteur, ses bulles de nomination porteront la date du 24 septembre 1941.
Monseigneur Pierre Chaix, chanoine de Fréjus, analyse en quelques mots l’impression d’une première visite, le 14 octobre, de l’évêque élu : « Tout en restant fidèle à l’Eglise de Fréjus et à son siège, il entend donner à l’Eglise de Toulon tout ce qu’il pourra donner de son zèle et de son activité apostolique »... Quelle impression donna à cet homme habitué aux rumeurs de la métropole alsacienne la vieille cité provençale assoupie en ce matin d’automne ? L’idée d’un transfert du siège épiscopal à Toulon déjà évoquée au temps de Mgr Wicart semblait de nouveau d’actualité.
Le 16 novembre 1941, Mgr Sivan, vicaire capitulaire, prenait possession du siège au nom du nouvel évêque devant le chapitre réuni à la sacristie de la cathédrale. Et c’est le jour où Fréjus fêtait saint Léonce, le 1er décembre, qu’eût lieu le sacre de Mgr Gaudel dans la cathédrale de Clermont-Ferrand par Mgr Piguet, assisté de NN. SS. Heintz et Fleury, sous la présidence du cardinal Gerlier.
Le 16 décembre, Mgr Gaudel faisait son entrée solennelle dans sa ville épiscopale ; devant l’église Saint-François-de-Paule, le maire, Monsieur Joly, laisse percer une inquiétude dans sa harangue de bienvenue: « Vous devenez l’hôte permanent de notre vieille cité latine et médiévale (...) mieux que tout autre cité plus moderne, plus vaste ou plus trépidante, Fréjus vous offre ce calme, cette quiétude qui faciliteront votre bienfaisante activité... ». Quelques instants plus tard il recevait l’obédience de ses prêtres à la cathédrale. Deux jours plus tard, il fit de même à la co-cathédrale de Toulon.
Le nouvel évêque affrontera la pénurie du clergé diocésain et ses difficultés matérielles aggravées par la guerre. Lui-même, il assura un temps l’enseignement du dogme aux séminaristes de la Castille, ce qui lui vaudra une lettre autographe de félicitations de Pie XII et travailla à la constitution d’un corps professoral plus solide, il établit des aumôniers diocésains et des aumôniers pour l’enseignement public, travailla à développer les mouvements d’Action Catholique et les « Œuvres », ne craignant pas d’introduire des laïcs dans leurs conseils. image031Mais il est une décision difficile qu’il voulut prendre à son compte pour en « libérer ses successeurs », selon ses mots, et qui marquera son ministère : c’est le transfert du siège épiscopal à Toulon, centre démographique du diocèse. Pour cela il mit à profit l’occasion à saisir d’une dernière offre de dommage de guerre. Il obtint du Saint-Père le 28 avril 1957 le changement de nom du diocèse qui, de « Fréjus et Toulon » devenait « Fréjus-Toulon ». Le 12 janvier 1958, à Toulon, l’archevêque Mgr de Provenchères sanctionnait le transfert du siège épiscopal en exécution de la bulle Qui Arcana Dei.
Monseigneur Gaudel avait voulu attendre le nouvel ordre des choses avant de demander un coadjuteur, car sa santé l’incommodait de plus en plus, il sentait s’affaiblir sa mémoire et sa vue sans que sa vivacité intellectuelle en soit jamais affectée, il souhaitait donc accompagner son successeur deux années avant de lui céder la place lorsqu’il atteindrait ses 80 ans. C’est ainsi que Mgr Henri Mazerat, fut nommé le 1er septembre 1958 et sacré le 25 novembre suivant.
A contre-cœur l’enseignant et le formateur de prêtres que fut Mgr Gaudel dut se résoudre à fermer en 1959 le séminaire de la Castille qui, depuis le début du siècle, n’avait jamais accueilli beaucoup de séminaristes. L’évêque l’annonce à ses diocésains par une lettre publiée le 1er août 19CHARLES DG59 en justifiant la mesure par le trop petit nombre de candidats, qui seront répartis entre les séminaires d’Aix et de Marseille, mais l’évêque a soin de préciser que le séminaire de la Castille reste pour eux leur port d’attache en attendant les jours meilleurs qui permettront sa réouverture ; il faudra attendre vingt-quatre ans pour que cet acte de foi porte ses fruits.
Le 30 juin 1960, Mgr Gaudel se retira du gouvernement de l’Eglise de Fréjus-Toulon, avec le titre d’évêque de Nisiro et obtint par une lettre du pape Jean XXIII datée du 22 juillet, de continuer à résider dans le diocèse.
Il passa ses dernières années à quelques kilomètres de Toulon, entouré de l’attention affectueuse de Mgr Mazerat puis de Mgr Barthe ainsi que de l’assistance fidèle de son ancien secrétaire et vicaire général, Mgr Brand. Les lourdes chaleurs de l’été 1969 l’affectèrent, il mourut à Toulon le soir du 8 août 1969, emporté comme son père en quelques heures d’une congestion pulmonaire. Le premier évêque depuis deux cents dix ans, il fut inhumé dans la cathédrale de Toulon le 10 août.
Mgr Gaudel était assistant au trône pontifical depuis le 20 juin 1953 (à l'occasion de son jubilé sacerdotal), chevalier de la Légion d’honneur et officier des palmes académiques. Il était également chanoine honoraire de Gap (1955).

Inscription funéraire :
A la mémoire
de
Mgr Auguste Gaudel
né à Gerbéviller (diocèse de Nancy)
le 21 mai 1880
professeur de théologie
à l’université de Strasbourg
évêque de Fréjus-Toulon
(1941-1960)
assistant au trône pontifical
transféra le siège épiscopal du diocèse
à Toulon
le 12 janvier 1958
rappelé à Dieu le 8 août 1969
enseveli dans cette chapelle
*
Son esprit conciliant et sa fidélité doctrinale
justifièrent la devise de son épiscopat :
« Pacem et veritatem diligite. »
(Zach VIII 19)